C H R O N I Q U E

Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’opportunité de chroniquer la dernière sortie d’un groupe existant depuis près de vingt-cinq ans. Je profite donc de la sortie du Last Patrol des Monster Magnet pour me faire la main sur l’exercice périlleux de commenter sans rabâcher les vieux clichés. Pour ma chance, le groupe a produit un très bon album entre blues et stoner rock bien ancré dans son temps où seule la pochette semble venir d’un autre d’âge. Que cela soit par sagesse ou par désir de ne pas vouloir faire de concession à l’industrie du disque, ce nouvel album se démarque par son absence de hit accrocheur. Ceci lui permet de mieux exposer sa cohérence et son homogénéité.

Simple et fluide

Cette homogénéité n’est toutefois pas source d’ennui ou de lassitude. Bien au contraire, dans Last Patrol, Monster Magnet propose un savant dosage de diverses influences et divers univers qui rendent l’album aussi surprenant que plaisant à l’écoute. Seul membre d’origine encore présent, le charismatique leader et chanteur du groupe, Dave Wyndorf, peut être fier du résultat obtenu. Sa voix porte à merveille plusieurs titres. Et même si on ressent une certaine patine du temps dans les titres plus intimistes (I Live Behind The Clouds et Stay Tuned), celle-ci apporte une fragilité maitrisée à l'ensemble. Toutefois, s’il affiche une part de sensibilité, ce Last Patrol reste un album de hard-rock stoner. Influencés autant par le rock psyché des années 70 que par le blues, les titres s’enchainent parfaitement sans créer de vide ou de surcharge chez l’auditeur. C’est fluide et facile à l’écoute.

I Live Behind the Cloud brille par sa simplicité. Entre une intro et une conclusion supportées par une simple guitare rythmique et par la voix de Wyndorf, le titre prend en son milieu un teinte très seventies typée Joe Cocker. Last Patrol est un morceau stoner en plein. La rythmique plutôt lente et répétitive est décorée par le chant de Wyndorf et les riffs de guitare de Garrett Sweeny. La seconde partie du titre, plus psyché, est soutenue parfaitement par le travail à la basse de Chris Kosnick et la guitare rythmique de Phil Caivano. Three Kingfischers est délicieusement rétro. D'ailleurs, c’est une reprise d’un titre de Donovan datant de 1966. Comme l’orginial, cette reprise va chercher ses sources dans la musique indienne. Mais elle y apporte le blues et les riffs de guitare planants en plus. Harmonieux et surprenant. Paradise est très blues également. Les instruments se font plus discrets, laissant plus de place à la mélodie. Hallelujah sent l’Amérique. Une sorte de Far West où les guitares remplaceraient les colts pour mieux permettre de taper du pied et de balancer la tête. Avec Mindless Ones, retour au rock seventies et au stoner. C’est plus volumineux et pourtant cela reste très digeste. J’ai un petit faible pour The Duke (Of Supernature), où l’on peut ressentir au mieux les influences blues de Monster Magnet. Le titre est aussi jouissif que groove. End Of Time démarre sous une rythmique beaucoup plus rapide, laissant sur le côté les influences observées auparavant. C’est une chevauchée rythmée par la batterie de Bob Pantella. Ce morceau ne vous laissera pas de répit. Même lorsque, après cinq minutes et demie, son rythme ralentit, l’espace laissé libre est pris par tous les instruments dans une sorte de combat phonique organisé. Le disque se termine avec le plus planant Stay Tuned. Retour à la simplicité blues initiale (guitare sèche et chant) agrémentée de quelques riffs et sonorités atmosphériques.

Donc je dis bravo à Monster Magnet pour cet excellent Last Patrol. Son écoute à répétition ravira aussi bien les vieux nostalgiques que les nouveaux amateurs de metal. Une performance qui mérite bien un coup de chapeau, à défaut d’un coup de cœur.

Tracklist de Last Patrol :

01. I Live Behind The Clouds
02. Last Patrol
03. Three Kingfishers
04. Paradise
05. Hallelujah
06. Mindless Ones
07. The Duke (Of Supernature)
08. End Of Time
09. Stay Tuned
10. Strobe Light Beatdown (bonus track sur la version de Deluxe, non chroniqué)
11. One Dead Moon (bonus track sur la version de Deluxe, non chroniqué)

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