Sapiens est un projet porté par Nicolas Foucaud, leader de
Los Disidentes Del Sucio Motel et Thibault Fassler. Leur but a
été de composer un album acoustique de dix titres, destinés à autant de
chanteurs issus de la scène Rock et Metal française. En partant d’une simple
démo à deux guitares, les vocalistes choisis ont eu carte blanche pour écrire
textes et mélodies. Après avoir récupéré les prises de
chacun, Nicolas et Thibault, entourés de nombreux musiciens
additionnels, ont arrangé puis enregistré les dix chansons, pas toutes dans la
facilité selon leurs dires. Mais dès la première écoute on peut
constater que l’ensemble de l’album fait preuve d’une grande
homogénéité, ainsi que d’une grande sincérité,
Nicolas et Thibault ayant réussi le pari de faire sortir les
vocalistes de leur zone de confort.
L’album débute par la chanson Surreal Estates portée par la voix
plaintive de Julien Pras (Mars Red Sky), son orchestration est bien pensée, les
parties de piano et de violons donnent vraiment du relief aux interventions de
Julien. On reste sur le ton de la mélancolie avec Palm Prints, et
c’est Mathieu Dottel le vocaliste de Bukowski qui s’y colle. Pour ma part cette ballade aux
accents grungies est mon premier coup de cœur de l’album, ses lignes mélodiques
écrites par Mathieu sont magnifiques, comme pour le refrain, chaque couplet
reste gravé dans la tête, puis que dire de cette voix qui se suffit à
elle-même. Après l’avoir écoutée plusieurs fois
d’affilée, je passe aux chansons suivantes. Tout d’abord Dead Ringers avec
Julien Cassarino, un des deux vocalistes du groupe Psykup. Sur ce titre un peu plus enjoué, on peut
apprécier le chant clair de Julien qui a un joli timbre de voix. Suit Pure
Love Ashes dont le chant est assuré par Steve Perreux, membre de
Robot Orchestra, ce titre appuyé par une section de cuivres est plus
énergique que ses prédécesseurs, on a même droit à un solo de
trompette vers la fin. Encore une belle orchestration de la part du duo. Pour la cinquième
compo, Red Wine Lullaby, c’est au tour de Cédric Toufouti
(Hangman’s Chair) de poser sa voix. Son chant plaintif nous embarque dans son
univers tourmenté et derrière lui, la rythmique basse / batterie très
appuyée rajoute du relief et de l’intensité à sa performance. Ce gars
poussé dans son groupe par ses deux potes (ou despotes) Medhi et
Julien à prendre conscience de son potentiel vocal, ne fait que se bonifier.
Et là j’avoue que je suis bluffé par sa prestation, Cédric
est vraiment sorti de sa zone de confort, comme le souhaitaient Nicolas et
Thibaud pour leur projet. Et sur le prochain titre, comme vous allez le voir et
l’entendre dans la vidéo ci-dessous, c’est au tour de Poun, un des
chanteurs de BBÄ de se mettre en danger en défendant son texte
intitulé Still down. Pour cette ballade aux accent US, le vocaliste est dans un
registre à l’opposé de ses performances habituelles et au contraire de
Nicolas, j’étais loin de penser qu’il était capable de
faire passer autant d’intensité et d’émotion dans sa voix. Sur le final de
la chanson, il est incroyable et rien que pour ça il peut dire : Poun ! Je
m’appelle "Axel" Poun !
Passée cette belle performance, nous avons droit à un
entracte Punk Bluesy avec C’est Génant, un titre rafraichissant écrit
avec Mat Peq, le chanteur de Babylon Pression qui dénote du reste de l’album.
Son coté délirant me fait penser à certaines chansons de Jacques
Higelin période BBH75 et Irradié. Pour Wake Up
Cal, chantée par Daniel Scherding, on retrouve une belle ballade
Folk, avec un final qui nous donne envie de chanter à tue-tête. On reste dans le registre
Folk avec le titre Cognitive Dissonance, le violon omniprésent lui donne un
coté ballade irlandaise, puis j’y découvre une voix qui m’émeut,
alliant force et délicatesse, celle de Guénolet Folin (Forest
Pooky) qui jusqu’à aujourd’hui m’était totalement inconnue.
Cette compo, tout comme Palm Prints, Red Wine Lullaby et Still Down, fait partie de
mes gros coups de cœur de cet album. Mais mon number one c’est le dernier, Le Feu Qui
Danse, chanté par Reuno de
Lofofora, son magnifique texte porté par sa voix
enfumée me fait dresser les poils, cette chanson ne peut s'expliquer, elle
s’écoute !
Depuis plusieurs semaines, je prends un plaisir fou à écouter et
réécouter cette merveille. Nicolas et Thibaud, par
leurs arrangements, ont su vraiment magnifier le travail rendu par ces dix performeurs. Mais
c’est aussi parce que tous les acteurs de ce projets, musiciens compris, se sont investis corps
et âmes que nous avons avec Sapiens un des albums les plus beaux et sincères de
l’année !
Tracklist
de Sapiens :
01. Surreal Estates (Julien Pras-Mars Red
Sky) 02. Palm Prints
(Mathieu Dottel-Bukowski) 03. Dead Ringers (Julien
Cassarino-Psykup) 04. Pure Love Ashes (Steve Perreux-Robot
Orchestra) 05. Red wine lullaby (Cédric Toufouti-Hangman’s
Chair) 06. Still Down (Poun-Black Bomb Ä) 07. C’est gênant (Mat
Peq-Babylon Pression) 08. Wake Up
Cal (Daniel Scherding-Los Disidentes Del SucioMotel) 09. Cognitive Dissonance (Guénolet
Folin-Forest Pooky) 10. Le feu qui
danse (Reuno-Lofofora)
|