Artiste/Groupe:

Sons Of Apollo

CD:

MMXX

Date de sortie:

Janvier 2020

Label:

Inside Out Music

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Sons Of Apollo, déjà de retour ?! Un premier album (classique, efficace mais qui manquait un peu d'émotion ou de surprise à mon goût) fin 2017, une tournée puis un excellentissime live l'été dernier et revoilà ce supergroupe de prog avec sa deuxième création pour démarrer 2020. Avec l'hyperactif Mike "je dormirai à ma mort" Portnoy dans ses rangs (également présent sur le Flying Colors sorti il y a trois mois), est-ce si surprenant ? Probablement pas. Reste à savoir quelle direction les fils d'Apollon ont choisi de suivre cette fois-ci et si, pour ma part, cet opus va surpasser le premier. Ce serait bien. 

Pour ce qui est de la direction, on se rend vite compte que la formule proposée est très proche de celle développée la première fois : on retrouve la même dream team de musiciens (Soto, Thal, Sheehan, Derinian et Portnoy, ça va...), une durée semblable à une minute près (cinquante-huit minutes cette fois) avec (presque) le même nombre de compos (ok, le précédent en avait neuf... mais le petit solo de clavier qui ne servait pas à grand-chose doit-il vraiment être compté ?), ce goût pour un metal progressif virtuose qui mélange tradition et modernité avec ce petit côté direct, punchy et accessible amené, entre autre, par le chant de Jeff Scott Soto... et les frères Del Fuvio (sobriquet donné à Sherinian et Portnoy par le producteur Kevin Shirley à l'époque où ils avaient travaillé ensemble dans Dream Theater) à la production ; le son de MMXX est donc quasi-identique à celui de Psychotic Symphony. Voilà, tout ça pour dire que si vous attendiez quelque chose de très différent du premier essai, n'attendez plus, ça n'arrivera pas. Pas cette fois en tout cas. MMXX est la suite logique de son prédécesseur et lui ressemble beaucoup. Par contre, allez savoir pourquoi, il me plaît un peu plus. Suis-je dans de meilleures dispositions qu'en 2017 ? Le groupe, bien que présentant un produit proche du précédent, a-t-il trouvé des mélodies, des accroches (au niveau des refrains notamment) qui fonctionnent mieux sur moi cette fois-ci ? Est-ce le fait, comme les intéressés le disent, d'avoir passé beaucoup de temps ensemble sur la route et, par conséquent, de mieux se connaître, ainsi que d'avoir disposé d'un tout petit plus de temps pour finaliser cet opus qui rend ce MMXX légèrement plus excitant ? Je ne sais pas. Toujours est-il que je trouve ce disque très bon. Et là, vous vous dites que la note n'est pas franchement différente... un point de plus, c'est tout. J'essaie de rester cohérent mais ce n'est pas simple. En fait, niveau surprises et émotion - les deux choses que je souhaitais voir plus développées dans cette suite - on est sur quelque chose de semblable... c'est ce qui m'empêche de complètement m'emballer. Mais cela ne veut pas dire que l'album n'est pas réussi ou ne regorge pas de nombreuses qualités. 

Vous connaissez déjà le morceau d'ouverture, Goodbye Divinity, livré par le groupe fin 2019 ? C'est lui qui ouvre l'album. Une belle intro instrumentale posée où l'on retrouve les claviers si particuliers de Sherinian et une jolie montée en puissance, épique comme il faut, jusqu'à l'arrivée d'une rythmique bien lourde servie par un Ron Thal incisif. Le chant puissant de Soto (différent de la tendance prog classique vu qu'il est assez grave, chaleureux et un peu rauque ou éraillé) est toujours convaincant et le refrain fonctionne bien. Ce premier titre de sept minutes fait bien le job, on passe un bon moment. C'est suffisamment costaud ou charpenté pour parler au fan de metal et la virtuosité des protagonistes est là pour ravir les amateurs de progressif. Cette tendance est conservée sur les deux pistes suivantes, Wither To Black et Asphyxiation, à la différence qu'elles ne dépassent pas les cinq minutes et voient leur facette "musique directe et efficace" un peu plus accentuée. Wither To Black a un super refrain et un feeling un peu plus rock, avec des claviers aux sonorités orgue Hammond, et Asphyxiation nous sert du gros riff syncopé tout en me rappelant un peu le Dream Theater de Falling Into Infinity (Just Let Me Breathe).

