Artiste/Groupe:

Shaman's Harvest

CD:

Red Hands Black Deeds

Date de sortie:

Juillet 2017

Label:

Mascot Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Didier

Note:

16.5/20

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Je vous avais alertés il y a pile trois ans, sur ce groupe américain lors de la sortie de Smokin' Hearts & Broken Guns. Peut-être m’aviez-vous suivi sur ce coup... eh bien sachez que le sixième album du groupe vient de sortir. Si vous n’aviez pas tenté l’expérience Shaman Harvest, voilà votre deuxième chance. L’album se nomme Red Hands Black Deeds. C’est un titre assez sombre qui reflète bien le contenu de l’album : du sombre ciselé avec amour et passion du détail, sur du bon vieux matos vintage, garanti bio et sans trace de numérique. A la production, on retrouve Keith Armstrong (Black Stone Cherry, Rise Against) qui, d’après les interviews des musiciens, a apporté sa patte sur pas mal de petites choses pour arriver à trouver ce son cru et authentique. Le line-up a été un peu bousculé depuis Smokin' Hearts & Broken Guns. Autour du noyau dur et fondateur, le chanteur Nathan Hunt et le bassiste Matt Fisher, on retrouve Josh Hamler à la guitare et on découvre Derek Shipp (guitare) et Adam Zemanek (batterie). On est aussi content de voir que les soucis de santé de Nathan sont derrière lui et qu’il est en grande forme vocalement.

L’album, comme je l’expliquais, est globalement assez sombre, tantôt sombre et énervé (riffé, gueulé, pêchu), tantôt sombre et résigné (acoustique, ambiant). Cette alternance donne une belle allure à cet album varié et sacrément burné qui nous réserve quelques belles surprises.
L’intro de l’album et ce titre qui donne son nom à l’album est déjà une surprise en soit : sur un fond de violon ou de viole, de percussions tribales lancinantes, d’un dreamcatcher chahuté par le vent, Nathan chante d’une voix très basse. Sa voix est doublée par une autre. C’est assez beau, solennel, comme une sorte de chant initiatique d’une tribu indienne (on se rappelle tout à coup que dans Shaman Harvest il y a "Shaman"). La méditation est interrompue par la basse de Matt Fisher qui vient tout défoncer pour l’intro de l’excellent Broken Ones, chanté bas, magnifiquement bien, au refrain accrocheur.
The Come Up, qui suit, est le single. C’est marrant mais le morceau (le chant surtout) me fait penser à un morceau d’INXS. Pas très metal comme référence c’est sûr, mais très bon morceau de rock, qui devrait tourner en boucle sur la bande FM Outre-Atlantique. A noter qu’une belle voix de femme vient se joindre à Nathan sur le final.
A Longer View est une seconde surprise de l’album, une ballade, très bien chantée, qui prend un peu tout le monde à contre-pied. Un peu mou-du-genou quand même.
Soul Crusher est un des meilleurs moments de cet album, très groovy, chanté à merveille, assez blues/soul, avec pas mal de chœurs. J’adore.
On continue dans les bonnes vibrations avec Off The Tracks, un morceau très blues, presque rockabilly. La voix de Nathan est un poil saturée, comme enregistrée avec un micro pourri. Ca donne l’impression d’avoir été enregistré dans un bouge du fin fond du Wisconsin.
Ca continue dans le minimaliste vintage du fin fond des bayous avec Long Way Home, un morceau presque a cappella, où Nathan chante (bien) sur quelques accords crus de guitare (encore une surprise).
On passe en mode stoner post grunge pour The Devil In Our Wake ; là encore, malgré l’intro un peu longue (et inutile), c’est une bonne composition, qui fait penser un peu à Nickelback.
L’ambiance se fait un peu feutrée, un peu James Bond-esque, pour Blood Trophies. La ligne de basse est excellente, le chant de Nathan est superbe, il est accompagné de bons chœurs style gospel, j’adore l’ambiance de ce morceau, sombre mais envoûtant. Le thème Red Hands And Black Deeds est repris, le break est assez surprenant, le final bien cool, non, vraiment un excellent morceau.
So Long est clairement stoner, avec basse et batterie hyper distordues. Le refrain est assez accrocheur, Nathan y fait quelques bons effets de voix.
Tusk And Bones en surprendra plus d’un, c'est la dernière bonne surprise de cet album. C’est un beau morceau très émouvant, acoustique, qui n’aurait surpris personne s’il avait été chanté par Ed Sheeran : guitares acoustiques, tambourin, quelques nappes de refrain et Nathan qui pose sa belle voix. On remarque un joli solo de guitare inspiré, joué à la slide. L’album se termine avec une session de désenvoûtement ; enfin, disons un truc bizarre. Le chant de Nathan est filtré, la musique minimaliste, tribale. C’est Scavengers et, attention, il faudra faire preuve d’un peu de patience pour trouver la blagounette que le groupe nous a réservée à la fin du morceau. En effet, à quatre minutes cinquante-deux (soit presque une minute après la fin de Scavengers), le groupe délire en mode cajun sur les prostituées qu’ils aiment retrouver pendant leur tournée. Rigolo !

Ce sixième album de Shaman Harvest me semble celui de la maturité. Inspiré, moderne, possédant un bon gros son vintage, de belles compos et un excellent chanteur. Difficile de passer à côté.

Tracklist de Red Hands Black Deeds :

01. Red Hands Black Deeds
02. Broken Ones
03. The Come Up
04. A Longer View
05. Soul Crusher
06. Off The Tracks
07. Long Way Home
08. The Devil In Our Wake
09. Blood Trophies
10. So Long
11. Tusk And Bone
12. Scavengers