Artiste/Groupe:

Nile

CD:

Vile Nilotic Rites

Date de sortie:

Novembre 2019

Label:

Nuclear Blast

Style:

Technical Death Metal

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

17/20

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Au début, c'est un bruit monumental, l'auditeur subit la première écoute, littéralement écrasé par une masse de riffs touffus, perdu dans des enchevêtrements de breaks inattendus et de mélodies sauvages sorties de nulle part. Au début, Nile vous malmène, vous moleste et vous épuise avec son death metal prodigieusement technique, véloce et complexe, dense et virulent et... brutal... tellement brutal ! Alors les écoutes s'enchaînent pour les plus courageux, les contours se dessinent peu à peu, l'album se dévoile progressivement, les structures deviennent lisibles et les repères se posent ici et là. Nile s'apprivoise comme à chaque fois très lentement et ce Vile Nilotic Rites, neuvième offrande du groupe, ne fait pas exception à la règle. Véritable travail d'orfèvre, il demande, comme tous ses prédécesseurs, un réel investissement de la part de l'auditeur qui voudra dompter cette bête animée par une furie suffocante.   

Heureusement, et c'est ce qui attire l'attention dès les premières mesures de Long Shadows of Dread qui ouvre l'album de façon plutôt classique, la production est d'une clarté inédite pour le groupe qui a toujours opté pour une certaine opacité du son. Là où les premiers albums étaient ensevelis sous une production épaisse et obscure, qui ne manquait par ailleurs pas de charme, Vile Nilotic Rites se distingue par un habillage sonore beaucoup plus précis qui décuple sa force de frappe et son impact. Jamais Nile n'avait semblé aussi puissant, aussi compact, aussi dominateur. Si sa musique bouillonnante déborde toujours autant de riffs frénétiques, de breaks et d'accélérations déconcertants, de solos aussi virtuoses que soudains, elle est cette fois-ci parfaitement audible.

L'expérience s'annonce ainsi grandiose mais après neuf albums, l'auditeur exigeant et particulièrement chiant je le concède volontiers, s'habitue au sublime, se lasse un peu et en demande encore un peu plus pour être charmé de nouveau. Alors que Nile semblait dernièrement user et abuser d'une recette qui a fait ses preuves, au risque de commencer à peut-être tourner en rond, le maître Karl Sanders, du haut de ses cinquante-six ans (!), se renouvelle subtilement et fait évoluer sa créature en la nourrissant de sang frais. Pas de révolution évidemment, mais la musique du groupe s'enrichit de plans inhabituels, plus incisifs et plus thrashy sur le surprenant That Which Is Forbidden ou encore au cœur de l'incandescent Snake Pit Mating Frenzy. Le break très tribal de Where Is the Wrathful Sky surprend également agréablement. Nile n'hésite pas non plus plus à lever le pied plus souvent qu'à l'accoutumée, en témoigne le surpuissant morceau titre et le rampant We Are Cursed, tout en tension, tout en menace.

Tout semble donc parfait, mais Nile c'est aussi ce dépaysement original, un voyage fascinant au cœur des mystères de l'Egypte Ancienne qui sert de socle à toute la discographie du groupe et force est de constater qu'il y a là aussi du changement. L'immersion est moins évidente cette fois-ci, les instruments traditionnels sont plus discrets, les moments cérémonieux plus rares et cette atmosphère mystique qui animait les précédents opus du groupe est clairement moins palpable ici. Dommage diront certains... et ils auront raison ! Moins envahissante (rien de péjoratif ici, bien au contraire), l'ambiance est suggérée avec parcimonie, sur le court instrumental Thus Sayeth the Parasites of the Mind, le temps de quelques intros bien senties et tout au long des deux grosses pièces musicales que sont Seven Horns of War et The Imperishable Stars Are Sickened, véritables péplums métaliques s'étirant toutes les deux sur plus de huit minutes impressionnantes. Même si l'escapade au pays des Pharaons est moins tangible sur ce nouvel album, je ne peux que souligner le soin apporté aux arrangements sur chacun des morceaux.

Peut-on parler d'un nouvel album de Nile sans évoquer Georges Kollias ? Non, évidemment que non ! Sa performance derrière les fûts est tout simplement ahurissante. Kollias fait de la dentelle à 240 bpm, c'est monstrueux, c'est inhumain. Rien à ajouter, écoutez et prosternez-vous.

 

 

Cinq ans après un What Should Not Be Unearthed de (très) bonne facture, Nile signe un retour fracassant et met toute la concurrence à ses pieds. Nous aurions évidemment aimé plonger plus profondément dans les mystères de l'Egypte antique que ne le permet ce nouvel album, certainement le moins évocateur du groupe, mais comment ne pas être admiratif devant le travail effectué ici, travail d'écriture et de composition, travail de mise en place, travail de mise en son qui permet au groupe d'être plus lisible et presque plus accessible (tout est bien sur très relatif ici tant la musique du combo reste parfaitement indigeste pour le commun des mortels).
Vile Nilotic Rites est un album colossal accouché par un groupe qui a certainement beaucoup de concurrents mais finalement très peu de rivaux.

Tracklist de Vile Nilotic Rites :

01. Long Shadows of Dread

02. The Oxford Handbook of Savage Genocidal Warfare
03. Vile Nilotic Rites
04. Seven Horns of War
05. That Which Is Forbidden
06. Snake Pit Mating Frenzy
07. Revel in Their Suffering
08. Thus Sayeth the Parasites of the Mind
09. Where Is the Wrathful Sky
10. The Imperishable Stars Are Sickened
11. We Are Cursed

 

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