Artiste/Groupe:

Shining

CD:

IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends

Date de sortie:

Avril 2015

Label:

Season Of Mist

Style:

Black Metal testamentaire

Chroniqueur:

Mythos

Note:

17/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Shining, groupe majeur et légendaire de la vague suédoise du Black Metal des années 90, traditionnel dans ses débuts, innovant notamment avec le génialissime Halmstad (qui entre incontestablement pour moi dans le top des albums de Black Metal de la décennie), revient en ce mois d’avril avec un nouvel opus, appelé IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends. « IX » définissant évidemment le neuvième album du groupe suicidaire.

Toute sortie de Niklas étant attendue avec énormément d’attente et d’appréhension, difficile d’être objectif, ou du moins d’écouter le nouveau bébé sans penser à tout ce qui entoure le groupe, monstre sacré (quoiqu’on en pense) du Black Metal aujourd’hui. Peut-être même aurais-je du songer à le donner à un chroniqueur candide, histoire de voir ce qu’il en pense, indépendamment de tout ce que je viens d’évoquer. Mais voilà, on ne peut pas non plus juger de cette neuvième œuvre sans évoquer (au moins y penser) au reste de la carrière.

Dix neuf ans, ça ne s’efface pas en un clic de clavier. Bref, je tourne un peu autour du pot vous me direz, et ce n’est pas sans raison. Car ce IX est un objet étrange. J’ai presque envie de dire « testamentaire ». Et par là je ne veux pas dire que c’est le dernier album de Shining (quoique ?), mais plutôt que c’est un condensé de tout ce qui a précédé auparavant. On pourra dire ce qu’on veut de Redefining Darkness mais il avait tout de même bien chamboulé les fans après la saga génialissime des V, VI et VII. Dans le bon sens du terme (pour moi en tout cas). Bon ensuite il y a eu ce « truc » appelé 8 ½ - Feberdrömmar I Vaket Tillstånd. Inutile de remettre de l’huile sur le feu, les fans étaient incontestablement déçus.

Ensuite, il faut aussi se mettre en tête que Shining est devenu une véritable machine commerciale, notamment à midinettes pré-pubères. Mais c’est impressionnant à quel point Niklas utilise cette image de la pin-up blackeuse pour vendre sa marchandise sur son site (je ne mettrais volontairement pas de photos de ceci dans ma chronique, pour éviter de trop vous distraire, mais en voici un exemple : ici…).

Alors voilà, tout cela étant dit, on revient à  notre objet, « étrange » donc, appelé IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends. J’aime le titre, lapidaire, évident, mais efficace et, et… testamentaire ? (peut-être n’avais-je pas tort finalement ?). Bref, on s’attend à quelque chose d’hyper suicidaire. Le truc qui déglingue quoi, qui te jette des lamelles de rasoir dans la foule en chaleur, merde à la fin ! Bon, je blague, mais vous avez saisi l’idée.

IX n’est rien de tout ça, IX est un potage, un goulasch roumain (hongrois ?). Pourquoi ? Parce qu’il est un formidable mélange de tout ce qui a précédé. On sent les influences d’Hamlstad dans le côté Jazzy, de Redefining Darkness dans certains passages plus « hardos » comme Besök Från I(ho)nom, et on pourrait continuer la liste encore longtemps. Donc, il faut digérer le potage. Et le potage devient testament, prenant un peu plus de sens une fois dégusté et avalé.

L’album est au premier abord un gros bordel, il le reste encore au bout de quelques écoutes tant les influences sont nombreuses. Et Niklas ne nous facilite pas la tâche avec des pistes qui se suivent sans trop se ressembler (à la différence du Hamlstad où tout était calculé à la perfection).

En fait, j’ai presque envie de terminer ma chronique ici, pour que vous vous fassiez vous même une idée du machin. Ou alors arrêtez vous là, écoutez l’album puis revenez me voir. Ca sera un bon moyen de comprendre le reste.

La pochette (magnifique et originale par ailleurs) représente bien ce que Niklas a souhaité faire dans ce neuvième opus : se donner corps et âme au risque de se faire saigner les poignets, donnant son sang à son public en attente de « toujours plus ». Mais justement, il n’est pas tombé dans le « toujours plus » souhaité par certaines midinettes, mais bien dans le « testamentaire ». Il s’est donné, libéré de tous les carcans oppressant. Alors c’est déroutant au départ, et c’est un fan de la première heure qui vous le dit. On était habitué à un Niklas vendant son âme. Mais ici il ne la vend pas, il l’offre. Paradoxalement certains diront qu’il a rendu sa musique plus « accessible ». Mais non, il a juste dévoilé une autre facette de sa musique, libérée et totalement déglinguée dans les influences. Il vous faudra sûrement y revenir un grand nombre de fois avant de saisir l’ensemble, mais « le jeu en vaut la chandelle » comme dirait l’autre. Et puis finalement les sacro-saintes « six pistes » sont respectées, donc on n’est pas tout à fait perdu, amen.  

IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends est une forme de testament, où toutes les facettes du géniteur suicidaire Niklas Kvarforth refont surface. C’est étrange au départ puis ça se révèle être un objet précieux, à méditer avec le temps, à saisir sur la durée et le nombre d’écoutes. Et au final c’est tout simplement beau. Mais vous voyez, j’ai longtemps hésité à y mettre un coup de cœur, tant l’incertitude est, et est resté, prégnante.

Le temps, tout simplement.


Tracklist de IX - Everyone, Everything, Everywhere :

01. Den Påtvingade Tvåsamheten
02. Vilja & Dröm
03. Framtidsutsikter
04. Människotankens Vägglösa Rum
05. Inga Broar Kvar Att Bränna
06. Besök Från I(ho)nom