Un nom, un statut, une réputation, une gueule, une carrière, une image, bref tout ce que construit un groupe (parfois malgré lui) à parfois tendance à banaliser ou à occulter certaines œuvres du groupe en question ; et dans le cas de Motörhead, cet état de fait se sera vérifié en plusieurs occasions. Sûr que Lemmy, avec la devise qui est la sienne (« no remorse ») ne s’en soit pas offusqué davantage… Mais quand même.
A notre corps défendant, on aura eu vite fait d’argumenter qu’avec la parution d’un album par an en moyenne, même en étant fan, il est parfois difficile de suivre et/ou de se tenir informé de la dernière déflagration en date de l’un de ses groupes fétiches, même avec une telle réputation : Celle de groupe le plus bruyant du monde. Si l’on ajoute que les maisons de disques ne font pas toujours (…) ce pour quoi le groupe les paye, l’on aura tôt fait de comprendre pourquoi Bastards n’aura pas tout à fait rencontré le succès auquel il aurait dû être destiné.
Ce qui en impose immédiatement sur cet album, c’est d’abord sa production : Claire, puissante et dynamique. Il est d’autant plus important de le souligner car ce n’est pas une constance chez Motörhead, loin s’en faut. En un mot comme en cent, vous l’aurez compris : d'une rare perfection, elle sonne du feu de Dieu !!! L’autre atout majeur de Bastards, c’est évidemment ce qu’il contient. Non content de nous apporter notre ratio de Hard Rock velu et franc du collier, Lemmy et les siens parviennent même à nous surprendre (plutôt dans la dernière moitié du disque), aux détours de titres particulièrement inspirés et finalement assez éloignés des schémas auxquels le groupe nous avait jusque là habitués. Sans entrer dans les détails et dans le découpage de chacun de ces titres, on reconnaitra seulement qu’au détour des seuls Liar, I’m the Man, We Bring the Shake ou le remarquable final Devils (six minutes au compteur quand même !), Motörhead démontre clairement, et à tous ceux qui en auraient douté, que lorsque l’inspiration est là, le groupe sait aussi se renouveler avec classe et panache, sans perdre une once de sa personnalité, faisant du même coup mentir tout ceux qui n’ont d'ordinaire de cesse de dire que "Motörhead ?!!… C’est toujours pareil, c’est la même recette et l’on sait où l'on met les pieds". Bastards existe aussi pour ça : leur prouver que parfois, ils se trompent.
Tracklist de Bastards :
01. On Your Feet Or On Your Knees 02. Burner 03. Death Or Glory 04. I Am The Sword 05. Born To Raise Hell 06. Don't Let Daddy Kiss Me 07. Bad Woman 08. Liar 09. Lost In The Ozone 10. I'm The Man 11. We Bring The Shake 12. Devils
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