Rainbow

Artiste/Groupe

Rainbow

DVD

Live in Munich 1977

Date de sortie

2006

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Didier

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

En préparant la chronique de Rainbow On Stage, j'avais trouvé des vidéos sur YouTube d'un concert de Rainbow filmé à Munich en 1977 qui semblaient de très bonne qualité. Renseignements pris, elles sont extraites du DVD Rainbow Live In Munich 1977. Quelques clics sur notre partenaire Amazon, et voilà le DVD qui débarque dans mon lecteur, et là mes amis c'est la claque. Ce DVD est un témoignage flambant du Rainbow de l'époque On Stage que j'adore. On retrouve le trio démoniaque Ronnie James Dio, Ritchie Blackmore et Cozy Powell. Contrairement au Live On Stage, les claviers et bassiste ont déjà changé et on retrouve ici Bob Daisley à la basse et David Stone aux claviers (remplaçants respectivement Jimmy Bain et Tony Carey, déjà remerciés par Ritchie Blackmore). La qualité de la vidéo est exceptionnelle pour l'époque (juste quelques stries sur une des caméras mais ce n'est pas trop gênant). La raison en est que le concert a été filmé par la télévision Allemande (pour la célèbre émission Rockpalast). Le rendu est du coup excellent, avec plusieurs caméras sur la scène (clavier, batteur) fournissant de nombreuses vues arrières et des gros plans. Les autres caméras sont en fond de salle. Le son est fourni en stéréo mais aussi en Dolby 5.0. La scène est assez vaste, encadrée par un énorme arc-en-ciel animé, qui coutera une fortune à construire et à emmener dans la tournée (trois mille ampoules contrôlées par un ordinateur - pas courant à l'époque) . Le DVD est accompagné d'un petit livret sympa qui ressemble étrangement à un programme de concert d'époque au vue des pubs et des détails fournis sur la tournée et le groupe de première partie (Kingfish). On trouve une présentation des trois leaders (Ronnie, Cozy et Ritchie), mais rien sur les deux autres arrivés à la dernière minute dans le groupe. Il est aussi accompagné d'un deuxième petit fascicule, plus récent, retraçant la carrière complète de Rainbow.

Outre le concert de Munich, le DVD offre quelques bonus. On trouve d'abord, trois vidéos promotionnelles, de Long Live Rock 'n' Roll, Gates of Babylon et L.A. Connection (toutes extraites de l'album Long Live Rock 'n' Roll). On trouve aussi deux interviews en anglais (beaucoup plus récentes puisque la mort de Cozy Powell en 1998 d'un accident de voiture, y est mentionnée ), une de Colin Hart (tour manager de Deep Purple puis de Rainbow) et une de Bob Daisley. Les deux sont intéressantes et donnent de nombreux détails sur la fin de Deep Purple et le début de Rainbow, ainsi que sur les ennuis de Ritchie à Vienne. En effet, il frappera le chef de la sécurité lors du concert alors que celui-ci s'en prenait à une fan, et comme le gars connaissait toute la police de Vienne, ils jetèrent Ritchie en prison. Il y passa trois jours, et fut finalement relâché, puis conduit en voiture directement à Munich où le concert ne commença qu'aux environs de minuit. Ouf, à quelques minutes prêt, le concert était annulé et les caméras remballées. On trouve aussi un diaporama assez bien fait sur la tournée Rainbow de l'époque, avec encore de nombreux détails (en anglais aussi).

