Quand on parle des premiers groupes de metal extrême sud-américains, on pense surtout à ceux du Brésil. Et pourtant, sensiblement à la même époque (c’est-à-dire milieu, fin des années 80), une scène similaire existait dans un des pays voisins, la Colombie. La ville de Medellin notamment a vu pousser comme des champignons tout un tas de formations qui n’ont jamais percé, car restées pour la plupart au stade primitif de la démo ou de l’EP.
On compte parmi ceux-là Blasfemia, Parabellum et, celui qui nous intéresse, Reencarnacion. Parabellum est même antérieur à la plupart des groupes brésiliens avec sa démo de 1984.

Pour en venir à Reencarnacion, leur particularité est d’avoir sorti le premier album de metal extrême colombien, Reencarnacion en 1988, suivi de très près par l’EP Acompáñame A La Tumba, enregistré dans les mêmes conditions.
Le groupe colombien joue une espèce de proto black/thrash, comme leurs cousins brésiliens, particulièrement chaotique avec des plans et structures rythmiques qui changent très souvent et de manière totalement imprévisible.
On peut entendre des influences frostiennes, notamment sur le morceau A La Diestra Del Mesías où elles sont le plus prégnantes.

J’imagine qu’enregistrer un album avec les moyens et dans les conditions de l’époque, ça relevait presque de la gageure. Du coup, le son est pourri de chez pourri, on dirait une démo.
Remarque, je dis ça, mais il faut écouter les EP et démos de Blasfemia et Parabellum : c’est encore pire dans le genre grésillement, vrombissement et autres bruits d’évier bouché. A la limite, ceux de Nekromantie (autre groupe du même coin et de la même époque) sont un poil plus audibles.

Une autre particularité de Reencarnacion, c’est qu’ils ont ajouté un instrument, disons exotique dans leur musique : un violon. Là-dessus, ils étaient sans doute parmi les premiers. En tout cas, ils l’ont fait avant des groupes chez qui ça a beaucoup mieux marché, comme My Dying Bride et Phlebotomized. Il faut dire que violon et doom, ça se combine assez bien. Bien mieux que violon et black/thrash de sauvage…

En plus de l’album et de l’EP, on a sur cette compilation un live de 1989. Le son est horrible, mais il y a une énergie hors norme qui se dégage de ces morceaux, on a vraiment l’impression d’y être.

En résumé, je ne peux pas décemment recommander cette compilation, si ce n’est pour son aspect purement historique (raison pour laquelle je tenais quand même à en parler) : le son est horrible et musicalement parlant ce n’est pas bien folichon.
Mais bon, la compil’ m’a l’air pas mal fichue, bien fournie en texte et images, avec une version double LP qui doit en jeter. A vous de voir.

Tracklist de 888 Metal :

Reencarnación/888 Metal (1988)

01. Reencarnación (888 Metal)
02. Nexus Universalis
03. Armageddon
04. El canto De Los Sepulcros
05. Puta Religión
06. A La Diestra Del Mesías
07. Funeral Del Norte
08. Reencarnación (II parte)

Acompáñame A La Tumba EP (1988)

09. Reencarnación (III Parte)
10. Un Minuto De Vida Y Un Siglo De Muerte
11. Acompáñame A La Tumba

Live (1989)

12. Reencarnación (888 Metal)
13. El Canto De Los Sepulcros
14. Armageddon
15. Puta Religión
16. A La Diestra Del Mesías
17. Funeral Del Norte
18. Acompáñame A La Tumba