Artiste/Groupe:

Scarlean

CD:

Soulmates

Date de sortie:

Novembre 2019

Label:

Mystyk prod

Style:

Alternative Nu Metal

Chroniqueur:

dominique

Note:

15/20

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Il y a des fois où le timing d’une review peut vous jouer un mauvais tour. C’est malheureusement un peu le cas pour cette chronique du second album de Scarlean, Soulmates. Les Avignonnais sortent pourtant là un LP de bonne facture, quatre ans après la sortie de Ghost, un album qui vient d’être réédité chez Mystyk prod. Beaucoup dans Soulmates relève de l’excellence, et peu du « peut mieux faire ». Mais voilà, cet album qui aurait pu recevoir une excellente note à une autre période, va être pénalisé par des éléments extérieurs liés à l’écoute récente d’albums exceptionnels. Le chroniqueur reste humain ; et malgré sa bonne volonté et son impartialité, il ne peut complètement s’extraire de ce qui l’entoure. Bon, assez de bla-bla, penchons-nous un peu plus sur cet album qui a été produit et commercialisé par l’intermédiaire du crowdfunding.

Le quintet de Scarlean a bien travaillé. Il a créé dix titres et s’est attaqué à une reprise pour laquelle il a bénéficié de la voix d’une invitée de prestige. Regroupés dans cet album, cela donne presque une heure d’immersion à l’auditeur. Peut-être un peu long, si je considère la petite lassitude d‘écoute que je ressens sur les deux ou trois derniers titres. Les influences ou les références sont perceptibles, sans être ultra visibles. Ainsi, si des touches de Pain of Salvation, Korn, Leprous ou encore Slipknot peuvent être ressenties, à aucun moment Scarlean ne tombe dans l’adoration ou la copie de ces groupes. Les musiciens font un excellent travail. Il faut notamment souligner la qualité de la partie rythmique, basse et batterie. Par exemple, si Olivier Jacquet et sa basse sont présents, ils ne prennent une position plus visible que pour apporter de la matière à certains titres. Même constat pour la batterie d’Eric Lebailly, qui a été convié pour les sessions d’enregistrement. Il reste donc suffisamment de place pour permettre à la voix d’Alexandre Soles et aux guitares de Geoffrey Vo Van Chieu et Michel Canavaggia de mener le groupe où ils le désirent.
Je couperai Soulmates en deux phases assez distinctes. Une première partie plus metal qui va s’étendre jusqu’à Treat Me Bad, et une seconde partie rock alternatif qui va guider l’auditeur jusqu’au bout de l’album. Si j’ai beaucoup aimé la première partie (surtout si je mets la reprise Wonderful Life de côté), je reste un peu sur ma faim pour la seconde partie. Le trio de titres d’ouverture est d’excellente facture. Le très bon Next To The Makers, le puissant Haters et le plus haché et progressif, Wasting my Time permettent au groupe de montrer ses qualités et aux instruments d’envoyer du lourd. A la frontière du Nu Metal et du Metal alternatif, le trio scotche l’auditeur dans son fauteuil. Les morceaux sont imprégnés des atmosphères que peuvent produire les références des styles susnommés. Franchement, sur ces trois titres, Scarlean n’a rien à envier aux monstres US que sont Korn et Splipknot. C’est agressif, sombre et violent juste ce qu’il faut.

J’aime beaucoup Perfect Demon et son atmosphère noire, à la limite malsaine. Le titre a un groove et un rythme qui fait ressentir au mieux l’amour malsain qui est en son cœur. Il est également porté par les bonnes variations de voix d’Alexandre. Les influences sont ici, comme dans l’autre excellent titre Treat Me Bad, plus mélangées, avec de nettes touches du metal progressif scandinave de Pain of Salvation. Dix minutes pour se régaler, malheureusement (selon moi) entrecoupées par la reprise du hit des années 80, Wonderful Life. Le titre de Black trouve ici une seconde vie pas inintéressante, mais pas non plus pas révolutionnaire. Si la voix d’Anneke Van Giersbergen accompagne parfaitement celle d’Alexandre, je peine à trouver un réel intérêt à cette reprise, surtout quand je la compare à l’excellent Treat Me Bad qui la suit. Vraiment, cette première partie d’album a beaucoup pour elle.

Comme annoncé, plus haut la seconde partie de Soulmates sera plus rock alternatif. La suite des titres reste toutefois logique avec une approche rythmique assez similaire. L’empreinte metal va progressivement se diluer. Encore bien perceptible dans You’ll Never Know, elle va réduire encore dans le sombre Our world Will Surely Stop. Une sorte de migration entre PoS et Leprous. Ce changement n’est pas désagréable en soi ; mais il n’est que la phase initiale de ce qui va suivre. A Lie to Remember n’est pas pour moi. Pas mauvais en soi, je trouve que le titre montre les limites actuelles du groupe. Ego et son introduction que l'on dirait empruntée à The Fly de U2 est intéressant quoi qu’un peu trop aguicheur. The Smell of the Blood clôt l’album sur une relativement bonne note. Si le titre est pénalisé par sa position, il n’en demeure pas moins construit de manière intéressante, dans une approche prog qui sied assez bien au groupe.

Scarlean sort donc avec Soulmates un album qui confirme leur talent ainsi que leur progression. Il reste certes encore quelques failles dans l’armure du groupe, mais rien de grave si l’on considère que ceci n’est que leur deuxième album. Certainement un groupe à suivre et à voir sur scène s'il passe dans votre région.

 

Tracklist de Soulmates :

01. Next to the Maker
02. Haters
03. Wasting My Time
04. Perfect Demon
05. Wonderful Life
06. Treat Me Bad
07. You’ll Never Know
08. Our World Will Surely Stop
09. A Lie To Remember
10. Ego
11. The Smell of the Blood

 

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