Artiste/Groupe:

Nightmare

CD:

Dead Sun

Date de sortie:

Novembre 2016

Label:

AFM Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14/20

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Coup de tonnerre chez Nightmare l'année dernière : les frères Amore, Jo (chant) et David (batterie) quittent le groupe. Nouveau départ donc avec l'arrivée d'Olivier Casula à la batterie et non pas d'un chanteur mais d'une chanteuse : Magali Luyten (ex-Virus IV, ex-Beautiful Sin entre autres). Ceux qui connaissent la demoiselle ne sont certainement pas inquiets quant à la pertinence de ce recrutement (une femme pour remplacer un homme ? Non, mais vous êtes fous ?!) tant ils connaissent la puissance de sa voix. D'ailleurs, Luyten avait déjà (très) brièvement chanté chez Nightmare, le temps d'un duo avec Jo, sur le morceau The Dominion Gate Part III (album The Burden Of God). Nightmare va donc de l'avant. Et Dead Sun montre une belle combativité. Pour autant, il ne me séduit pas intégralement. Entrons dans les détails.

Premier constat : gros son. La production assurée par Joost Van Den Broek et Patrick Liotard confère à Dead Sun une carapace puissante et moderne. Nightmare ne sonne pas comme un groupe old-school... mais ça, ce n'est pas nouveau. Ceux qui pensent que la formation fait dans le vieux heavy nostalgique feraient bien de réécouter tout ce qu'elle a fait depuis son retour, au début des années 2000. Le style ? Toujours un peu à la croisée des chemins, il y a du heavy, du power, des influences thrash bien présentes (surtout au niveau des guitares). En trois mots : ça tabasse bien. L'arrivée d'une chanteuse au sein du combo n'a pas spécialement calmer ses ardeurs et le genre musical pratiqué n'est donc pas très éloigné de ce qu'il a proposé ces dernières années. On fait un petit point sur la voix de Magali ? La chanteuse est bien en place et ne déçoit pas... ou que très rarement (personnellement, certaines lignes trop en force comme sur le couplet d'Infected, la première chanson de cet album, ne me plaisent pas). C'est donc globalement un plaisir de retrouver son timbre de voix bien éraillé qui fait des étincelles. Il serait injuste de passer sous silence la contribution hyper solide du nouveau batteur. Casula insuffle tout ce qu'il faut de puissance et technique aux nouvelles compos de Nightmare. Non, rien à dire, ça joue bien, c'est dynamique, puissant... Bon, et ces nouvelles chansons alors ? 

Ca commence de façon musclée avec un Infected qu'on croirait fait pour impressionner ceux qui douteraient qu'une femme puisse prendre la place de Jo Amore. Direct, méchamment heavy, avec un refrain tout de même plus mélodique et fédérateur (schéma que l'on retrouvera sur l'ensemble des chansons proposées sur Dead Sun), ce morceau balance la sauce. Reste que, comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas séduit par ce couplet aux lignes de chant un peu trop bourrines, pas assez mélodiques à mon goût. Je rentre plus facilement dans Of Sleepless Minds au tempo rapide et au refrain bien emballé. Mais c'est avec Tangled In The Roots que Dead Sun commence vraiment à me plaire. J'aime bien le riff principal, le couplet musclé et le refrain qui dégage quelque chose d'assez épique. Red, Marble & Gold fait preuve de qualités identiques mais commence aussi à mettre en avant une petite faiblesse de l'album... tout cela se ressemble beaucoup. Ikarus, premier single de l'opus, que vous avez pu découvrir depuis quelques temps, est un bon morceau. C'est solide, avec du riff carré et de bonnes mélodies. La synthèse heavy / thrash / tradition / modernité est réussie. Soulignons au passage la prestation de la paire de guitaristes Milleliri / Asselberghs qui sait fournir de la rythmique tranchante et du solo impeccable (et pas que sur Ikarus, bien sûr). Bon, la chanson n'est pas un hymne intemporel non plus mais disons qu'elle passe bien. 

Par la suite, Nightmare continue à proposer un metal puissant et entraînant. On remarque qu'il a tout intérêt à ralentir un peu le tempo de temps en temps, comme c'est le cas avec Indifference (et son riff qui évoque Black Sabbath). Je ne vais pas vous affirmer que vous trouverez la compo géniale mais elle a le mérite d'apporter quelque chose d'un peu différent et, du coup, elle sort du lot. La seconde moitié d'album a d'ailleurs plusieurs autres moments que l'on peut assez clairement distinguer. Dead Sun est une chanson très mélodique, pas la plus énervée du lot, avec une douce mélancolie (toujours soutenue par une rythmique heavy des plus solides) qui retient l'attention sur le refrain. En parlant de refrain qui interpelle, celui de Seeds Of Agony est probablement encore plus mémorable, surtout quand il est repris par une chorale d'enfants. Ces plages apportent un peu de diversité et de respiration à cette nouvelle production. On remarquera que le groupe se plaît parfois à opérer différents changements de rythme ou d'humeur au sein d'une même compo. L'un des exemples les plus criants est sans doute Inner Sanctum avec son riff venu d'un metal plus extrême alors que la suite officie dans un power moderne moins abrasif (il y a même un court break à la Judas Priest en chemin). La fin de l'album est plus directe et enlevée avec la puissante Serpentine (sur laquelle le chanteur Kelly Carpenter est invité) et Starry Skies Gone Black au riff costaud soutenu par une double grosse caisse vigoureuse. Je ne la trouve cependant pas exceptionnelle. Certes, c'est pêchu et bien fait mais finalement pas très marquant. 

Si je mets The Burden Of God de côté, je trouve que Nightmare a perdu un petit quelque chose depuis un moment. Ce n'est que mon ressenti, évidemment. Je regrette d'ailleurs un peu le 16/20 que j'avais attribué à The Aftermath (qui reste un disque tout de même très honorable). Ce dernier m'avait impressionné dans un premier temps mais m'a finalement moins marqué que certains de ses prédécesseurs. Je pourrais d'ailleurs dire à peu près la même chose d'Insurrection paru en 2009. Certes, avec Dead Sun, le groupe conserve une belle énergie et a le son qui va avec. C'est carré et bien fichu. Les musiciens font du bon boulot, rien à redire là-dessus. Mais les riffs, la puissance, la vigueur, la production... ça ne fait pas tout. La vitrine est bien achalandée mais, comme je le disais juste au-dessus, il manque quelque chose. Quelque chose... mais quoi ? Un petit supplément d'âme peut-être, un aspect moins mécanique ou juste efficace, un truc qui me remue un peu plus à l'intérieur et qui permette au combo de se distinguer davantage... un chouilla d'émotion, quoi. Prises séparément, les compos ont quasiment toutes de belles qualités mais, alors que l'album se déroule, mon attention n'arrive pas être à captée tout du long. Comme si Dead Sun souffrait parfois d'une homogénéité trop marquée (malgré quelques efforts pour éviter cet écueil). Bon, reste que l'un des plus valeureux groupes de l'Hexagone est toujours debout, vaillant, prêt à en découdre et que la copie rendue est loin d'être ridicule... et ça, c'est déjà réjouissant. A suivre...

Tracklist de Dead Sun :

01. Infected
02. Of Sleepless Mind
03. Tangled In The Roots
04. Red, Marble & Gold
05. Ikarus
06. Indifference
07. Dead Sun
08. Seeds Of Agony
09. Inner Sanctum
10. Serpentine
11. Starry Skies Gone Black