Artiste/Groupe:

Nostromo

EP:

Narrenschiff

Date de sortie:

Mars 2019

Label:

Indépendant.

Style:

Grind-core

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

11/20

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Le voilà enfin le Nostromo nouveau, comme le beaujolais mais pour le plaisir de vos oreilles ! Seulement, mes Helvètes vénères préférés ont choisi, après un 45 tours Uraeus, de se contenter d’un EP (le maxi !) d’une vingtaine de minutes tout mouillé. Un choix surprenant lorsque l’on sait l’attente qui gravite autour de ce groupe culte de la scène underground.

Le groupe a beaucoup tourné depuis sa reformation fin 2016, a connu des remous en interne avec un changement de batteur, il est certainement plus difficile de faire avancer des compositions dans ce contexte-là. Bref, mais tant que la qualité est là, le format je m’en tape comme de ma première bouteille de beaujolais, ah !!


Sauf que ce n’est pas vraiment le cas ici, d’abord la production que je trouve loin d’être exceptionnelle. Pourtant enregistré et mixé par Johann Meyer, l’ingénieur du son en chef du côté de Gojira. Je trouve que les cymbales ressortent bien trop du mixage général et donnent une sensation d’avoir comme une nappe limite faite au synthé, loin d’être agréable. La voix de Jaja est, à mon sens, trop présente aussi, d’autant que sa tessiture a bien évolué avec le temps et a gagné en puissance et en agressivité. Et quant à la guitare de Jéjé, qui fait tout de même le sens de l’existence de Nostromo, elle vient, à mon sens, de bien trop loin. Bref certains diront qu’ils ont voulu par ce mixage garder un aspect organique, qui fonctionne sur les passages plus calme, mais dès que l’on passe la surmultipliée, il manque clairement de clarté. Je trouve qu’il n’est pas adapté à la musique du quatuor. Mieszko de Nasum l’avait d’ailleurs bien compris en offrant un son sec et grave, un peu comme celui de Fear Factory, pour pouvoir bien capter les finesses des compos.

Mais bon, si cela ne tenait qu’à cela, j’en ferai bien mon affaire, sauf que là sincèrement, que s’est-il passé du côté de Nostromo ? J’avais déjà émis des réserves quant à la qualité intrinsèque, qui s’éloignait en partie du style initial de Nostromo, et entre autres vers une énergie plus maitrisée… Ben là, c’est un peu l’inverse, est-ce qu’ils n’ont pas un peu trop lâché les chevaux ? 

L’influence de Nasum n’a jamais été aussi évidente, car ici on se retrouve face à des compos qui lorgnent sévèrement vers du Grind qui tape dur. The Drift, Superbia, As Quasars Collide sont des purs brûlots du genre. Superbia avec ses deux minutes de blast sur un morceau de trois minutes... mais enfin où est passé le groove de Nostromo ? Certes l’agression est totale, ces compostions seront appréciées par des amateurs de Grind franc et direct, mais moi il me manque bien des éléments qui font l’ADN du groupe. Où sont passés les contrastes ? Eux qui faisaient l’intérêt des compositions du groupe, c’était aussi ça ! Une intro sur un larsen, un passage à la guitare sèche, un passage de batterie tout en groove sur les tomes, et bim un riff à décorner les boucs, là on avait de la variable dans les intentions. 

Vous l’aurez compris, j’écris aujourd’hui avec la plume de la déception, certainement à la hauteur de l’admiration que j’ai pour le début de la carrière de ce groupe d’exception. Je ne vais pas tout jeter par la fenêtre non plus, Taciturn et Septentrion sont des titres plus intéressants à découvrir, et pour les mêmes raisons que les titres que j’apprécie moins. Au moins, ici, on a autre chose que du pied au plancher et du blast en presque continu. Les ruptures rythmiques, les pauses et les riffs syncopés de Taciturn, ou encore la montée en puissance sur la fin de Septentrion, qui lui possède d’ailleurs une intro digne de ce nom, suivi d’un riff à perdre ses cornes, je retrouve sur ces deux titres le Nostromo que j’aime. Mais il n’y a clairement pas de Selfish Blues ou de Rude Awakening sur cette galette.

Et puis que dire devant le titre éponyme de cet EP ? Il faut savoir que "Das Narenschiff", qui signifie "La Nef des fous", est un livre allemand écrit par le Strasbourgeois Sébastien Brant à la fin du XVe siècle. Un titre lancinant, qui essaie de développer une ambiance proche de l’objet du livre, le tout soutenu par un extrait du texte original, en allemand, interprété par Rodolphe Burger, ex-leader de Kat Onoma. Un titre insipide pour ne pas dire dispensable qui aurait fait une bonne transition entre deux parties de disque mais nous ne sommes que sur un EP.

Bref vous l’aurez compris je ne suis pas vraiment convaincu par ce Narrenschiff et c’est globalement un sentiment de déception qui domine. Et c’est en écrasant une larme du coin de l’œil que je suis dans l’obligation intellectuelle de vous dire que Nostromo a sorti un EP qui ne fera, malheureusement, pas d’ombre au reste de sa discographie.
 

Tracklist de Narrenschiff :

01. The Drift
02. Taciturn
03. Superbia
04. As Quasars Collide
05. Septentrion 
06. Narrenschiff

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