Artiste/Groupe:

Nullcult

EP:

0

Date de sortie:

Mai 2018

Label:

Indépendant

Style:

Math-Doom-core

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

13/20

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Certains d’entre vous se souviennent peut-être de Ian Debeerst, sorte de Rémy Bricka du Metal qui m’avait fortement marqué à l’été 2017 grâce à son projet Carnival-in-Coal-esque Am I Not. L’animal est de retour avec une nouvelle formation, Nullcult, et cette fois-ci, il a su s’entourer. Le groupe se compose de Quentin Sauvêtre à la guitare, d’Antoine Carlier à la basse, de Benjamin Lefebvre au synthé et d’un duo de batteur Ian et Simon Debeerst. Oui, deux batteurs et pas de chanteur, c’est ce qui fait le particularisme de cette formation rouennaise. 0, c’est le nom de cet EP, est un cinq titres qui, dixit le groupe, « se réclame d'influences comme Meshuggah ou The Dillinger Escape Plan, Nullcult propose une musique massive incorporant des éléments Math, Doom, Djent, Metalcore et donc ne se rattache pas à une esthétique précise. » Autant vous dire tout de suite que ce cocktail me donne déjà l’eau à la bouche.


Alors je vais être honnête avec vous, je n’ai pas été, de prime abord, totalement emballé par ce que propose le groupe. Non pas que les compositions soit inintéressantes ou manquent de créativité mais elles sont loin des illustres noms cités au-dessus. Il manque, à mon sens, la faculté de déstructuration cohérente des Suédois ou la folie furieuse des Américains. Et je dois avouer qu’à la première écoute j’ai été déstabilisé car il est difficile de retrouver les influences mises en avant par le groupe. Je ne m’attendais pas forcément à un clone mais, a minima, une force de frappe qui s’en rapproche. Le fait de ne pas avoir de chant doit aussi peser dans la balance. Il est vrai que lorsque Kidman ou Puciato viennent nous hurler quelques mots doux aux oreilles, on s’en souvient, et cela rajoute à l’agression sonore.

Deuxième point où je mettrai un bémol, c’est l’apport de la doublette de batteur, second argument de poids du groupe, qui n’apporte pas forcément une plus-value énorme. On sent le spectre sonore plus large et plus lourd mais les rythmiques sont identiques la plupart du temps. Ce qui a pour effet de donner un sentiment de superposition plus que d’addition. Je m’attendais à une manière plus ambitieuse d’exploiter ce particularisme, comme pouvait le proposer les progueux de Taal par exemple. Les premières écoutes ont donc été proches de la déception.

Mais après plusieurs écoutes, j’ai commencé à voir où le groupe souhaitait emmener l’auditeur (enfin je crois). Ce n’est pas une recherche brute d’agressivité sonore mais plutôt un amalgame entre les différents genres cités en introduction, on est ici à la croisée des chemins. Le groupe tente et réussit à créer un nouveau genre qui n’existe pas réellement entre Mathcore, Doom et Sludge par instant. Il évite ainsi le concours de celui qui a « la plus longue » et fait le choix de poser les ambiances plutôt que de vouloir mettre soixante-douze riffs en deux minutes trente. Ce qui est plutôt fin car qui peut faire mieux que Dillinger ? Personne… (même si, à la suite de l’arrêt de DEP, je souhaite secrètement que quelqu’un reprenne le flambeau…)


The Chase et The Catch sont deux titres variés qui ont leur charme avec des ruptures dans le rythme et le tempo. C’est une manière de composer que l’on retrouve sur l’ensemble des morceaux mais qui est plus marqué sur ces deux-là, l’influence de DEP est d’ailleurs assez flagrante sur The Catch qui est, à mon sens, le titre le plus ambitieux. En revanche, Eternal tire vraiment du côté d’un Sabbath résolument plus moderne, les claviers en soutien y sont pour beaucoup. Le duo Feral et Kalmar sont à la croisée des chemins et sont pour moi représentatifs du « nouveau genre » auquel le groupe pourrait prétendre.

Pour un premier EP, la base est indéniablement intéressante, mais cette recette est peut-être un peu casse gueule car j’ai peur que le groupe ait du mal à trouver son public. Pas assez dans ta face pour les véritables coreux, pas assez gras pour les amateurs de Doom ou de Sludge, il reste à mon avis des choix à faire pour affiner cette première proposition. Il y a un intérêt indéniable à tenter de nouvelles expériences musicales, et Nullcult peut se targuer de ne pas reproduire un schéma pré-établi mais au risque de ne pas accrocher le plus grand nombre…


Tracklist de 0 :

01. The Chase
02. Eternal
03. The Catch
04. Feral
05. Kalmar


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