Artiste/Groupe:

Prospective

CD:

All We Have

Date de sortie:

Janvier 2020

Label:

Long Branch Records

Style:

Metalcore Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

15/20

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Un mois de janvier certainement chargé pour les Italiens de Prospective qui sortent ce mois-ci All We Have, leur quatrième album depuis 2015. Une production abondante qui n’exclut pas toutefois une certaine qualité. Musicalement, le metalcore progressif proposé est intéressant. Bien structurés, les titres s’enchaînent et s’appuient sur des musiciens de qualité. Toutefois, à la différence de Unreal, leur album précédent, la technique pure n’est pas l’élément principal sur lequel s’appuie le groupe. Cette fois, pour All We Have, le groupe semble avoir mis une bonne dose d’émotion et de ressenti. Il en ressort un album un brin plus personnel et également plus abordable ; un peu comme l’était Beyond en 2016.

Un retour à la simplicité bienvenu, également soutenu par une démonstration de force technique sensiblement moins poussée que dans le passé. On sent les Italiens plus sûrs de leurs qualités et donc plus enclins à purifier leur musique. Un bien pour l’auditeur, surtout si l’on réécoute le disque en boucle. 

Bon, il ne faut pas non plus se leurrer, cela reste du metalcore lourd et technique. Mais la touche de nu metal introduite sur certains morceaux (All We Have), les mélodies assez travaillées (Dust And Memories) et les parties de chants clairs (Losing Control) apportent des variations intéressantes, à défaut (surtout pour ses dernières) d’être inoubliables. Malgré tout, la double ligne vocale est vraiment l'une des forces du groupe. Pouvoir s’appuyer sur deux voix assez complémentaires donne du corps aux titres et permet d’engendrer de la créativité.

All We Have possède deux faces ; une ouverture avec cinq titres puissants et agressifs qui ne font que peu de concessions. La seconde face, qui commence avec Losing Control, ouvre les portes d’un second univers plus mainstream, plus en compromis.

Revenons sur ce premier volet de moins de seize minutes. Faites le calcul, il s’agit d’un enchaînement de titres de trois minutes guidés par le chant crié de Pietro Serratore et la batterie de Flavio Cacciari. Les cordes ne sont pas pour autant cachées. Luca Zini, voix clair et guitare, donne les variations harmoniques et le travail à la basse de Stefano Baldanza joue le rôle essentiel du mortier liant la construction. Kill Me est un excellent exemple de ce qui est proposé dans le bon premier quart d’heure de l’album. Il incorpore les deux lignes de voix (criéées additionnelles dans les couplets, et voix claire et voix criée complémentaire dans les refrains) ainsi que les bases rythmiques rapides mais pas effrénées. Alone I Stand, comme Kill Me, profite des incrustations électro, complément utile aux guitares et à la basse. Celles-ci ne sont pas à la traine. Davide Ruggeri et Stefano Baldanza font encore une fois un gros travail qui permet de souligner l’axe réellement progressif du metal proposé. Liar est peut-être le titre le plus proche de ce qui va être proposé en seconde partie. Luca Zini prend une part plus prépondérante au chant sur l’ouverture, et son chant clair restera bien présent jusqu’à la fin du titre. Quand je vous dis que la double ligne de voix est un plus, ce titre en est un bel exemple. Je vous parlais un peu plus haut de la touche nu metal, eh bien les deux titres qui suivent vont la souligner. L’excellent Against All Odds d’abord, a des relents du Korn des grandes années. C’est musclé, haché et brutal, mais le titre reste toujours musical en partie grâce au chant clair de Luca. Même constat pour le dernier titre du premier volet. All We Have est arythmique et rempli d’incrustations électro. Un gros titre, un gros son avec deux lignes de voix criées. Intéressant.

Si je me suis étendu un peu plus sur la première partie de l’album, c’est principalement parce que la seconde partie, lancée par Losing Control est un peu moins à mon goût. Pour la première fois depuis le début de l’album, c’est la voix claire qui mène vraiment le titre. La voix criée venant en complément sur le refrain. Le titre reste toutefois le plus léger de l’album et agit comme une rupture par rapport aux trois morceaux qui vont suivre. Ces trois titres sont le corps mainstream de l’album. Sans être inintéressants, Dust And Memories, Nobody's Safe et, dans une moindre mesure, Disobey n’offrent selon moi pas le meilleur visage de Prospective. Dust And Memories est musicalement pas mal, mais le mélange des influences ne prend pas. Comme pour Kill Me, Nobody's Safe s’appuie sur les lignes de voix. Mais celui-ci est moins efficace et plus « féminin » que le titre d’ouverture. L’ouverture de Disobey laisse penser que sa structure sera fortement hachée. Cela reste vrai pour les couplets, mais les refrains chantés de façon claire offrent de la musicalité au titre. Pas mal. La clôture de Battlefield porte bien son nom. Le titre est en guerre rythmiquement et dans son atmosphère. Metalcore en plein, ce morceau permet à tous de s’exprimer. Il est le pendant de Liar dans la seconde partie, avec un mélange qui vous fait comprendre toute l’ambivalence que Prospective peut avoir dans ses compositions.

Les Italiens nous livrent un bon album de seulement trente-six minutes qui s’écoute comme un sprint. Il y a du bon et un peu de moins bon, mais l’ensemble reste cohérent malgré les différentes approches musicales abordées. Un chouette premier disque à chronique pour 2020.

Tracklist de All We Have :

01. Kill Me
02. Alone I Stand
03. Liar
04. Against All Odds
05. All We Have
06. Losing Control
07. Dust And Memories
08. Nobody's Safe
09. Disobey
10. Battlefield 

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