Oui, je suis d’accord avec vous, le format EP, ce n’est pas ce qui donne le plus envie de s’intéresser à un groupe. Peu de titres, une durée dépassant rarement la demi-heure… C’est pourtant grâce à cet EP que j’ai personnellement découvert Sacred Reich en 1988 et que ce groupe est rapidement devenu l’un de mes préférés de la "Thrash connection". 

Ce groupe américain originaire de Phoenix (Arizona) a seulement un album à son actif à l’époque, l’excellent Ignorance, sorti l’année précédente. Surf Nicaragua va permettre d’accroitre la notoriété de Sacred Reich, grâce notamment au titre éponyme qui va vite devenir un incontournable de chaque concert du groupe. Il faut dire que ce morceau a tout pour plaire.
Intro estivale. Une plage, les oiseaux, les vagues… piiiiiuuuuuuuuBOUM ! En quelques secondes, l’ambiance de farniente se transforme en scène de guerre. Le Thrash saccadé de Sacred Reich prend possession des lieux et, comme un débarquement de G.I. sur une plage paradisiaque, ça déménage d’entrée. Sacred Reich est un groupe qui adore changer de rythme dans ses morceaux et Surf Nicaragua est un modèle du genre à ce niveau. Ca speede, ça ralentit, ça re-speede... A cela, on ajoute une batterie pas linéaire pour un sou (avec notamment une belle démonstration du batteur Greg Hall au milieu du titre). Sur le break instrumental, on notera également, pour le clin d’oeil, ce riff emprunté aux Beach Boys (normal, ça reste LA grosse référence de la surf music). On retrouve ce côté dérision dans les paroles : "First You'll need a haircut and then some new clothes they'll stick you in a jungle to play G.I. Joe", ce qui n’empêche pas au message de rester bien vindicatif (la marque de fabrique de Sacred Reich qui, sur son premier album, avait déjà envoyé quelques pamphlets bien cinglants).
Ne cherchez pas, ce titre est une bombe, un classique incontournable du groupe et vaut à lui seul l’acquisition de cet EP.

Mais ça ne s’arrête pas là. Le titre suivant, One Nation, annonce en quelque sorte le futur album, The American Way. Le rythme est globalement plus lourd (mais bien sûr, quelques accélérations sont présentes), le refrain bien torché. Bonne compo.
Puis vient la reprise de War Pigs de vous-savez-qui. Elle est jouée plus rapidement que la version originale mais reste globalement fidèle. Elle complète également la thématique antimilitariste du titre éponyme.
Enfin, Draining You Of Life, titre exhumé de leur première démo et réenregistré pour l’occasion, nous ramène au style du premier album, plus agressif et bien rapide. Très bon morceau qu’il aurait été dommage de laisser à l’état de démo.
L'EP a été complété par deux compos live issues du premier album, Ignorance et Death Squad. De très bons morceaux mais leurs versions live n’amènent pas grand-chose de neuf, étant joués à l’identique et on ne peut pas dire que l’on entende énormément les réactions du public (à part entre les deux morceaux et à la fin).

Mais bon, ces deux titres live, qui ne devaient en fait figurer qu’en bonus pour l’édition CD et qui ont finalement terminé sur toutes les versions du EP, ne sont pas ce que l’on retiendra, évidemment. Une reprise sympa, un morceau cultissime, deux titres inédits intéressants, ça nous fait quatre bonnes raisons de posséder cet EP, d’une durée de vingt-six minutes quand même (ce n’est que trois de moins que Reign In Blood, finalement…)

Complément idéal à Ignorance et The American Way, Surf Nicaragua est aussi indispensable et mérite de faire partie de toute CDthèque qui se respecte.
A noter que les heureux détenteurs de ce CD possèdent aujourd’hui un collector car il n’a jamais été réédité sous ce format. On le trouve maintenant uniquement couplé avec le premier album. 

Tracklist de Surf Nicaragua :

01. Surf Nicaragua
02. One Nation
03. War Pigs
04. Draining You Of Life
05. Ignorance (live)
06. Death Squad (live)