Artiste/Groupe:

Pharaoh Overlord

CD:

Zero

Date de sortie:

Avril 2018

Label:

Ektro / Hydra Head

Style:

Krautrock Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

12/20

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Voilà, voilà…C’est un album compliqué que ce Zero du combo finlandais Pharaoh Overlorld. On savait le cœur du groupe très orienté expérimentation musicale ; Jussi Lehtisalo en tête, la recherche de nouvelles voies est au centre des préoccupations du quintette commun à Circle et à Pharaoh Overlord. Alors quand ces cinq Finlandais s’entichent de deux musiciens adeptes eux aussi des itinéraires-bis, le résultat créatif de leur rencontre peut donner quelque chose comme cet album. Zero est plus qu’une œuvre expérimentale ; c’est un album post…. C’est post punk, post rock voire même post New Wave. Post tout, à vrai dire. S'il n’est pas dénué d’intérêt, il est très difficile à aborder et encore plus complexe à apprécier sur toute sa longueur.

Musicalement hétéroclite, Zero est en plus sous fortes influences krautrock. La présence de Hans Joachim Irmler aux claviers y fait évidemment beaucoup. Il faut rappeler que ce dernier est un des membres fondateurs de Faust, groupe pionnier de cette tendance musicale. D’une manière générale, les bidouillages électros jouent un rôle prédominant tout au long de Zero, servant de liant à cette construction étrange. L’autre pièce maîtresse de cet album de Pharaoh Overlord est l’apport vocal, guttural devrais-je dire, de Antti Boman. Un Finlandais connu comme guitariste et chanteur du groupe de death metal avant-gardiste Demilich. Par son parler, Antti ajoute une couche d’irrationalité à certains titres qui pourtant, aux premiers abords, semblaient accessibles. Si vous complémentez ce package par la pochette vintage probablement la plus moche de cette année, vous obtenez un produit qui ne pourra définitivement pas être mis entre toutes les mains (et les oreilles) de nos lecteurs.

Pour entrer dans le détail, l’album s’ouvre avec Revolution. Musicalement c’est du post punk, mais très musical. Ouverture avec une guitare saturée et bruits électros, c’est la batterie de Tomi Leppänen qui va vraiment donner le départ. La ligne musicale des synthés donne une patine spéciale, presque gaie, tandis que les guitares annoncent ce côté répétitif propre au krautrock. Et puis à trois minutes, Antti rentre en scène… Et comme il est fatigué des personnes qui lui disent ce qu’il faut faire (dans le texte), les autres semblent lui laisser rapidement toute la place. La musique reprend progressivement sa place après cette rupture avant une explosion, une seconde partie plus musicale et une fin de jeu vidéo des années 80. Le titre est intéressant et donne envie de pogoter. Maailmanlopun Ateriana oscille entre rock et New Wave. Boucles rythmiques et ruptures au clavier donnent le fond, la voix d’Antti apporte la dose d’incongruité. C’est musicalement le titre le plus facile de l’album. En écoute attentive, on se rend compte du nombre impressionnant de couches musicales apportées par les synthés de Hans Joachim Irmler. Meanwhile est résolument krautrock. Son ouverture en vagues électros, juste soutenue par une trame de batterie et par des filaments de guitare en est le reflet. Le rythme lent est lancinant. En milieu de chanson, une légère rupture laisse de la place, en fond, pour la voix d’Antti et pour une boucle plus « mélodique » de clavier. Expérimental.
Lalibela Cannot Spell Zero est… difficile. Ce sont neuf minutes de combat dicté par la batterie et par des paroles gutturales. Krautpunk (je ne sais pas si cela existe) est certainement ce qui pourrait définir le mieux ce titre. Sur trois minutes, j’aurais dit que le titre est expérimental, sur six, je l’aurais dit irritant ; mais sur neuf minutes, il en devient simplement insupportable.
Satavuotiaiden Salaisuus s’ouvre, une fois n’est pas coutume, sur une guitare simple. Tout dans ce titre diffère de ce qui a été présenté jusqu’à maintenant. Il y a du groove et pas ou peu d’électro. Les instruments sont dans leur plus simple élément, à tel point que la basse joue pour une fois un rôle prédominant. Les sons gutturaux restent simplement en soutien, sans apporter de paroles.
L’album se clôt sur I Drove All Night By My Solar Stomp. Résolument eighties dans ses tonalités, on dirait la bande son d’une série TV de cet autre siècle. Boucles rythmiques et variations électros. La voix lourde d’Antti est complémentée par une ligne vocale féminine légère comme un voile. Sa fin plus musclée rend le titre pas désagréable, mais sa longueur pèse un peu.

Ce neuvième album de Pharaoh Overlord a l’avantage de proposer quelque chose de différent. Toutefois son extrémisme le rend difficilement écoutable et va peut-être l’obliger à une écoute réduite à un micro-cercle d’initiés.


Tracklist de Zero
:

01. Revolution
02. Maailmanlopun Ateriana
03. Meanwhile
04. Lalibela Cannot Spell Zero
05. Satavuotiaiden Salaisuus
06. I Drove All Night By My Solar Stomp