Shining

Artiste/Groupe

Shining

CD

V-Halmstad

Date de sortie

2007

Label

Osmose Productions

Style

Black Metal Avant-gardiste

Chroniqueur

Mythos

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C H R O N I Q U E

Sans doute l’un des albums de Black Metal le plus chargé d’histoires, mythes et rumeurs en tout genre, il faut reconnaître qu’Halmstad est la clé de voûte d’une certaine évolution, à la fois du groupe Shining en lui-même, mais aussi et surtout du mouvement Black Metal en général. Sorti en 2007 mais réellement annoncé par de multiples effets de teasing dès 2006, V-Halmstad s’inscrit dans la voie du renouveau, avec, au même moment, la sortie de Pulver de Lifelover, en construisant un nouveau blason tout de noir vêtu au sein de la communauté Metal.

Fondé en Suède en 1996 par Niklas "Kvarforth" Olsson, Shining évolue au départ dans un style très proche de celui de Burzum et des groupes des débuts en Suède. Le sulfureux Niklas Kvarforth est par la suite (entre autre) accompagné de Andreas Classen (Bethlehem) qui le seconde au chant et Ted Wedebrand (d’un autre groupe culte du genre : Forgotten Tomb) à la batterie. Les premiers albums sont avant tout inspirés du Black traditionnel et nordique (suédois), même si l’amorce d’un changement peut se percevoir dans IV-The Eerie Cold et un peu aussi dans le III. C’est d’ailleurs à ce moment que le groupe annonce sa fin et sa dissolution, sur fond en 2006, du prétendu suicide de Kvarforth qui avait alors, soi-disant, disparu... La supercherie apparaît rapidement comme un effet de « teasing », dont le marketing sait si bien jouer, et que même le Black Metal semble avoir repris à son compte. Tristesse contemporaine... Ce teasing montre en tout cas que 2006 est bien l’année du changement. Lors d’un concert de Shining à Halmstad, ville natale de Kvarforth, celui-ci réapparait « miraculeusement » déguisé en zombie pour se produire sur scène. Je vous passe les détails bien connus, ses amis du groupe Mayhem qui scandalisent encore et toujours, les polémiques etc...

Toutes ces frasques du genre ne m’ont jamais intéressé, je laisse ça aux ados pré-pubères en mal de reconnaissance et d’action et je laisse Wikipédia et bien d’autres sites vous instruire sur le sujet. Ce qui m’intéresse dans un groupe, ce n’est pas la vie et les scandales de ses géniteurs mais bien la musique produite, un peu comme Maurice Blanchot lorsqu’il parle de la « solitude de l’œuvre » dans son livre L’espace Littéraire. L’œuvre qui échappe à son auteur, dans l’infini de la « préhension persécutrice », pour tomber dans les mains encore tremblantes du lecteur. Car Halmstad n’est pas qu’une énième galette sulfureuse du bon vieux et fantasque Kvarforth. Il est, avant tout, un album clé de l’évolution à venir.

La musique qui s’y déploie est plus sophistiquée, moins brutale et inaudible (en terme d’enregistrement) que les précédents albums. Ce que parvient magistralement à faire Shining, par un travail considérable, c’est allier des sonorités Hard Rock, solos de guitares endiablés, avec des consonances acoustiques et passages en mid-tempo, le tout avec une voix très grave, pas gutturale, mais néanmoins empreinte de douleur et de puissance. Une voix qui aurait enduré l’influence d’une vodka frelatée et d’un tabac à la pipe bien costaud, un peu comme celle du poète russe Vladimir Vissotski sur le célèbre album Le vol arrêté.  

Est-ce encore du Black Metal ? Difficile à dire. Mais quand c’est difficile mais néanmoins bien prégnant et identifiable entre mille, c’est qu’on a affaire à mon avis à une véritable pépite musicale. Halmstad est unique en son genre. Impossible à plagier, impossible exploit à réitérer. Ecoutez plutôt le mix du Metal de Shining avec cette reprise de la Sonate au Clair de Lune de Beethoven sur Attiosextusenfyrahundra, juste excellent. Neka Morgondagen enchaîne ensuite parfaitement bien avec un Black Metal strident qui se transforme parfois en riffs façon guitare sèche, le tout rythmé par la voix grave et agonisante de Kvarforth, qui ressemble d’ailleurs beaucoup à celle de Vreth de Finntroll sur Ur Jordens Djup, paru lui aussi en 2007. Décidément, le trou 2006-2007 est une période marquante pour le Black Metal.

Shining montre ainsi que le BM a de nombreuses possibilités d’évolutions, pouvant s’allier à la musique façon troubadours modernes à la guitare sèche comme Brassens ou Vissotski (oui tant que ça !), la Musique Classique, le Hard Rock mais aussi le Blues. Evidemment, tout réside aussi dans le talent du groupe et de son géniteur, inutile de vous dire que la démarche est difficilement réitérable et très périlleuse. Néanmoins Halmstad est cet album, clé de voûte d’une évolution qu’on espère encore fructueuse, clé de voûte d’un genre en perpétuel mouvement, clé de voûte d’une cathédrale qui n’a pas fini de se construire, Roman, Gothique, Moderne ; True, Symphonique, Sataniste, Viking, Atmosphérique, Ambient, Post, Avant-gardiste et j’en passe. Halmstad, dans son approche, fut l’album d'un certain renouveau.



Tracklist Halmstad :

01. Yttligare Ett Steg Närmare Total Jävla Utfrysning
02. Längtar Bort Fraan Mitt Hjärta
03. Laat Oss Ta Allt Fraan Darandra
04. Besvikelsens Dystra Monotoni
05. Attiosextusenfyrahundra
06. Neka Morgondagen

 

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