Artiste/Groupe:

My Dying Bride

CD:

The Ghost Of Orion

Date de sortie:

Mars 2020

Label:

Nuclear Blast

Style:

Doom Metal

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

10/20

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Il est des groupes dont la découverte vous laisse un souvenir impérissable. Parce qu'ils sont arrivés au bon moment dans votre vie, parce que leur musique vous confrontait à quelque chose de totalement inédit, la rendant fascinante, parce qu'ils avaient ce qu'il fallait pour vous marquer au fer rouge jusqu'à la fin de vos jours. C'est le cas, me concernant, avec My Dying Bride dont j'ai fait la connaissance en 1992. J'étais alors jeune, très jeune (snif) quand j'ai posé pour la première fois dans ma platine le fraîchement sorti "Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium", premier EP des Anglais alors parfaitement inconnus. Je m'en souviens avec émotion...J'appuie sur play et je bascule en quelques notes dans un autre monde, je suis instantanément sous le choc, marqué à jamais par cette musique terriblement lente, ce growl monstrueux, cette ambiance funéraire et surtout, surtout, ce violon totalement inédit qui gémit sur des riffs d'une pesanteur inouïe. Le mélange est grandiose, novateur, extrême, audacieux et jamais ces mélodies crépusculaires ne m'ont quitté.
J'ai alors suivi le groupe, passionnément, sur ses premiers albums jusqu'au sublime "The Angel And The Dark River" avant de décrocher progressivement au point de ne plus prendre la peine de jeter une oreille aux réalisations post 2000. Allez donc savoir pourquoi ce petit nouveau, après tant d'années de désintérêt, m'a fait de l'oeil...l'envie de replonger dans l'univers si singulier du groupe, de retrouver cette atmosphère dans laquelle j'ai, jadis, adoré me perdre et que peu d'autres artistes ont finalement réussi à reproduire ou même à approcher. J'y suis donc allé motivé, prêt à m'enfoncer délicieusement dans la mélancolie et à recevoir un petit shoot de brumaille masochiste. Malheureusement je n'ai pas sombré, j'ai patiemment attendu le déclic, la mélodie vénéneuse, le je ne sais quoi... en vain. Complètement hermétique à cette musique à la fois jumelle de ce que je connaissais et totalement différente dans le fond, la même mais sans l'âme, sans l'élan épique ni la fougue douloureuse d'autrefois. My Dying Bride était pesant, ultra heavy, mais il est devenu lourd au triste sens du terme. La musique du groupe est toujours aussi lente mais, inhabitée, elle devient terriblement monotone. Le génie du vague à l'âme poétique et classieux qui bouleversa en son temps les codes de la scène extrême n'est plus qu'un groupe de metal engourdi. Les écoutes suivantes n'y changeront rien, je me suis ennuyé à chaque fois.

 

 

Oui je sais, les chroniques élogieuses fleurissent un peu partout et les fans semblent y trouver leur compte, mais je ressens la désolante impression d'entendre My Dying Bride fatigué qui tente de faire du My Dying Bride, faire à défaut d'être encore. De la production inadaptée, tellement propre et dénuée de caractère, (syndrome Nuclear Blast ?), aux compositions ronronnantes, sans temps forts, sans grandeur, sans moments de grâce, d'instants extatiques, rien ne vient sauver cet album tristement stérile. Les guitares sont d'une platitude absolue, les riffs d'hier, écrasants et massifs, sont devenus poussifs, le violon envoûteur des temps anciens n'est plus qu'une figure de style sans réel intérêt, un gimmick obligé qui se parodie lui-même et la partition de batterie, affublée d'une horrible caisse claire, hors sujet, qui fait poc poc, ne fait que marteler l'ennui sans inventivité. Rien ne trouve grâce à mes oreilles et la prestation sans envergure d'Aaron Stainthorpe n'y changera malheureusement rien. Il l'avoue lui-même, écrire ses lignes de chant aura cette fois-ci été un combat difficile (pour les douloureuses raisons que l'on connaît), à tel point qu'il lui aura fallu tout reprendre à plusieurs reprises tant le résultat était décevant et peu inspiré. Il n'aura visiblement pas réussi à corriger le tir tant l'ensemble manque de puissance et de lyrisme.
 
The Ghost Of Orion a tout de l'album forcé, motivé par de mauvaises raisons, celui qu'il fallait sortir pour continuer à exister, continuer à jouer. Celui qu'il fallait sortir parce que "déjà cinq ans depuis le précédent". Vous l'aurez compris, je me suis ennuyé, pire, je n'ai rien ressenti alors que le groupe me tordait le ventre et me transperçait le coeur dans ses jeunes années. Il était alors le bâtisseur d'un édifice sonore d'une beauté immensurable, un faiseur de spleen magistral capable sur quelques mesures de décrire l'élégance absolue du désespoir infini.
 
L'adage disait donc vrai, il ne faut jamais renouer avec ses ex.

 

Tracklist de The Ghost Of Orion:

01. Your Broken Shore
02. To Outlive The Gods
03. Tired Of Tears
04. The Solace
05. Who I Am
06. The Ghost Of Orion
07. The Old Earth
08. Your Woven Shore

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