Moving Pictures est considéré par beaucoup comme le meilleur album de
Rush. Je suis d’accord et ajoute même qu'il est l'un des meilleurs albums
de hard rock tout court. Cet album est le premier que j’ai découvert du groupe, tout
simplement car j’ai eu la chance inouïe de vivre à Houston en 1981 lors du passage
de Rush pour la tournée Moving Pictures. Je ne me souviens plus
très bien du concert lui-même, mais ce que je sais c’est qu’après ce
concert, Rush est devenu mon groupe préféré et c’est
toujours le cas aujourd’hui. Aux Etats-Unis, le groupe était déjà
considéré comme un groupe mythique par les fans quand cet album est sorti. C’est
en effet aux US que le groupe Canadien a acquis sa renommée, l’histoire à
même commencé à Cleveland, Ohio grâce à une station FM qui les a
découverts et diffusés. Des interminables tournées américaines ont fait le
reste. Pourtant la critique de l’époque est très dure, les maisons de disque
rechignent à les signer et même, une fois signés, à leur faire confiance.
Par exemple pour la pochette de Moving Pictures, bien mystérieuse comme pratiquement
toutes celles du groupe, la maison de disque a refusé de payer les 9500 dollars dus à
l’artiste Hugh Syme et ce sont les membres du groupe qui ont dû
s’y coller. Moving Pictures sort après Permanent Waves avec lequel le
groupe s’éloignait un peu des albums progressifs et des morceaux à rallonge. Ils
avaient même réussi à avoir des hits FM avec The Spirit Of Radio et
Freewill.
Avec Moving Pictures le groupe persiste et signe deux nouveaux hits radio avec Tom
Sawyer et Red Barchetta. Ces deux titres sont devenus des incontournables du groupe,
joués à tous les concerts. Sur le premier, inspiré de l’écrivain
Mark Twain, la batterie de Neil Peart est d’une
précision d’orfèvre, la voix de Geddy Lee cristalline, sa basse
(alternée avec des claviers) claque et la guitare d'Alex Lifeson, alternant
finesse et puissance, emporte tout. Red Barchetta est un de mes morceaux favoris du groupe.
L’intro d’harmoniques de guitare, rejoints par un petit solo de basse est magique.
Là encore la batterie de Neil est impressionnante de précision, il fait
preuve d’une originalité de style pour moi inégalée. La ligne de basse de
Geddy est encore un modèle, dire qu’il ne joue qu’à un
doigt, ce type est une machine qui, en plus, chante et actionne des pédales synthés avec
ses pieds.
Le morceau qui suit, YYZ est devenu aussi mythique que l’album lui-même.
C’est un un morceau instrumental, dont le titre est le code de l’aéroport de
Toronto, leur ville natale. LE morceau instrumental de malades : batterie de dingue, solo de guitare
de ouf, et basse de furieux. LE morceau référence pour pas mal de musiciens. C’est
le morceau qui permet de comprendre que Rush, c’est la somme de trois musiciens
hors normes et indissociables.
Limelight qui suit possède un superbe refrain très mélodique, des
paroles alambiquées qu’il me semblerait impossible de se rappeler en concert, et
pourtant… Toutes les paroles du groupes sont écrites par Neil Peart, le
littéraire de la bande, c’est assez rare pour le souligner. Le break de
Limelight est une tuerie, il porte un solo magistral d’Alex soutenu
par une ligne de basse atomique de Geddy. The Camera Eyes est le morceau
prog de l’album, avec onze minutes au compteur. Il possède une bonne dose de claviers
joués par Geddy qui alterne basse et claviers et utilise les
célèbres pédales Taurus fabriquées par Moog qui s’actionnent au pied
quand il joue de la basse (Geddy Lee c’est le Rémy
Bricka du rock prog). Ce morceau possède de nombreuses variations ou changements de
rythmes. Il est très inspiré et inspirant, la voix de Geddy, toujours
très haut perchée est superbe, les roulements de la batterie de
Neil incroyables. Les solos d’Alex sont toujours
pertinents, c’est franchement un super guitariste, possédant un toucher de manche
incroyable et pour une raison inexplicable totalement mésestimé. Je suis fan absolu du
morceau suivant, Witch Hunt, pour de nombreuses raisons dont les paroles. Le
principe de la foule qui juge et lynche à l’époque de la chasse aux
sorcières me rappelle hélas des choses beaucoup plus actuelles :
"Quick to judge, Quick to anger, Slow to understand Ignorance and prejudice And
fear walk hand in hand"
Bref j’ai les larmes aux yeux quand j’écoute ce morceau qui me met les poils. Les
claviers sont imposants, ils anticipent les albums suivants sur lesquels ils deviendront
prédominants.
L’album se termine avec Vital Signs et des petits airs de reggae, inspirés
de Police (Neil Peart et Steward Copeland sont
amis de longue date). La reprise après le break est superbe, surtout la voix et la basse.
Difficile de ne pas hurler avec Geddy : “Everybody got to deviate from the
norm”.
L’album sera vendu à plus de quatre millions d’exemplaires, classé
troisième dans les cinquante meilleurs albums de ProgRock de Rolling Stones. C’est
l’album le plus vendu par le groupe au cours de sa longue carrière. Même si
Rush avec cet album, s’éloigne un peu plus du rock progressif de ses
débuts, il signe avec Moving Pictures un album totalement incontournable qu’on
ne peut ignorer. Et sinon, toi, t'attends quoi ?
Tracklist de Moving Pictures :
01. Tom Sawyer 02. Red Barchetta 03. YYZ 04.
Limelight 05. The Camera Eye 06. Witch Hunt 07.
Vital Signs
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