De temps en temps le matraquage médiatique provoque l'effet inverse de celui escompté. Prenons, par exemple le groupe RavenEye. Du jour au lendemain, le nom est dans toutes les coms', leur nom apparait en première partie des plus grands, "recommandé par Slash", "multi-award winner" et patati et patata, et pourtant, bizarrement, je zappe. Deuxième rendez-vous manqué lors du passage de Slash à Nice : RavenEye est en première partie, mais mon arrivée ric-rac sur site, due aux embouteillages estivaux, combiné à une sécurité à l'entrée qui fait bien trop de zèle fait que je rate leur set. Je continue à recevoir des annonces qui ne font qu'attiser ma curiosité, comme une tournée avec Blues Pills, et plus récemment encore quand le groupe assure la première partie de Deep Purple lors des dates de Marseille et Bordeaux. Heureusement, voilà que l'unique EP du groupe vient d'arriver dans la boite aux lettres. Ouf ! Alors c'est quoi tout ce binz avec RavenEye ?
Et ben, à la première écoute de cet EP 5 titres, Breaking Out, je suis obligé d'avouer que ... j'adore. Mais carrément même ! Un truc énorme, que je m'écoute en boucle depuis.
On se calme, on respire et on explique. Le groupe est un trio blues rock - hard rock, formé par le guitariste Oli Brown. Alors arrêtons nous d'abord un peu sur Oli, car il y a de quoi vous en dire. Il est anglais, et croule littéralement sous les trophées en tant que guitariste et chanteur de blues. Impressionnant ! Il a joué par exemple dans le groupe de John Mayall, après avoir assuré sa première partie. Entre 2008 et 2013, il sort, sous son propre nom trois albums et un live enregistré au Grand Rex à Paris en ouverture de Joe Satriani. La classe tout ça, non ? Il forme RavenEye en 2014, un power trio comme je les adore, avec Aaron Spiers à la basse et Kev Hickman à la batterie. Breaking Out est leur premier EP, et rien qu'avec cet EP et la réputation de Oli, le groupe se retrouve plébiscité par ses pairs et propulsé sur les scènes d'Europe en ouverture des sacrés groupes déjà cités.
Pour vous résumer le contenu de cet EP entièrement composé par Oli (et non, pas "au lit"), imaginez un gros son un peu stoner, une superbe voix, un groove de malade, des lignes de chant géniales, le tout posé sur une surpuissante section rythmique. La totale ! Je pense à Blues Pills en écoutant le premier morceau, Breaking Out. Un Blues Pills avec Oli à la place d'Elin au chant et pas non plus les solos de l'ami Dorian. C'est vintage à souhait et Get It Started continue sur la même lancée avec un rythme effréné, et encore un super refrain accrocheur. Le morceau morphe en son milieu pour sonner presque Jimi Hendrix Experience et supporter un premier bon solo d'Oli.
Hey hey yeah qui suit est une tuerie qui me fait penser à Joe Bonamassa. Petit harmonica, tambourin opportun, le tout assez bluesy, archi inspiré, avec un refrain de tueur et un groove de dingo. Le solo de guitare est un petit bijou, entre Bonamassa et SRV (Stevie Ray Vaughan, purée vous ne suivez pas ou quoi ?). Run Away, est encore, une petite bombe, avec un riff de gratte blues carrément jouissif. Super chant, refrain de dingue, rien à redire. You Got It, plus stoner, est bâti autour d'un gros riff à la Led Zep et un chant blues, posé, à la Bonamassa. Petit break avec montée en puissance, super vintage, solo, rideau et dodo.
Zut c'est déjà fini ? Je me dis que c'est déjà difficile de convaincre vous autres lecteurs d'acheter encore des CD, mais je trouve que pour un EP, c'est carrément mission impossible. Pourtant, là, je ne peux que vous inciter à l'achat en urgence. Il est peut-être même disponible dans votre pharmacie de garde, qui sait ? Ne réfléchissez plus, foncez !
Tracklist de Breaking Out :
01. Breaking out 02. Get it started 03. Hey hey yeah 04. Run away 05. You got it
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