Artiste/Groupe:

Motörhead

CD:

1916

Date de sortie:

1991

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Attention mesdames, messieurs, voilà l'album par qui le scandale est arrivé. Du Motörhead accessible. Oui, vous avez bien lu, accessible à (presque) toutes les oreilles. Des dents ont grincé, des larmes ont coulé mais le fait est là : Motörhead a sorti avec 1916 un album inattendu, risqué aussi, qui a autant déplu qu’il a séduit.

Pourtant, ce 1916 commence de manière assez classique. Les trois premiers titres sont assez bruts de pomme. Dans la grande tradition du bombardier, quoi. Le groove Motörhead est bien là. Depuis 1984, le groupe évolue en quatuor avec deux guitaristes : Würzel et Phil "Wizzo" Campbell. Et ça s'entend car les grattes sont bien présentes. A la batterie, Philty Taylor, de retour depuis l’album précédent, comme à son habitude, tape sur tout ce qui bouge (et même si ça ne bouge pas). Et donc, même si Lemmy est The One To Sing the Blues, le blues en question est assez loin, lui. Ou alors, le blues est devenu sacrément violent.
I’m so Bad (Baby I don’t care) et No Voices in the Sky, avec guitares qui déchirent et un Lemmy en grande forme annoncent déjà deux futurs classiques du groupe. Trois grosses claques pour commencer, rien de surprenant.
Avec le quatrième titre, c'est la première surprise. Un morceau très Rock'n'Roll dans l'esprit, Chuck Berry n’est pas loin (on le sait, Lemmy est fan du genre). Et là, les surprises s'enchaînent. Nightmare / The Dreamtime nous refait le coup de Orgasmatron, un morceau zarbi, à l’ambiance glauque. C'est après que le premier scandale éclate : Love me Forever est une ballade. Oui, vous avez bien lu, une ballade. La première de la carrière du bombardier. Bon, une ballade estampillée Motörhead quand même, c'est à dire qu'elle décrasse pas mal ! Ce qui n'est pas le cas du dernier titre, on y reviendra.
Angel City, tout comme Going to Brazil, est un morceau assez connoté Rock'n'Roll. Et à tous ceux qui pensent que Motörhead est un groupe qui sort toujours le même album, voilà la réponse de Lemmy. Sur ces sept premiers morceaux, la variété est de mise.
Make My Day voit le groupe revenir sur du Motörhead pure souche. Speed, direct, sanglant.
R.A.M.O.N.E.S. porte super bien son titre puisqu'il s'agit d'un hommage au groupe avec un morceau dans l’esprit Punk que les Ramones n'auraient pas renié (d’ailleurs, et c’est tout de même un comble, les Ramones ont repris ce morceau par la suite, tellement il est dans l'esprit des titres du groupe). Pourquoi ce morceau ? Lemmy, interviewé à l'époque, avait dit que selon lui, il n'existait que trois groupes incarnant véritablement le Rock'n'Roll : le sien, AC/DC et Ramones. Bam !
Shut You Down retourne sur du classique, un morceau bien speed et hargneux avec toujours ce groove inimitable. Pour celui qui n'a pas peur de la nouveauté et de la diversité, ce nouvel album de Motörhead est tout de même une grosse réussite, après le légèrement faiblard Rock'n'Roll paru en 1987. Pour son retour après quatre ans de silence, le groupe frappe très fort.
Enfin, arrive 1916, le morceau incroyable, inimaginable pour du Motörhead : déjà, il s’agit de la seconde ballade de l’album (je rappelle que c’est la première fois pour le groupe) mais celle-ci va plus loin, car elle est construite uniquement sur violoncelle et claviers avec un Lemmy qui chante tout en douceur. Pas de guitare, ni de basse et encore moins de batterie. Il y a des bikers qui ont dû manger leurs casques en entendant ça… Morceau poignant au demeurant, qui nous conte les horreurs de la guerre des tranchées vues par un gamin de seize ans. Ou quand Motörhead devient plus sérieux dans le propos.
1916 marque un virage dans la carrière du groupe, que tout le monde ne verra pas d’un bon œil d’ailleurs, avant de revenir aux fondamentaux quelques années plus tard. Essayer de changer une institution, ce n’est pas toujours simple. Beaucoup s’y sont cassés les dents.

Reste que cet album, même s'il a fait grincer quelques dentiers à l'époque, n'en demeure pas moins un excellent album, et le plus varié du bombardier. Et de loin. Et même que, si vous n’avez jamais écouté ce groupe (c’est possible, ça ?), c’est sans aucun doute l’album par lequel il faut commencer.


Tracklist de 1916 :

01. The One to Sing the Blues
02. I'm So Bad (Baby I Don't Care)
03. No Voices in the Sky
04. Going to Brazil
05. Nightmare / The Dreamtime
06. Love Me Forever
07. Angel City
08. Make My Day
09. R.A.M.O.N.E.S.
10. Shut You Down
11. 1916