Artiste/Groupe:

Slayer

CD:

Hell Awaits

Date de sortie:

1985

Label:

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

Orion

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C’est une évidence, la carrière de Slayer a pris un gros coup d’accélérateur avec leur Reign In Blood (1986), album de Thrash référentiel s’il en est.
Toutefois, il ne faudrait pas sous-estimer les deux albums du groupe parus précédemment car ils valent eux aussi le détour.

Depuis la sortie de son premier album, Show No Mercy, Slayer n'a pas chômé. Tournées, single, EP live... Metal Blade capitalise à fond sur le groupe qui lui fournit ses plus grosses ventes.
Du coup, Brian Slagel, le patron du label, pousse les Californiens à revenir très vite en studio pour concocter leur second opus. Celui-ci est entièrement financé par le label (ce n'était pas le cas du premier, entièrement payé avec les deniers des membres du groupe). On engage également un producteur. Un effort a aussi été fait pour l'artwork, bien plus professionnel et gore que celui du premier album (il avait fait peur à qui, le diablotin avec son épée ?). Là, changement de décor, il y a des têtes coupées, du sang et des tripes, les démons sont bien répugnants… on sent que ça ne va pas rigoler. Et c'est le cas.

L'intro du titre Hell Awaits et donc de l’album est assez effrayante, tout comme la pochette. On entend des voix qui braillent un truc incompréhensible (il parait que, passé à l'envers, ça donne "join us"). C'est ensuite la longue descente dans les enfers avec un rythme bien martial jusqu'à l'arrivée dans les tréfonds des abysses et là, ça explose. Tom Araya débite les paroles à une vitesse supersonique alors que le gros "Hell Awaits!" du refrain semble venir des profondeurs de la terre. Les deux guitaristes Jeff Hanneman et Kerry King rivalisent de vitesse également et se partagent les solos sur tous les titres, des solos moins influencés heavy que sur le premier album, pour un résultat bien plus chaotique. Quant au batteur Dave Lombardo, il démontre déjà une belle maîtrise de son instrument, bien plus technique que sur l’album précédent.
L’album enchaîne une belle brochette de morceaux assez incontournables. Des titres très rapides dans l’ensemble, un débit de paroles qui l’est tout autant (Araya avait déclaré un jour dans une interview que chanter des titres rapides comme ceux-là en concert lui donnait souvent mal à la tête – on peut le comprendre), mais aussi quelques passages plus lourds et oppressants (notamment sur l'excellent At Dawn They Sleep). On notera que c'est l'album de Slayer qui comprend les titres les plus longs (Hell Awaits, At Dawn They Sleep, Crypts Of Eternity dépassant tous les six minutes, chose plutôt rare chez Slayer). Le disque se termine comme il a commencé avec, à la fin de Hardening Of The Arteries, le même rythme martial que sur l’intro de Hell Awaits. La boucle est bouclée.
Slayer, avec cet album, affirme son style, un Thrash plus rapide, plus agressif... et aussi moins mélodique que sur le premier jet.

A la différence de ses petits copains thrashers apparus à la même époque (Metallica, Anthrax, Exodus, Megadeth), Slayer affiche clairement un message sataniste (Hell Awaits, Necrophiliac, Crypts Of Eternity – on peut y ajouter Haunting The Chapel et Captor Of Sin, titres du EP Haunting The Chapel paru l’année précédente et souvent intégrés aux rééditions de Hell Awaits en CD). Ils deviennent définitivement les "bad guys", les gros méchants de la troupe. Croix renversées, cuir et clous énormes (Kerry King portant un bracelet avec de vrais clous de charpentier), toute la panoplie est de sortie. D’autant que les autres thèmes de l’album ne respirent pas la rigolade non plus : le tueur schizophrène avec Kill Again, qui a malheureusement inspiré un pauvre cinglé aux USA ; les vampires (les "vrais", pas les gentilles créatures de la nuit de Twilight) avec At Dawn They Sleep, la mort en général avec Hardening Of The Arteries et Praise Of Death. Des thèmes que l’on retrouvera très souvent à partir de cet album dans les lyrics du groupe.
Malgré la présence d’un producteur (Bill Metoyer), le son de l’album (pourtant meilleur que celui du premier album) n’est pas génial, de l’aveu même du groupe. Mais pour l’époque et vu les moyens déboursés pour son enregistrement, ça reste tout à fait satisfaisant et les fans ne s’en sont pas offusqués, loin de là, puisqu’il va s’en vendre un bon paquet.

Avec Hell Awaits, c’est la fin de la rigolade et le début de la consécration. Slayer a trouvé son créneau, mélange de références satanistes dans un univers bien glauque et morbide sur une musique hyper rapide et agressive. On a tout de suite senti qu’on tenait là un futur très grand du Thrash (ou Speed Metal, comme on l’appelait encore à l’époque). Et la suite ne va pas le démentir…


Tracklist de Hell Awaits :

01. Hell Awaits
02. Kill Again
03. At Dawn They Sleep
04. Haunting The Chapel (CD bonus)
05. Praise Of Death

06. Necrophiliac
07. Captor Of Sin (CD bonus)
08. Crypts Of Eternity

09. Hardening Of The Arteries