Artiste/Groupe:

Sepultura

CD:

Machine Messiah

Date de sortie:

Janvier 2017

Label:

Nuclear Blast

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

16.5/20

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Que dire de Sepultura en 2017 ? Trente-trois ans de carrière, déjà ce n’est pas une paille, quatorze albums et deux ères différentes avec et sans les Cavalera qui depuis conspirent sans trop d’inspiration. Je ne souhaite pas entrer dans les détails dignes d’une mauvaise télé-réalité qui aurait pu s’appeler « Soapultura, ou comment vivre sans le père… ». Je préfère simplement retenir que deux formations de qualités valent mieux qu’une… Mais ce qui est assez nouveau, c’est que les mouches ont commencé à changer d’âne depuis quelques années. La faute a de très bonnes productions côté Sepultura dont deux belles réussites de suite, Kairos et The Mediator Between Head and Hands Must Be the Heart, et à de nombreuses productions côté Cavalera plus discutables même si Archangel a aussi des qualités.


Voici Machine Messiah, nouvel album de la part des Brésiliens, dont je ne vous cacherai pas mon scepticisme à l’écoute des deux premiers extraits qui nous ont été donnés de découvrir sur le net. Tout d’abord I Am The Enemy, un morceau de bonne facture thrash/hardcore mais sans vraiment d'apport considérable à la carrière du groupe. Quant à Phantom Self, il laissait présager un album plus hétéroclite, grâce à un pont dantesque, des solos de haute volée et malgré quelques longueurs, le titre se montrait accrocheur. C’est d’ailleurs ce titre qui m’a donné envie de me pencher un peu plus sérieusement sur cet album.
Et honnêtement, je n’ai pas été déçu, bien au contraire. Sepultura a pris des risques, de bons risques, des risques créatifs qui donnent de l’âme à une production, qui donnent des vibrations et qui font que l’on peut parler d’artistes et non pas de simples répliques.

Déjà, l’ajout du Myrath Orchestra, avec son savoir-faire oriental, offre de nouvelles perspectives aux Brésiliens. Il intègre parfaitement les univers proposés, et contrairement à ce qu’apporte souvent ce genre de contribution, ne rend pas les compositions plus aérées. En revanche l’orchestre accompagne les guitares à la perfection et en profite pour saupoudrer par-ci, par-là d’un solo acoustique pour diversifier les plaisirs. Il permet même de penser à des productions de black metal symphonique sur un titre comme Sworn Oath, ce qui est franchement nouveau chez Sepultura. Phantom Self ainsi que Resistant Parasites font preuve d’une collaboration qui se fait dans le respect de l’univers de chacun pour rendre le tout d’une cohérence assez surprenante car nous sommes ici loin de l’univers de « base » du groupe.

Puis d’autres morceaux comme Machine Messiah ou encore Cyber God sont eux aussi des morceaux inhabituels. Le premier est un morceau progressif, et là aussi, contrairement aux habitudes du groupe qui débutent souvent ses albums par une boucherie en bonne et due forme, on rentre dans un monde froid et d’un calme inquiétant. La voix de Derrick Green se fait douce, sur un riff principal lancinant qui monte en puissance tout au long des six minutes qui composent ce titre. Cyber God est lui aussi mid-tempo, mais malgré les tentatives de crossover entre différents styles, le morceau ne décolle vraiment jamais et ne restera pas forcément comme une conclusion digne de la qualité de ce Machine Messiah.


Il ne faut tout de même pas oublier que Sepultura reste tout de même un groupe de Thrash qui est toujours capable de nous mettre quelques petites volées de bois vert. Comme je le disais en préambule, I Am The Enemy est correct sans être indispensable. Mais alors, que ce soit Silent Violence ou Vandals Nest, voilà des morceaux qui vont forcément déclencher des vagues de pogos dans les salles où ils seront joués. L’énergie est punk, la technique flirte entre le Thrash et le Death et on en prend plein les oreilles pour un plaisir instantané.

Et puis il reste pour moi un vrai chef d’œuvre : Iceberg Dances. Alors même si Derrick Green n’est pas toujours exceptionnel dans sa manière de poser ses lyrics, le fait que ce soit un titre sans chant n’a rien à voir avec le fait que ce morceau soit exceptionnel. C’est ici un véritable voyage que nous propose le groupe, c’est puissant par instant, magique par moment, douceur et violence se côtoie, pour une des compositions les plus ambitieuses de toute la carrière du groupe. Andreas Kisser est en pleine forme sur ce titre et emmène l'auditeur vers des sommets de plaisir. Paulo Jr fait le job, comme à son habitude. Mais le vrai plus depuis son arrivée au sein du groupe, c'est Eloy Casagrande, batteur exceptionnel qui va vite faire oublier son illustre prédécesseur.

Alors que dire de Sepultura en 2017 ? Vous l’aurez compris, nous sommes ici face à ce que Sepultura a fait de mieux depuis le début de sa deuxième vie. Certainement décomplexé de sa vie antérieure, le groupe donne du cœur à l’ouvrage et cela se sent dans ses compositions, dans sa capacité à proposer des morceaux variés et contrairement à son prédécesseur qui était un peu monochrome, cet album est un artifice de couleur pour notre plus grand bonheur.


Tacklist de Machine Messiah :

01. Machine Messiah
02. I Am The Enemy
03. Phantom Self
04. Alethea
05. Iceberg Dances
06. Sworn Oath
07. Resistant Parasites
08. Silent Violence
09. Vandals Nest
10. Cyber God