Artiste/Groupe:

Pelegrin

CD:

Al-Mahruqa

Date de sortie:

Septembre 2019

Label:

Indépendant

Style:

Desert Stoner Rock

Chroniqueur:

dominique

Note:

15/20

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Ah le desert rock, quelle belle appellation ! Un nom libre qui laisse notre imagination vagabonder dans un no man's land rocailleux, chaud et… américain. Américain, vraiment ? Et pourquoi devrait-on se cantonner à ces seuls déserts des Mojaves ou de Sonora ? Non, voyons plus grand et ouvrons notre esprit musical à l’ethno desert rock, comme celui proposé dans le premier album du trio parisien Pelegrin. Al-Mahruqa est un album chaud, rocailleux mais résolument tourné vers l’Orient. Beaucoup de choses (mais pas tout) vont vous emmener vers le soleil couchant ; son nom qui sent le brûlé, sa pochette qui vous entraîne en Jordanie, ses incrustations sonores qui vous plongent dans les souks ou encore ses titres qui sentent le miel et la fleur d’oranger. Vive l’ouverture d’esprit et le mélange des cultures.

Cinq titres pour quarante-et-une minutes d’écoute, Pelegrin donne le ton et nous informe que le format sera propice au voyage. Et celui-ci débute dès l’ouverture de Majoun. Ethno desert rock par excellence, le titre mélange les influences avec beaucoup de finesse. Sur plus de deux minutes, les variations arabisantes de la guitare de François Roze sont soutenues avec efficacité et discrétion par les percussions d’Antoine Ebel et la basse de Jason Recoing. Le côté doom, avec une pointe de reggae dans le rythme, et le son lourd ne se profilent en fait qu’après deux minutes trente, mais toujours en gardant cette teinte ethno-arabe très intéressante. Des variations mélodiques planantes lancent après cinq minutes une fin de titre plus rapide, plus rock et franchement intéressante. La voix de François Roze semble rester en retrait ; d’ailleurs, comme un peu tout au long de l’album. Un excellent titre d’ouverture. Enchaînement direct avec un second morceau sensiblement différent. Le vent (du désert ?) lance en effet Farewell, un titre plus léger et mélangeant pop-américaine et rock français. Cette semi-balade est plaisante à écouter. Quelque chose dans l’impression qu’elle dégage me fait penser au rock de Téléphone ou de Jean-Louis Aubert. Mais le fait le plus intéressant, c'est le mélange de ce dernier avec le son psyché-lourd d'autres parties du titre. C'est planant et terrestre à la fois. Une approche intéressante qui laisse beaucoup de place aux riffs de guitare.

La transition avec Home Again est elle aussi marquée par des incrustations sonores. La pluie remplace le vent et accompagne finalement assez bien la mélancolie qui émane de ce titre. Les deux lignes de guitare, classique et électrique, permettent de belles variations. La ligne de guitare électrique me fait un penser à du U2, et ce n’est mafois pas désagréable. L’entame de la seconde partie est à la fois plus planante et plus lourde. Un gros son vient accompagner une batterie et une basse aussi discrète qu’efficace. Le titre est vraiment progressif dans l’âme ; les ruptures s’enchaînent et rendent l'écoute des plus de neuf minutes très simple. Les bruits d’une nuit chaude ouvrent le ton et la rythmique plus martiales de Dying Light. Ceux-ci permettent aussi aux riffs de guitare et aux lignes de basse de prendre pas mal de place. C’est rock et également assez différent de ce qui a précédé. Un beau desert rock assez enlevé et puissant qui se finit par des incrustations sonores qui nous emmènent cette fois vers des contrées plus reculées de l'Afrique sub-saharienne et vers le titre de conclusion qu'est Al- Mahruqa. Ce titre, reprend les principes ethno rock de Majoun, mais avec un accent plus oriental que dans ce dernier. Les percussions et la batterie ont une vraie importance dans l’aspect oriental et africain que le titre peut présenter. La guitare de François Roze a évidemment une visibilité au-dessus des autres instruments, mais elle ne fait pas oublier le rôle de la partie rythmique dans l’ancrage mondial de tout l’album et de ce titre en particulier. Tout cela se termine avec les crépitements d’un feu de bois avec ce que je pense être les beuglements gutturaux d’une bête à bosse(s).

Pelegrin propose avec Al-Mahruqa un bon premier album. Sa construction intelligente, avec trois titres longs, coupés par des titres, disons, plus courts, aide l’auditeur. De plus, l’intégration finalement assez fine de tonalités « world-music » rend l’album assez unique en son genre et n’empêche absolument pas le groupe de livrer quand il le souhaite un son lourd et des riffs planants. Si ce n’est, peut-être, la voix un peu en trop en retrait de François Roze, il n’y a vraiment rien à reprocher aux Parisiens. On se réjouit déjà d’entendre les ébauches du prochain album.

 

Tracklist de Al-Mahruqa :

01. Majoun
02. Farewell
03. Home Again
04. Dying Light
05. Al-Mahruqa

 

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