Artiste/Groupe:

Sangdragon

CD:

Requiem For Apocalypse

Date de sortie:

Mai 2015

Label:

Wake Up Dead Records

Style:

Metal extrême orchestral et médiéval

Chroniqueur:

Orion

Note:

16/20

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Opera Of The Ancient War Spirit de Daemonium, ça vous rappelle peut-être quelque chose ? En 1993, si vous étiez un lecteur assidu des premiers numéros de Metallian, vous êtes forcément tombés sur les pubs Adipocere qui vantaient cet album, une combinaison quasiment inédite alors de Black Metal et musique orchestrale, on parlait même d'Opéra extrême. Forcément alléchant ! Comme beaucoup, je l'avais acheté (le pouvoir de la pub !). Et comme beaucoup, j'avais été très déçu. Déjà parce que la production de l'album, vraiment pitoyable, gâchait tout. Ensuite, opéra extrême... il faut le dire très vite. Pas franchement extrême puisque du black metal, on n'en entendait pas des masses sur cet album (qui était plus à considérer comme un EP, puisqu'il durait à peine une demi-heure) majoritairement ambient. Et pas opéra non plus ; du moins, pas la définition que j'en ai... je ne dis pas qu'il n'y a pas un public pour ce genre d'album, mais ça ne me correspondait tout simplement pas.
Lord Vincent, le responsable de ce one man band, donna une suite à ce premier jet sous le nom de Akhenaton cette fois-ci, deux ans plus tard. Un album plus long (Divine Symphonies, toujours chez Adipocere), dans le même esprit musical, avec passages black metal (peu) sur une musique majoritairement ambient et orchestral, un peu mieux produit (mais pas tellement plus). Un album écouté mais pas acheté, malgré les pubs de nouveau alléchantes. On ne se fait avoir qu’une fois…

Après Daemonium (le plan psychique du personnage central, Serphanim) et Akhenaton (son plan astral), Sangdragon (le plan physique) est donc le troisième (et dernier ?) volet de cette aventure musicale (on note la continuité dans le style du logo du groupe). Vous allez me dire que je suis un peu maso de tenter de chroniquer ce troisième album en n'ayant pas apprécié les deux premiers. C'est pour le descendre ? Pas du tout... Car, de toute évidence, il y a eu du changement. Il faut dire que près de vingt ans se sont écoulés entre le second volet et celui-ci. Et en vingt ans, il s'en passe des choses !
Déjà, première chose et pas la moindre puisque c'est ce qui m'avait gêné sur le premier volet, le son est bon (Stéphane Buriez de Loudblast a été appelé en renfort pour la production). Il n’apparaît pas complètement aplati comme il l'était avant.
Second point, le projet n'est plus un one man band mais un vrai groupe avec de vrais musiciens. Lord Vincent est au chant et il est épaulé par Edouard Verneret (claviers), Matthieu Asselberghs (Nightmare) à la guitare et Will Hien à la basse. On a aussi une vraie batterie cette fois-ci, tenue par Régis Cognard.

Et est-ce la raison du troisième changement ? La musique !
En effet, ce troisième volet est bien plus marquée par le Metal que les deux premiers. On pourrait même dire que c'est l'opposé, tant les parties metal sont majoritaires et en avant alors les parties ambient sont reléguées au second plan.
J’ai pourtant cru qu’on repartait sur les mêmes bases avec l’intro de deux minutes faite de chœurs en latin sur un fond ambient / orchestral, un peu comme sur les deux volets précédents où il fallait attendre cinq minutes avant d’avoir le son d’une guitare électrique. Mais ici, ce n’est que l’intro qui lance l’album. Car derrière, on trouve des morceaux d’un vrai Black/Death Metal qui déchire, avec des chœurs ici et là qui habillent parfaitement les titres (gros travail sur les chœurs, on se croirait parfois chez Epica). On rencontre aussi quelques voix féminines qui viennent régulièrement mettre un peu de relief à l’ensemble. Quelques titres me font penser à l’esprit du Septicflesh, époque Ophidian Wheel / A Fallen Temple notamment (Deep Dark… Descent, The Silent Plague). Du très bon, quoi !
Les bonnes idées fusent sur chaque morceau, on ne reste pas cantonné dans un seul style musical du début à la fin. Illustration avec Father Of All Kings, un titre plus heavy que black avec pas mal de variations, entre guitare hispanisante, chœurs médiévaux du plus bel effet et solo de guitare bien sympa. A mon avis, le moment fort de cet album.
Il reste bien sûr des traces de l'esprit des deux premiers volets comme sur le morceau Krakenfyr, le seul de cet album entièrement ambient / orchestral ou sur la première partie de Thy Foe's Funeral. Mais quand ce n'est pas sur toute la durée d'un album, ça passe bien mieux. On trouve aussi quelques ambiances médiévales (Winged Blade, Father Of All Kings évoqué plus haut) et orientales (Krakenfyr) qui viennent enrichir le propos et font le lien avec l’œuvre précédente.

Oubliez donc ce que vous saviez / aviez écouté de Daemonium et Akhenaton. Si comme moi, vous avez boudé les deux réalisations précédentes pour les raisons citées plus haut, il n’y a plus de raison de le faire aujourd’hui. Car si ce Requiem For The Apocalypse en est la continuité au niveau du concept, il peut être considéré comme l’album d’un tout nouveau groupe, bien plus professionnel.
En revanche, si vous aviez apprécié ou si vous ne connaissez pas les œuvres précédentes, vous pouvez vous ruer sur cet album sans aucune appréhension, la qualité est là !

Tracklist de Requiem For Apocalypse :

01. Waterborn
02. Front Of Steel
03. Deep Dark... Descent
04. Father Of All Kings
05. Rotten Inside
06. Back To Dust
07. The Silent Plague
08. Krakenfyr
09. Thy Foe's Funeral
10. Winged Blade