Eh ben... huit ans... c'est qu'on a failli attendre ! Oui, The Great Escape, dernier méfait des Suédois, est bien sorti fin 2010... Il faut dire que, depuis un peu plus de six ans, le chanteur Tommy Karevic a été bien occupé par ses nouvelles fonctions de vocaliste chez Kamelot. Entre les albums et les tournées sans cesse enchaînés du groupe américain, Seventh Wonder a tout de même (et enfin !) trouvé le temps de composer et enregistrer Tiara, un concept album (lié à l'histoire développée sur la compo The Great Escape) qui se trouve être le cinquième opus de sa discographie. 

Après la petite intro orchestrale (mais sans vrai orchestre) de rigueur, arrive The Everones qui peut faire très plaisir dans la mesure où l'on retrouve immédiatement ce que l'on aime chez Seventh Wonder... mais qui peut aussi légèrement décevoir, dans ses toutes premières mesures du moins, tant celles-ci ressemblent beaucoup au début de Wiseman, première chanson du disque précédent. On ne s'affole pas, ce n'est que le début de l'album, il est un peu tôt pour accuser le groupe d'auto-plagiat... et puis, c'est peut-être un clin d'oeil. De plus, on n'a pas eu de nouvelles des Suédois pendant huit ans, on ne va pas commencer à râler alors que l'heure est aux retrouvailles et qu'entendre à nouveau ces excellents musiciens procure un plaisir immédiat indéniable. Donc oui, le son du groupe est bien préservé (mêmes types de claviers, même son de guitare), pas grand-chose ne semble avoir bougé depuis 2010, le riff de départ est très semblable à celui de Wiseman... mais dès qu'arrive le chant (un peu plus en retrait que d'habitude dans le mix), c'est bien une nouvelle chanson qui s'offre à nous, les mélodies n'ont plus rien à voir et une voix robotique s'invite même brièvement à la fête avant le refrain (voilà pour le petit élément de surprise). Un break épique se glisse là-dedans, la prod est soignée, la maîtrise instrumentale toujours au rendez-vous, le refrain accrocheur avec ses "one chance to live, your choice to die" le fait carrément... et qu'il est bon de retrouver la voix de Tommy Karevic non contraint de coller au style Kamelot (et donc de trop imiter Roy Khan) !

La suite ne démérite pas et l'on retrouve tout le savoir-faire des Suédois sur des pistes riches, variées, enlevées et qui regorgent de lignes de chant enjôleuses. Mention spéciale à Victorious dont le refrain est conçu pour bien se loger dans votre tête. La musique de Seventh Wonder renvoie parfois aux débuts de Dream Theater ou de Symphony X et quand on aime ces références, c'est évidemment très plaisant. Les performances des différents musiciens sont à relever, comme le genre l'exige, mais ce sont le soin apporté aux mélodies et un côté humain / émotionnel très présent qui retiennent l'attention. La technique a beau être de la partie (les amateurs de virtuosité seront servis), nous ne sommes pas confrontés à un objet outrancièrement démonstratif ou froid. On notera aussi les efforts faits pour varier le propos et les ambiances (à ce titre, j'aime beaucoup la jolie intro à la guitare sèche sur Against The Grain qui contraste bien avec le reste du morceau). Quasiment à mi-parcours arrive la pièce progressive Tiara's Song que je trouve imparable, en grande partie grâce à la prestation de Karevic et à son refrain superbement écrit. 

Au niveau de l'agencement des pistes, quelque chose d'un peu bizarre (pas totalement idéal à mon goût mais pas bien grave non plus) se produit à partir de Good Night. Cette dernière et les deux chansons qui suivent (Beyond Today et The Truth) sont toutes calmes (Good Night est plus progressive et changeante avec un break plus heavy mais l'ensemble reste tout de même assez doux). Elles ont heureusement chacune leurs caractéristiques, proposent de belles ambiances et sont globalement agréables à écouter (même si l'aspect sirupeux / mélodramatique de Beyond Today me parle moins et que The Truth, malgré ses percussions et orchestrations qui apportent une touche de variété à l'ensemble, ne me convainc qu'à moitié)... mais enchaîner trois morceaux soft crée, à mon sens, une trop longue accalmie et fait que ce début de deuxième moitié d'album manque un peu de punch. Bien heureusement, l'énergie refait surface avec la directe et galopante By The Light Of The Funeral Pyres qui, en dépit d'un son de clavier discutable sur l'intro, marque des points. Et si Damnation Below est un morceau dynamique irréprochable, c'est surtout Exhale qui marque la fin de ce disque. Cette dernière piste lâche les chevaux pendant neuf minutes trente (qu'on ne voit pas passer) de power prog qui évoque un mix Symphony X / Kamelot, comprend des envolées instrumentales de haut niveau (il y a même un chouette solo de basse) et un refrain épique mémorable.

Avec Tiara, Seventh Wonder a réalisé un album qui devrait ravir les fans de power metal progressif. Certes, ce n'est peut-être pas l'opus parfait que certains attendaient... La voix et les choeurs pourraient être plus en avant dans le mix (on les entend quand même très bien), certaines pistes font un peu retomber la pression (la deuxième moitié du disque démarre un peu trop calmement avec ses trois morceaux tranquilles d'affilée), les mélodies et formules employées par le groupe sont parfois assez familières ce qui limite l'effet de surprise... mais ces petits défauts (qui n'en sont d'ailleurs pas forcément, pas pour tout le monde en tout cas) ne viennent pas ternir un disque classe empreint de maestria et mélodies séduisantes. Le retour de Seventh Wonder est assurément une bonne nouvelle. On peut toujours (objectivement ou subjectivement, en fonction de nos propres goûts ou attentes) trouver à redire sur quelques aspects de l'oeuvre proposée mais les grands moments l'emportent aisément sur les bémols, ce qui fait de Tiara une belle aventure dans laquelle il est plus que plaisant de se plonger encore et encore. D'ailleurs, j'y retourne tout de suite.
 

Tracklist de Tiara :

01. Arrival
02. The Everones
03. Dream Machines
04. Against The Grain
05. Victorious
06. Tiara's Song (Farewell Pt. 1)
07. Good Night (Farewell Pt. 2)
08. Beyond Today (Farewell Pt. 3)
09. The Truth
10. By The Light Of The Funeral Pyres
11. Damnation Below
12. Procession
13. Exhale