Artiste/Groupe:

SikTh

CD:

The Future in Whose Eyes?

Date de sortie:

Juin 2017

Label:

Millenium Night / Peaceville Records

Style:

Mathcore Progressif

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

16/20

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Je vais vous raconter ma vie dans ce paragraphe d’introduction, donc si vous vous en foutez (ce que je comprends aisément) vous pouvez passer au paragraphe suivant. Le 7 mars 2006, me voilà tranquille, peinard, accoudé au comptoir au Krakatoa de Mérignac pour assister à l’enregistrement du DVD des Toulousains de PsykupLive Is Dead. Et en première partie, j’ai eu le plaisir de découvrir les Anglais de SikTh. Ils étaient à ce moment-là totalement inconnus de mes oreilles mais m’avaient impressionné par leur virtuosité et leur énergie sur scène. Depuis, j’ai partiellement rattrapé mon déficit intellectuel et je me suis passé en boucle leurs deux premiers excellents albums, The Trees Are Dead And Dried Out Wait For Something Wild paru en 2003 et Death Of A Dead Day en 2006. Le Krakatoa les avait annoncés ainsi : « Attention, futur grand !!» et les bougres avaient bien raison.

Bref, assez de nostalgie et ouvrons ce nouveau chapitre de SikTh. Le groupe s’était reformé en 2013 afin d’assurer quelques date dont une au Download anglais. Sur leur lancée, ils enregistraient un EP Opacities qui permettait de retrouver un groupe plutôt en forme. Seulement comme rien n’est jamais acquis, Justin Hill (chant) annonce son départ afin de se consacrer à une carrière solo. Il est remplacé dans la foulée par Joe Rosser, ancien chanteur de Aliases. Et tout ce beau monde propose un nouvel album, The Future In Whose Eyes? Tout le monde a suivi, pas besoin de reprendre ?


Alors on enchaîne avec cette nouvelle offrande qui, je peux vous l’assurer si vous connaissez le groupe, va forcément vous mettre la banane. Tout d’abord la pochette qui est une vraie réussite. Elle est à la fois d’une noirceur absolue et d’une modernité totale. Cette représentation de ce que je suppose être Mikee Goodman (chant aussi) en version 2.0, qui s’approche visuellement d’un Predator qui se serait coincé dans la matrice. Elle représente l’hyper-connectivité de l’être humain d’aujourd’hui, gavé d’information jusqu’à la déformation (sic), qui se trouve illustré en musique par le titre Golden Cufflinks. Mais je vais y revenir plus loin.

Un mot également sur la production tout à fait remarquable de cette galette. Elle est fine et juste. Les musiciens, qui sont également producteurs à leurs heures perdues, ont su mettre en valeur leur musique à chaque seconde de l’album. J’en veux pour exemple le duo Dan Foord à la batterie et James Leach à la basse qui sont juste hallucinants de complémentarité. Temps, contre-temps, pause, slap, blast, mid-tempo, tout y passe, ils sont les artisans d'un équilibre rythmique précaire mais terriblement efficace, véritable marque de fabrique de ce groupe d'exception. Quant au deux guitaristes Dan Weller et Graham Pinney, ils naviguent à chaque instant entre rythmique, cassure et mélodie avec une virtuosité à faire rougir toute personne ayant eu un jour une guitare en main. Le tout sonne vraiment à la perfection.

T'es bien mignon Jean Mich', mais la musique là-dedans ? Eh bien dès Vivid, on rentre dans le vif du sujet : la rythmique est juste hallucinante, la basse slape à tout-va et on en prend plein les oreilles. J'ai la sensation d'être sur un grand huit qui nous balade de droite à gauche comme un vulgaire jouet. Le sentiment d'urgence qui s'exprime par le chant scatcore (mélange de scat et de hardcore) si particulier de Mikee Goodman explose à la figure. Même les passages en chant clair sont en soutien de passages musicaux nettement plus inspirés que toutes les productions actuelles, qui elles sont souvent là pour offrir un moment d'émoi aux jeunes filles en fleur. Ici, la dimension est toute autre et c'est bien de contraste de jeu qu'il s'agit. La cassure et le changement de tempo aux environs de trois minutes trente suivis d'une fin de titre tout en lourdeur en est un exemple parfait.

Les deux titres qui suivent sont dans la même veine, des morceaux tout en contraste. Que dire de deux premières minutes de The Aura et son riff tout simplement parfait ? A faire bosser dans toutes les bonnes écoles de musique ! En voilà un album qui commence bien. Les premiers sentiments se confirment tout au long de l'album, c'est un enchaînement de titres typique de SikTh qui prouve vraiment que le groupe est de retour pour en découdre. Le parallèle avec The Dillinger Escape Plan est assez évident dans les structures, des titres comme Cracks Of Light ou Riddles Of Humanity, même s'ils ont peut-être un aspect un peu plus mélodique que les maîtres du mathcore, sont là pour le prouver.

SikTh rate de peu l'album parfait certainement à cause de son côté Arty. Les passages slams comme sur This Ship Has Sailed, The Moon's Been Gone For Hours ou la conclusion When It Rains offrent un aspect différent à l’œuvre du groupe, c'est assez évident. Mais ce côté slam, surtout étant un anglophone assez moyen, je n'y suis pas sensible et pour être totalement honnête ces passages me gonflent. Et puis il y a quand même un raté musical sur cet album : c'est le titre Golden Cufflinks. Je le trouve assez insipide et même si les chanteurs se donnent pour donner une sensation de battle, sincèrement ce titre est pénible. C'est dommage compte tenu de la qualité globale de cette galette.

Pour conclure, SikTh est de retour en très très grande forme et rien que ça c'est déjà une bonne nouvelle en soi. The Future In Whose Eyes ? est un album qui a de grande qualité, avec des titres dispensables et des grosses claques totalement jouissive. Si vous êtes sensibles au mathcore avec un côté progressif, ne vous prenez pas la tête, vous trouverez votre bonheur ici.

Tracklist de The Future In Whose Eyes? :

01. Vivid
02. Century Of The Narcissist? 
03. The Aura 
04. This Ship Has Sailed 
05. Weavers Of Woe
06. Cracks Of Light
07. Golden Cufflinks
08. The Moon's Been Gone For Hours
09. Riddles Of Humanity
10. No Wishbones
11. Ride The Illusion
12. When It Rains