Artiste/Groupe:

Scanner

CD:

The Judgement

Date de sortie:

Janvier 2015

Label:

Massacre Records

Style:

Power Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14/20

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Scanner n'est donc pas mort. Quelle surprise ! Des années et des années qu'on nous avait annoncé que le groupe allemand avait recruté de nouveaux membres (dont un chanteur appelé Efthimios Ioannidis) et toujours pas d'album en vue... Il suffisait d'être patient : c'est en ce mois de janvier 2015 que ces vétérans officiant dans le speed teuton effectuent enfin leur retour, treize ans après leur dernier disque en date, le pas franchement fameux Scantropolis. De toute façon, Scanner a habitué ses fans à recevoir ses sorties de manière très espacée : le premier album du groupe (Hypertrace) a vu le jour en 1988 et le petit nouveau, The Judgement, qui arrive aujourd'hui n'est en fait que le sixième effort du combo. Voilà, six albums en vingt-sept ans, il ne faut pas être pressé. Autre particularité du groupe : les innombrables changements de personnel. Une seule constante : le guitariste Axel "A.J." Julius présent depuis les débuts de Scanner. A part ça, Ioannidis est le cinquième chanteur que la formation voit passer et il y a eu à peu près autant de batteurs, guitaristes ou bassistes. Ne vous attachez donc pas trop aux musiciens, il est fort possible que tout ce beau monde ne soit plus là d'ici peu. Histoire de ne pas être accusé de ne pas faire mon travail, je vous lâche quand même les noms des zicos impliqués : en plus de Julius et Ioannidis déjà cités, Andreas Zeidler (guitare), Jonathan Sell (basse) et Patrick Klose (batterie) jouent sur The Judgement. Voilà. On passe à la musique ?

La dernière fois qu'on a eu du Scanner à se mettre sous la dent, c'était avec Scantropolis... et autant le dire tout de suite, la soupe (le terme n'est pas choisi par hasard) n'a pas régalé tout le monde. La tentative d'élargissement d'horizons, compos flirtant avec la pop metal et chanteuse (pas très impressionnante) à l'appui, a déçu beaucoup de fans qui n'ont tout simplement pas reconnu leurs idoles. Oui, on peut aimer (ou pas) Scantropolis mais accordons-nous sur une chose : ça ne sonnait vraiment pas comme du Scanner. Aujourd'hui, avec The Judgement, c'est "machine arrière toute !". Et voilà, pour bien réussir leur retour, Julius et ses sbires nous font donc le coup prévisible (mais prudent) du fameux "retour aux sources". Mais est-ce que ça marche ? Oui, plutôt. Après une courte intro très justement appelée Intro (ça change de tous ces noms en latin, n'est-ce pas ?), déboule F.T.B. (Fuck The Bastards). Au-delà du titre, on ne peut plus direct et explicite, on sent chez nos Allemands l'envie d'en découdre... et musicalement, ça se traduit par du bon speed au riff incisif et nerveux (pas si éloigné du thrash). Efficace. Allez, c'est cadeau :

