Artiste/Groupe:

Patrón

CD:

Patrón

Date de sortie:

Mai 2020

Label:

Klonosphere

Style:

Sexy Groovy Rock Stoner

Chroniqueur:

Didier

Note:

17/20

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Patrón ça ne vous dit probablement rien. J’ai croisé sa route en 2014 lors d’un concert de 7Weeks à la MJC Picaud de Cannes. Lui (aussi connu sous le nom Lo Data) et son groupe Loading Data assuraient brillamment la première partie. J’avais chroniqué le dernier album en date de Loading Data dans la foulée. A ce jour, l’album, pourtant sorti en 2013, est toujours le dernier en date. J’avais aussi interviewé Patrón à l’époque, qui nous avait parlé de Loading Data et du fait qu’il avait déjà de quoi faire un album dans sa musette, mais pas forcément pour Loading Data. C’était sûrement les prémices de ce nouveau projet Patrón, qu’il a mûri pendant presque six ans. Il nous explique tout dans une interview réalisée en plein confinement. Si vous aviez écouté Loading Data, vous ne pouvez pas ne pas vous rappeler de la voix incroyable de Patrón. Le Barry White du stoner rock, c’est lui. En moins mat et moins malaise, les pattes de rocker en plus. On retrouve cette voix dans son nouveau projet évidemment et c’est clairement un des points forts. Si vous aimez les voix graves (baryton/basse), vous allez adorer. L’ambiance est desert rock, rock, stoner, punk, rock des 50's, c’est quasiment impossible de faire entrer Patrón dans une case. Queens Of The Stone Age, Kyuss restent des influences majeures et vous allez vite comprendre pourquoi. L’album a été enregistré à Los Angeles (Patrón est né aux USA, c’est une seconde patrie pour lui) dans le studio de Alain Johannes (Eleven, Them Crooked Vultures, Chris Cornell Band). Ça n’est pas vraiment une surprise puisqu’il était déjà aux manettes pour les albums de Loading Data. Par contre, pas mal de surprises du côté des musiciens venus filer un coup de main à Patrón. Deux batteurs prestigieux sont de la partie : Joey Castillo (DanzigQueens Of The Stone Age, The Bronx...) et Barrett Martin (Mad Season, Walking Papers, Screaming Trees, Tuatara). A la basse, on trouve Nick Oliveri (KyussQueens Of The Stone Age, Mondo Generator). Un frenchy assure à la guitare, c’est Aurélien Barbolosi (Aston Villa) et enfin Monique St Walker (Blackbird Days) et Aurélia sont aux chœurs. Alain Johannes qui est aussi multi-instrumentiste a participé aussi à la basse, la guitare, aux claviers et aux chœurs. Reste plus qu’à ajouter la guitare et la voix de Patrón pour terminer ce line-up classieux. Les compositions, toutes de Patrón, sont bien travaillées et apportent chacune un angle un peu différent à cet album qui se transforme assez rapidement en un patchwork d’influences diverses et bien digérées.

L’album se compose de onze titres, il est mixé aux petits oignons. Dès les premiers riffs de Room With A View, on comprend que c’est de la qualité, niveau son. Le morceau est mid-tempo, faussement calme, le riff est agressif, la voix imposante, le petit gimmick de guitare en arrière plan, répétitif à souhait, vient vous titiller le bulbe. Who Do You Dance For? est un petit bijou de groove, sexy. J’adore le refrain très accrocheur, le piano honky-tonk mono-accord. C’est un des meilleurs morceaux de l’album, si je me chauffe je risque de lâcher qu’il y a du Talking Head ou du Brian Eno dans un morceau comme ça, ne serait-ce qu’au niveau du rythme. Patrón semble pas mal trouver l’inspiration auprès de la gent féminine, car ce troisième morceau, Very Bad Boy, tout aussi crooner/sexy semble encore s’adresser à une femme. Bien travaillé en terme d’ambiance musicale (claviers, doublage des voix), le refrain est encore très accrocheur, le petit break bien envoyé. On trouve ensuite Jump In The Fire, avec un rythme tribal sur le couplet, presque indien (d’Amérique) ; là encore, un petit gimmick répétitif de guitare vient exacerber le conduit auditif de l’auditeur, difficile de ne pas secouer la tête en rythme. C’est vrai que Patrón s’entoure de très bons musiciens, notamment de très bons batteurs. The Maker est une autre des réussites de l’album, grosse basse, refrain accrocheur, beaucoup de groove. De ce niveau, moi j’en redemande. Ca tombe bien, voilà le furieux Hold Me Tight et son final de dingue, superbe travail des guitares et de la batterie. 

On trouve aussi des choses étranges sur cet album. C’est le cas de Seventeen, que j’adore. La voix semble encore plus basse, on entend un banjo, des balais pour la batterie et nous voilà voyageant sur les bords du Rio Grande. L’histoire d’un gars de dix-sept ans jaloux qui descend sa fiancée et son amant de prof, oups ! Un couplet sifflé, un solo de guitare, on se croirait dans un film de Quentin Tarantino. Génial. 

Le reste de l’album est tout aussi gratifiant, j’adore par exemple She Devil, son riff lourdingue, l’idée génial du rim shot, le gimmick de clavier, le piano final. J’accroche juste un poil moins sur Leave It All Behind, malgré la bonne grosse basse, c’est peut-être ce son de claviers. L’album se termine sur How To Land, assez stoner sur le couplet et pop sur le refrain, avec pas mal de distortion sur les guitares et de reverb sur la voix. 

En bref, si vous aimez les voix qui en imposent, les gueules, les crooners, les riffs, groovy, sexy, l’énergie d’un rock simple ultra efficace, souvent hypnotisant, je ne peux que vous recommander cet album, dont la sortie tombe bien mal en ce bas monde. Mais les artistes créent et vivent et nous nous devons de les soutenir, avec ou sans confinement.

Tracklist de Patrón :

01. Room With A View
02. Who Do You Dance For? 
03. Very Bad Boy
04. Jump In The Fire
05. The Maker 
06. Hold Me Tight
07. Seventeen
08. Around My Neck
09. Leave It All Behind
10. She Devil
11. How To Land

 

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