Artiste/Groupe:

Ni

CD:

Pantophobie

Date de sortie:

Mars 2019

Label:

Dur et Doux

Style:

Post-noise-rock

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

15/20

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« La pantophobie également connue sous les noms omniphobie et panophobie, est une phobie non-spécifique connue comme étant une peur de tout. Elle est décrite comme étant l'expression d'une «crainte vague et persistante d'un danger inconnu». Merci Wiki.

Mais Pantophobie c’est également le nom du nouvel opus des quatre allumés de Ni. Et comme tout bon défenseur de la chevalerie, ils s’attaquent à nos peurs au sens large du terme, dont certaines assez surprenantes comme Alektorophobie (la peur des poulets) ou l’Athazagoraphobie, qui contrairement à une croyance populaire n’est pas la peur de Morbid Angel, mais celle d’être oublié de ses amis. Ni joue avec nos peurs et nous offre un album, de fait plus sombre, mais encore une fois remarquable.


Le quatuor, composé d’Anthony Béard et de François Mignot aux guitares, de Nicolas Bernollin à la batterie et de Benoit Lecomte à la basse, continue son exploration noise-post-rock. Pantophobie reste dans la continuité de ses prédécesseurs. Autrement dit, au cas où vous ne connaitriez pas leur univers, vous voulez des repères clairs ? Etre dans des schémas musicaux confortables ? Désolé rien de cela dans la musique de Ni.

L’album ouvre avec Héliophobie, une rythmique saccadée comme des coups de butoir pour rentrer dans notre subconscient et ouvrir de force notre cerveau. Le titre continue sur un riff plus inquiétant pour finir sur des cris qui peuvent être interprétés comme une expression de la folie qui découle de nos peurs. Une mise en bouche intéressante qui sera à l’image de l’album, à la fois déstabilisant et qui cherche à retranscrire des sensations plus tordus les unes que les autres.

Ce que je trouve notable, c’est que même sans chant à proprement parler - le groupe n’utilise que des cris pour accentuer certains passages - le quatuor arrive à transmettre des émotions variées, avec un enchainement d’atmosphères diverses et bigarées. Leucosélophobie commence tout en douceur sans but particulier comme si la peur de la page blanche était bel et bien présente. Catagelophobie, la peur du ridicule, est un titre que Mike Patton et ses acolytes de Fantômas auraient pu écrire, totalement barré, avec des séries d’onomatopées qui swinguent, qui peuvent prêter à rire. Ni n’a clairement pas peur du « ridicule » sur ce titre. Lalophobie, la peur de parler, comme avec un son étouffé comme s il ne fallait pas l'entendre, et est un des rares titres à ne pas avoir de cri. Bref, je pense que chaque titre est une vision musicale de chaque peur, à moins que tout ceci ne soit que des interprétations de mon cerveau malade, allez savoir…

Il est évident qu’au royaume de la polyrythmie, Ni est roi. Il vous faudra être prêt à accepter de se faire balader par des changements incessants, par des structures alambiquées. Un album qui peut être vécu comme de la musique de musicien ; entendez par là, une musique un brin élitiste qui peut se montrer excluante pour qui n’a jamais touché un instrument de musique de sa vie. C’est peut-être la limite de cet album.

Ni est peut-être passé par une phase de Leucosélophobie mais ils ont réussi à pondre un album à part, tellement créatif. Je ne vais pas bouder mon plaisir de retrouver Ni en pleine forme, qui propose ici une expérience proche du concept album, expression musicale de sensations intimes qui fait clairement écho à ce qui nous effraie.

Trackliste de Pantophobie :

01. Héliophobie
02. Alektorophobie
03. Lachanophobie
04. Leucosélophobie
05. Catagelophobie
06. Athazagoraphobie
07. Kakorraphiophobie
08. Lalophobie
09. Stasophobie

 

 

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