Alors, ça vous a plu ? Si c'est le cas, vous allez aimer The Judgement. Voilà un album qui sonne vraiment comme les débuts de Scanner. Même la production, imparfaite, pas ultra-propre mais fougueuse (et mettant bien les guitares en avant) rappelle les 80's. Clairement, ça ne sonne pas comme du power mélodique européen moderne. Est-ce un bien ou un mal ? Chacun tranchera selon ses goûts et envies. Pour ce qui est de la musique proposée sur ce nouvel opus, les fans de Hypertrace et Terminal Earth vont être à la fête. The Judgement aurait pu voir le jour juste après (ou entre) ces deux albums, personne n'aurait trouvé ça choquant. Quasiment aucun clavier au menu, pas trop d'arrangements, (presque) zéro détour par des chemins pseudo prog ou sympho... Scanner est revenu pour vous balancer du bon vieux speed tranchant où les guitares sont reines. La preuve avec Nevermore et Warlord qui suivent directement F.T.B. Avec ces compos, on est à mi-chemin entre l'euro speed mélodique ancestral et du bon vieux heavy thrashisant assez lourd et agressif comme le pratiquent certaines formations américaines (Warlord me fait notamment penser, surtout sur le pré-refrain, à du Vicious Rumors). On notera d'ailleurs, toujours sur Warlord, une volonté de la part du vocaliste de se rapprocher d'un chant plus aigu à la Ripper Owens (mais en moins impressionnant). Le tempo ralentit un peu avec Eutopia sur lequel Ioannidis se livre à une imitation assez réussie de Ralf Scheepers (ex-Gamma Ray, Primal Fear). Le compo est classique et permet au groupe de peaufiner son côté mélodique. Pas mal. Le rythme s'accélère à nouveau avec la chanson titre qui possède un souffle épique sympathique et des parties de guitares bien chiadées. On reste dans un style assez proche avec The Battle Of Poseidon qui fait parler le riff rapide old-school et la double grosse caisse avant de balancer un refrain soutenu par des choeurs qui lui donnent un peu de prestance. L'univers demeure marin avec Pirates qui est sans doute l'une des nouvelles compos qui, aidée par sa production, sonne le plus 80's. Toujours pas de baisse de régime jusque-là. Mais il fallait bien que ça arrive, Known Better, pourtant pas mal gaulée, me laisse indifférent. Je ne la trouve pas très entraînante et la mélodie du refrain ne me séduit pas plus que ça. Le contraste avec celui de la compo suivante, The Race, n'en est que plus saisissant. Retour au speed racé sur le couplet avant ce super refrain (l'un des plus mémorables de cette galette, à mon avis) enjolivé par de bons choeurs et soutenu par une double grosse caisse de circonstance. L'aventure se termine avec The Legionary, une compo connue des fans car sa démo traîne sur le net depuis 2009. C'est le seul titre qui montre un visage un peu plus progressif... les claviers sont d'ailleurs de sortie et la structure et les mélodies sortent un peu du cadre proposé par les autres chansons de l'album. 

Comme souvent avec Scanner, le son n'est pas grandiose. Cependant, il est bien meilleur que sur les deux albums précédents (Ball Of The Damned et Scantropolis) car plus puissant... et j'aime bien son aspect un peu brut, pas trop léché. Quant au nouveau vocaliste, il est bon mais pas renversant non plus. Disons qu'il manque peut-être un peu de personnalité. Enfin, j'ajouterai juste que j'aime vraiment bien le Scanner des années 90 (Mental Reservation et Ball Of The Damned sont les disques du groupe que je préfère) ce qui explique le fait que j'apprécie The Judgement sans en être fou. Les mélodies et arrangements (le chant de Haridon Lee aussi) me convenaient plus que ceux déployés aujourd'hui. 

Avec The Judgement, Scanner revient à un metal old-school, fougueux et véloce... faisant comme si Scantropolis n'avait jamais existé et c'est sans doute mieux ainsi (ce dernier restera une petite erreur de parcours... ça arrive). Les morceaux sont bons, bien construits avec des guitares affutées et des mélodies assez simples, directes, qui vont droit au but. A l'image du "nouveau" chanteur (il a quand même rejoint le groupe en 2002), c'est rarement génial ou transcendant mais efficace. Julius reste un guitariste performant doublé d'un compositeur talentueux. Les fans des premières heures vont pouvoir se faire plaisir avec ce nouvel opus pour le moins inespéré. Les curieux auront peut-être l'occasion de découvrir un honnête artisan de la scène metal allemande... sans doute pas le plus remarquable ou reconnu du genre, certes, mais un groupe attachant au savoir-faire certain et dont le nom reste synonyme de qualité.  

 

Tracklist de The Judgement :

01. Intro
02. F.T.B.
03. Nevermore
04. Warlord
05. Eutopia
06. The Judgement
07. The Battle Of Poseidon
08. Pirates
09. Known Better
10. The Race
11. The Legionary