La vie n’a pas été facile pour Negură Bunget depuis le dernier opus Vîrstele Pămîntului et le départ de deux de ses membres fondateurs (Hupogrammos et Sol Faur) pour Dordeduh. Tellement difficile qu’il aura fallu attendre cinq ans pour que le groupe se remette sur pied. 2015 sonne donc le retour des « folk-blackeux » roumains, avec un nouvel album sobrement intitulé Tău.
Negură Bunget a acquis, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, une aura digne des plus grands groupes de Black Metal. Fondé en 1995 avec sept albums à ce jour, la formation d'origine roumaine a su convaincre et marquer les esprits, en produisant des opus toujours plus originaux les uns que les autres. Rien ne semblait pouvoir les arrêter dans leur route vers la gloire, un peu à la manière de leurs non moins estimés confrères d’Enslaved. Mais voilà, c’était sans compter sur la séparation brutale en 2010…
Dès la première écoute, Tău se révèle bien différent des précédents opus. L’aspect folk roumain, si caractéristique du groupe, semble s’être évaporé chez Dordeduh. Pourtant, Tău était annoncé comme une trilogie en forme d’ode aux paysages de Transylvanie ; on s’attendait donc à retrouver un peu de ce qui faisait la patte de Negură Bunget, mais que nenni ! Ce nouvel album est surtout une espèce d’objet musical non identifié, un peu bordélique et surtout très inégal. Les pistes se suivent sans se ressembler, et on se demande quelle logique a bien pu diriger le tout. Pourtant, pour avoir vécu en Transylvanie pendant pas mal de temps, Dieu sait que les paysages y sont magnifiques et invitent effectivement à l’émotion. Mais encore une fois, Dordeduh semble s’être envolé avec le sujet, et avec brio de surcroît ! (Allez donc jeter un œil au clip). Tandis que Negură Bunget n’est plus que l’ombre de son succès d’autrefois : un nom sans âme, une coquille vide, vidée de son essence et emplie de nouveautés bien étranges… Difficile d’adhérer au projet quand on est un fan de la première heure. Quelques pistes rappellent pourtant la beauté d’antan : Impodobeala Ttimpului est magnifique et Picur Viu Foc nous rappelle elle aussi pourquoi on s’était mis en tête d’écouter ce Tău. Mais cela ne suffit pas à construire un album, tout au plus à le sauver du désastre.
Tău n’est pas le retour qu’on attendait d’un groupe comme Negură Bunget. L’exécution musicale est impeccable, certes, mais le groupe de Timisoara était bien plus que cela. Negură Bunget, c’était une âme bien particulière, une atmosphère reconnaissable, rien de cela n’est présent ici. Il ne reste qu’un album, pas si mauvais que ça, mais pas digne de succéder aux précédents. Aaah que l’on regrette le temps des Om et autres 'N Crugu Bradului ! Il va falloir se réconforter chez Dordeduh à présent...
Tracklist de Tău :
01. Nametenie 02. Izbucul Galbenei 03. La Hotaru Cu Cinci Culmi 04. Curgerea muntelui 05. Tărîm Vîlhovnicesc 06. Împodobeala Timpului 07. Picur Viu Foc 08. Schimnicește
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