Artiste/Groupe:

Spectral Lore/Mare Cognitum

CD:

Wanderers : Astrology Of The Nine

Date de sortie:

Mars 2020

Label:

I, Voidhanger Records

Style:

Black Metal atmosphérique/cosmique

Chroniqueur:

Mythos

Note:

17/20

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Spectral Lore, Mare Cognitum, c’est une longue histoire…

2006 pour le premier, avec son opus logiquement titré I, 2011 pour le second avec The Sea Which Has Become Known. Spectral Lore perce plus rapidement, avec plusieurs très bons albums, dont le gigantissime – n’ayons pas peur des superlatifs – III : quasiment deux heures de Black Metal cosmique (j’en parlais ici). Un joyau du genre. Pour Mare Cognitum, c’est véritablement An Extraconscious Lucidity qui lance Jacob Buczarski dans le grand bain, et enfin Phobos Monolith, pareil, une pépite lunaire…

Deux groupes qui officient dans la même branche, pas seulement le BM, mais le BM atmosphérique à tendance cosmique, ça en fait de la niche ! Et quand on sait que les deux groupes sont des « one man band » : Ayloss pour le premier et Jacob Buczarski – nous l’avons dit – pour le second... Que de similitudes !

Point de surprise donc, en découvrant leur premier split, Sol, en 2013. Une réussite, déjà. Mais cette fois, on atteint un stade tout à fait différent. Cette fois, on ne peut plus vraiment parler de « split ». Car un split, ce sont deux groupes qui joignent leurs propositions musicales sur un objet commun, chacun gardant, néanmoins – et le plus souvent – sa particularité, sa différence. Sur Sol, Mare Cognitum disposait d’une piste de trente minutes, Spectral Lore enchaînait ensuite avec deux autres, pour quarante minutes à son tour. Un classique.

Le présent Wanderers : Astrology Of The Nine dépasse de loin ce cap. Vraiment de loin. Ce n’est pas un « split », une « rupture », une « division », mais un concept album – comme on aime le dire – à part entière. Y a-t-il encore Spectral Lore ? Y a-t-il encore Mare Cognitum ? Ayloss et Jacob Buczarski existent-ils encore indépendamment de cette nouvelle œuvre ? Oui et non. Oui, car on sent la patte de chacun des deux artistes. Si on les connaît bien, et que l’on a suffisamment suivi leurs carrières respectives, qui sont d’ailleurs dans le fond différentes – Spectral Lore a eu des excursions musicales très originales que je vous recommande, The Quivering Lights par exemple –, alors vous suivrez le fil des genres et des subtilités de chacun. Et en même temps, non, car Wanderers : Astrology Of The Nine se projette comme une œuvre totale, sans auteur. Qui est qui ? On finit par ne plus trop s’y intéresser, car ce qui fait œuvre ici, ce qui fait sens, c’est la totalité.


Totalité des astres déjà, les dits « neuf » : Mercure, Mars, Terre, Vénus, Jupiter, Saturne, Neptune, Uranus, Pluton – on ne tergiversera pas ici pour savoir si Pluton est une planète, ce n’est d’ailleurs pas le propos de l’album, quoiqu’il soit inspiré des Planètes, du classique Gustav Holst, à écouter de toute urgence si ce n’est pas déjà fait. Totalité, ensuite, d’une œuvre qui dure jusqu’à deux heures. Imaginez un peu. Deux heures de BM cosmique, percutant, saillant, juste à chaque instant, à chaque mélodie, pointilleux dans les détails les plus fins, dans les riffs les plus aguerris… C’est du pur génie.

Deux pistes se complètent de ce point de vue, Earth (The Mother) et Venus (The Priestess). Vous voyez que, là aussi, je ne fais point de différence. Par la force des choses, la première est écrite par Ayloss et la seconde Jacob Buczarski, donc, qui est qui ? Peu importe, la sensation de totalité est parfaitement atteinte. Or la totalité, c’est à la fois l’harmonie et le chaos, à l’image de cette superbe pochette de l’artiste Elijah Tamu (Midnight Odyssey, Haunter, Abyssal, réédition de Temple Nightside etc.). Donc, un duo qui doit tenir, coûte que coûte, dans la démesure, dans la solitude, dans la beauté, la cruauté, que toutes ces pistes reflètent à leur façon, dans la manière dont ils définissent aussi ces astres.

Le travail effectué sur cet album est grand. Très grand. Il impose un certain respect. Si on devait le comparer à une autre œuvre, ça serait sans aucun doute au dernier jalon de Midnight Odyssey précédemment cité. A mon avis, le choix est malheureusement radical. Quand ce dernier se complaît dans un soliloque interminable, Wanderers : Astrology Of The Nine joue sur la "différance", au sens derridien du terme. Processus par lequel les signifiants se substituent à l’infini… Comme cet infini cosmique, projeté tout au long des chapitres de l’opus. Un trésor à se procurer de toute urgence.


Tracklist de Wanderers : Astrology Of The Nine :


01. Spectral Lore - Mercury (The Virtuous)
02. Mare Cognitum - Mars (The Warrior)
03. Spectral Lore - Earth (The Mother)
04. Mare Cognitum - Venus (The Priestess)
05. Mare Cognitum - Jupiter (The Giant)
06. Spectral Lore - Saturn (The Rebel)
07. Mare Cognitum - Neptune (The Mystic)
08. Spectral Lore - Uranus (The Fallen)
09. Mare Cognitum/Spectral Lore - Pluto (The Gatekeeper) Part I - Exodus though the Frozen Wastes
10. Mare Cognitum/Spectral Lore - Pluto (The Gatekeeper) Part II - The Astral Bridge

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