C H R O N I Q U E

Si vous écoutez du heavy metal depuis longtemps et avez une affection pour les bons chanteurs et les guitar heroes, le nom de Michael Vescera ne doit pas vous être inconnu. Cet Américain a sorti un certain nombre d'albums solo mais il est plus célèbre pour avoir prêté sa voix aux Japonais de Loudness, ou pour avoir servi des guitaristes comme Yngwie Malmsteen, Joe Stump ou Roland Grapow. Mais avant tout cela, il a fait ses débuts avec Obsession, groupe fondé en 1982 et proposant un heavy metal à la fois puissant et mélodique, évoquant une sorte de rencontre entre Judas Priest, Armored Saint, le Savatage des débuts et Metal Church. Un EP et deux albums plus tard, le groupe se dissout, mais il réapparaît en 2006 avec le très bon Carnival of Lies. Du line-up originel ne reste plus que le chanteur, mais l'album n'a pourtant pas à rougir de la comparaison avec Marshall Law (le premier EP paru en 1984), Scarred For Life (1986) ou Methods Of Madness (1987). Et voilà que six ans après leur dernière offrande, ces messieurs reviennent avec Order Of Chaos. Cela fait deux ans qu'on nous annonce sa sortie imminente mais, entre-temps, Michael a participé à quelques projets et s'est fait enrôler chez Animetal USA, aux côtés de Chris Impellitteri, Rudy Sarzo et Scott Travis (remplacé depuis par le non moins puissant Jon Dette) pour offrir au monde (enfin, surtout au Japon) des versions metal de génériques de mangas. Enfin, il est là, c'est le principal. Alors, notre attente est-elle récompensée ? En ce qui me concerne, la réponse sera mitigée.   

Le line-up est, à un batteur près, le même que sur Carnival Of Lies, et les musiciens font encore une fois un boulot remarquable. Mention spéciale à la paire de guitaristes (John Bruno et Scott Boland) qui nous sert une belle collection de riffs et soli exécutés avec ferveur et dextérité. Vraiment, j'insiste, quand ces deux-là se lancent dans un solo, on se régale. Autre point positif : Order Of Chaos est sacrément heavy. Pas de ballade, pas de claviers, pas de morceaux légèrement typés FM (le groupe avait tenté d'en inclure quelques-uns à l'époque de Methods Of Madness afin de séduire un plus large public) mais un contenu 100% pur heavy metal où les guitares et la voix de Mike Vescera mènent la danse. Notons qu'il n'y a pas de tentative de modernisation du propos non plus. La musique d'Obsession reste bien ancrée dans les années 80 (tout comme la production de l'album) et devrait, en principe, ravir les nostalgiques de cette période. Je dis bien "en principe"...

Le riff aiguisé de la chanson titre, qui ouvre le bal, fait mouche. Le tempo est rapide, les guitares tranchantes... ça commence fort bien. Et là, survient une première déception : le chant de Michael Vescera a perdu de sa superbe. Son timbre est reconnaissable, sa capacité à monter dans les aigus demeure mais avec la puissance et l'agressivité en moins... On est parfois plus proche du chat étranglé que du tigre qui rugit. Pour sa défense : on ne sonne pas de la même façon à cinquante ans qu'à trente, mais quand même... Je ne dirais pas que cela gâche complètement l'écoute de l'album, mais en tant que fan exigeant du monsieur, il me faut admettre qu'il ne livre pas ici sa meilleure prestation. De plus, comme pour masquer cette petite baisse de régime, il abuse un peu de certains effets comme la réverbération ou la superposition de voix afin de créer des harmonies, certes intéressantes, mais trop présentes à mon goût. Cependant, il semble plus à son aise sur certains morceaux de l'album, notamment quand il chante plus bas. A côté de cela, les nouvelles compositions respectent la tradition Obsession et beaucoup se révèlent efficaces. On retiendra surtout l'enlevée When The Smoke Clears, la mid-tempo License To Kill au riff bien heavy et au refrain mélodique à souhait. Les amateurs de chansons un peu plus rapides apprécieront Cold Day In Hell. Dommage que le tempo ne s'emballe pas un peu plus souvent sur cet album. Twist Of The Knife fonctionne également très bien. Dynamique, efficace, et parsemée de superbes parties de guitares, elle atteint son but sans problème. Elle fait partie des compos sur lesquelles Vescera ne tente pas de chanter trop haut, ce qui constitue un plus. En revanche, quelques titres me semblent plus anecdotiques (Forbidden Desire, Wages Of Sin ou Mercy Killing) et n'égalent pas les standards du groupe même s'ils ne s'avèrent pas véritablement ratés ou pénibles.

Au final, voilà un disque plaisant mais pas tout à fait à la hauteur de mes attentes dans la mesure où, bien que pourvu de morceaux de choix et d'excellentes interventions guitaristiques, il est un peu moins accrocheur que Methods Of Madness ou Carnival Of Lies et, surtout, parce que Michael Vescera ne s'y montre pas constamment sous son meilleur jour. Avec quelques chansons plus remarquables et un vocaliste plus en forme, Order Of Chaos aurait été un excellent album. 

Tracklist de Order Of Chaos :

01. Order Of Chaos
02. Twist Of The Knife
03. Forbidden Desire
04. When The Smoke Clears
05. License To Kill
06. Wages Of Sin
07. Cold Day In Hell
08. Act Of God
09. Mercy Killing
10. Dark Shadows

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