La quatrième piste offre une petite pause... mais l'accalmie est sombre car Desolate July est une ballade, certes, d'abord dominée par le piano de Sherinian, mais qui devient vite lourde, pesante... Le texte écrit par Soto évoque la mort de David Z (ex-SOTO, ex-Adrenaline Mob) victime d'un accident de la route en pleine tournée. On ne s'étonnera donc pas que le morceau ne soit pas léger. Il est pas mal... avec une prestation du chanteur assez poignante sur le refrain (la tristesse et la colère sont bien communiquées). Vient ensuite mon morceau préféré de ce nouvel album : l'excellent King Of Delusion. Ambiance différente, mais toujours lourde et sombre (ce n'est pas sur ce disque que vous trouverez des accents pop/rock ensoleillés), avec un piano plus classique en intro. L'aspect hard rock est mis au placard, on est sur un mid-tempo très heavy et cette pièce de presque neuf minutes, une fois son intro passée, me rappelle fortement la chanson Perry Mason d'Ozzy Osbourne (c'est le même genre de riff de guitare, de section rythmique sur le couplet, vous verrez, c'est flagrant). Beau développement avec un passage calme comme partie centrale (incluant un joli duo piano / batterie) avant une conclusion qui reprend du poil de la bête (Soto pousse des cris assez bestiaux sur le final). Intense, dramatique, génial... j'adore. Fall To Ascend ramène le heavy prog au centre du jeu avec une rythmique qui parlera aux fans de metal moderne. Energique et efficace (avec une belle accélération sur un break très bien mené) même si ce n'est pas le titre que je préfère ici. J'accroche davantage à Resurrection Day, titre entraînant qui me fait penser à une relecture metal prog moderne du classique Gates Of Babylon de Rainbow. Evidemment, le titre présenté est en réalité assez différent de la chanson de Blackmore mais vous comprendrez peut-être pourquoi j'y fais référence quand vous entendrez les guitares sur le pré-refrain et les mélodies orientales développées sur le refrain. Les fans de technique se régaleront avec un break instrumental qui voit se tutoyer des solos de guitare, clavier et basse. L'aventure s'achève, comme le veut la tradition prog, sur une pièce épique (New World Today), forcément longue (quasiment seize minutes), très progressive, sorte de festival d'idées et plans instrumentaux à couper le souffle. Certains passages me régalent, d'autres peut-être trop démonstratifs me laissent plus froid. Intéressant tout de même. 

Verdict : beaucoup de qualités ici cette fois encore. MMXX, c'est du metal progressif musclé, porté par des musiciens exceptionnels et un chanteur puissant. Tout cela est bien fait, bien produit. Mais on s'y attendait un peu, non ? Eh oui, forcément, avec de tels cadors, les exigences sont élevées. Parce qu'il se situe dans la lignée de Psychotic Symphony et pourrait être plus touchant ou subtil par moment, cet album ne me semble pas être LE chef-d'œuvre dont le groupe est capable. Mais il vaut le détour et les fans des débuts de Sons Of Apollo risquent bien de se régaler. En plus, l'aspect énergique de la musique proposée rend le tout propice à des versions qu'on imagine réjouissantes sur la prochaine tournée (ces messieurs nous rendent visite en mars prochain, ça risque d'être quelque chose). 

Tracklist de MMXX :

01. Goodbye Divinity
02. Wither To Black
03. Asphyxiation
04. Desolate July
05. King Of Delusion
06. Fall To Ascend
07. Resurrection Day
08. New World Today

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