Revenons donc à ce concert (de 1h53). Comme dans le On Stage, on a droit à la petite musique d'ouverture extraite du Magicien d'Oz, avant que Ritchie (RB comme l'appelle Colin Hart) n'attaque l'intro de Kill The King. La voix de Ronnie James Dio est superbe, la double grosse caisse de Cozy affolante et les solos de RB monstrueux. Il fait aussi son show, maltraitant sa célèbre Statocaster comme un furieux et balançant des grands gestes sur les gros riffs. Dio remercie le public d'avoir attendu si tard, et on comprend mieux pourquoi en lisant l'affaire de Vienne. Ils entament ensuite le mythique Mistreated de Deep Purple, dans une version laissant encore pas mal de place aux improvisations Blackmoriennes, avec les autres musicos en sourdine, voire silencieux. Tout simplement génial, et témoignage d'une certaine époque où les concerts n'étaient pas des endroits où on rejouait juste les morceaux tels qu'ils apparaissaient sur les albums, mais où les artistes partaient dans des délires parfois géniaux. Blackmore lève le bras, et tout le monde repart de plus bel, comme si de rien n'était : "Baby I've been loosing my mind", et hop ça repart à donf pour un final des plus délirants. Ritchie, tout seul éclairé sur la scène, passe en mode arpèges calmos pour une intro à rallonge de Sixteenth Century Greensleeves très inspirée. On notera dans le public que les "Devil Horns" n'étaient pas encore en vigueur (apparues plus tard à l'époque Black Sabbath de Dio). On notera un set de claviers des plus monstrueux avec pas moins de sept claviers autour de David Stone. Le final du morceau est original aussi et très différent de sur le CD de On Stage. Vient ensuite le tout aussi mythique Catch The Rainbow, où Ritchie attaque l'intro, puis après un couac, réaccorde sa guitare tranquillou. La voix de Dio est superbement mise en valeur dans ce morceau. Une vraie démonstration. Bob Daisley assure les chœurs derrière le maître. En parlant de maître le solo de RB est une fois de plus génialissime. L'audience devant lui semble médusée (et c'est pas fini). Démonstration de Strato et de vibrato, les yeux fermés, le maître s'enflamme. Déjà quatre morceaux et quarante-cinq minutes, du délire. Dio introduit ensuite un morceau de leur nouvel album à sortir (il précise qu'il sortira partout dans le monde sauf peut être en Autriche - et vlan) et voilà Long Live Rock 'n' Roll, éponyme de l'album à venir. Une sorte d'hymne au rock, qui n'était pas encore dans On Stage. Dio fait chanter le public, qui même à cette heure tardive joue le jeu. Les vues de la foule devant la scène sont sympas avec l'arc-en-ciel en fond (pas de pit, les mecs ont les bras carrément sur la scène). Après une petite intro de Ritchie, Rainbow attaque The Man On The Silver Mountain, le must de l'époque. Un grand (et long) moment, puisque à l'époque, comme sur le On Stage, ils en ont fait un medley avec Blues et Starstruck. Put*** le moment où Ronnie ramène le morceau à The Man On The Silver Mountain, me file des frissons : "You're the man". Quel chanteur !
Après les présentations de Bob à la basse et de David aux claviers, ils envoient un Still I'm Sad d'un autre monde. D'abord une longue intro de claviers (trois bonnes minutes),  ensuite retentissent les riffs du morceau, puis on a droit à un solo déjanté de Ritchie avec un passage de l'Ode à la Joie de Beethoven enfin un nouvel arrêt pour un solo de claviers où David Stone tente de jouer sur sept claviers avec deux mains (un peu longuet à mon goût). Enfin Cozy Powell enchaine sur son propre solo de batterie, plutôt réussi alors que tous les autres se sont tirés. Le bougre manie bien la double grosse caisse, déjà à l'époque. La deuxième partie du solo se fait sur un accompagnement d'orchestre symphonique. A voir ! Un des plus long Still I'm Sad que j'ai entendu du coup, mais bon, on ne s'en lasse pas alors... Le final vaut son pesant de cacahuètes, ne le ratez surtout pas (un peu moins intense que dans On Stage il me semble quand même) : "Feeling so sad!".
Le public les rappelle pour un solo-délire de Ritchie tout seul avec sa Strato et des pédales Taurus. Excellent. Ils terminent par un Do You Close Your Eyes plus commercial (pas non plus sur On Stage), et où on remarque que RB change de Stato discrétos au milieu du morceau, et la raison, on le découvre à la fin c'est qu'il va littéralement pulvériser celle là. Il balance des morceaux partout, la fait tournoyer, au risque même de heurter les gens du premier rang. Ce sera les cinq dernières minutes du concert. Avant il fait signe au reste du groupe que c'est fini pour eux et il attaque son carnage. Du pur délire d'époque années 70.

En regardant ce concert je jubile, mais en même temps je suis triste. Ronnie James Dio et Cozy Powell ne sont plus, et même si de tels témoignages resteront à jamais, eux, nous manqueront.

Still I'm Sad