C H R O N I Q U E

Le plus célèbres des groupes Portugais (ils ne sont pas non plus nombreux) revient après presque quatre ans d'attente pour nous proposer non pas un mais deux albums (pour l'édition limitée). Groupe très estimé de la scène metal, Moonspell a souvent proposé de la qualité, avec des opus toujours différents les uns des autres. Tantot black, gothique, violent ou atmosphérique, le groupe navigue au milieu de tous ces styles et arrive toujours à surprendre l'auditeur. Possédant l'édition limitée avec Alpha Noir et donc Omega White, la chronique portera sur les deux albums.

L'album principal, Alpha Noir (Omega White étant considéré comme un album bonus) débute par un Axis Mundi dévastateur. Intro lugubre et chuchotement avant de voir débouler un mur de guitares avec ce riff surpuissant et la voix d'outre tombe de Fernando Ribeiro. Le titre possède une belle ampleur, et se termine par Fernando en chant clair, tout en subtilité et magnifié par des guitares typées heavy et très mélodiques (un des rares passages en chant clair de l'album avec Grandstand). Ca commence fort !

S'en suit une succession de titres d'une extrême densité pour au final obtenir un album certes court (environ quarante minutes) mais très compact et massif. Les titres sont directs, sans fioritures, aux ambiances gothiques prononcées. En témoigne Lickanthrope et son clavier subtil ou encore Grandstand qui aurait pu figurer sur Night Eternal. Si l'ensemble demeure difficile à appréhender tant la musique est écrasante, les mélodies et les refrains n'ont pas été laissés au placard. Versus en est un bel exemple, avec un gimmick à la guitare entêtant et un refrain puissant lancé par Fernando. Derrière, les fûts ça martèle sévère également, pour une fin apocalyptique extraordinaire... La basse n'est pas en reste, avec cette bonne intro sur le seul titre en portugais Em Nome Do Medo, autre excellent tire au solo de gratte envoûtant. C'est d'ailleurs une des qualités de cet opus, la mise en avant des guitares, avec un style très heavy emprunté aux eighties. Tout cela avec un son écrasant qui donne une puissance énorme à l'album.

S'il y a un reproche à faire à Alpha Noir c'est peut-être justement son côté trop dense, qui pourrait en rebuter certains. Il aurait été de bon ton de le doter de quelques choeurs supplémentaires ( ils apparaissent seulement à la fin de Em Nome Do Medo et c'est une réussite, donnant une touche solennelle au titre) ainsi que de certaines orchestrations à la manière d'un Septicflesh par exemple.

Après un tel déluge, l'album se termine en douceur avec l'instrumental Sine Missione, à la fois lugubre, inquiétant et reposant. Une fin qui permet de faire la transition idéalement avec Omega White... qui est l'opposé de Alpha Noir. A quoi ressemble Omega White ? A du Moonspell version calme, tout en chant clair comme le groupe a pu le faire sur Sin Pecado ou The Antidote il y a quelques années. Le groupe a déclaré vouloir s'inspirer voire rendre hommage à Type O Negative et aux Sisters Of Mercy.

La voix de Fernando se fait suave et chaude, White Omega fait instantanément penser à l’excellente Scorpion Flower sur Night Eternal, alors qu’une voix féminine vient jouer les chœurs sur White Skies, Incantatrix et Herodisiac, dont le refrain (le meilleur de cet album) fait penser à du Therion. Quelques touches de violoncelles ici et là viennent agrémenter cette bien jolie offrande que nous offre le groupe, notamment sur le titre de clôture A Greater Darkness. Seul Sacrificial propose (à peine) un chant plus hargneux le temps d’un petit couplet, mais pour le reste on est de bout en bout transporté par la magie que dégage Omega White. Un album plus calme, gothique, aérien et atmosphérique mais tout aussi envoûtant, si ce n'est plus.

Au final Moonspell aura fait un travail remarquable pour proposer deux albums totalement opposés, de quoi plaire à tout le monde ! Que vous aimez une musique d'une noirceur abyssale, violente, extrême et thrash ou bien inversement, vous souhaitez une musique reposante et gothique, aux guitares moins lourdes et aux mélodies finement jouées, vous serez conquis quoi qu'il arrive. Et si vous aimez les deux, alors là, vous aurez droit à quatre-vingts minutes de pur bonheur. Et comme Moonspell ne fait pas les choses à moitié, le contenant est à la hauteur du contenu. Pochettes superbes (une par album) réalisées par Seth de Septicflesh (tout comme c'était le cas pour Night Eternal) et packaging magnifique viennent ponctuer le tout. Tout simplement immanquable.

Tracklist de Alpha Noir :

01. Axis Mundi
02. Lickanthrope
03. Versus
04. Alpha Noir
05. En Nome Do Medo
06. Opera Carne
07. Love is Blasphemy
08. Grand Stand
09. Sine Missione

Tracklist de Omega White : 

01. White Omega
02. White Skies
03. Fireseason
04. New Tears Eve
05. Herodisiac
06. Incantatrix
07. Sacrificial
08. A Greater Darkness

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