Artiste/Groupe:

Teramaze

CD:

And The Beauty They Perceive

Date de sortie:

Octobre 2021

Label:

Wells Music

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Teramaze redonne tout son sens au terme productivité : I Wonder en octobre 2020, Sorella Minore en mai 2021... et voilà déjà, moins de six mois plus tard, And The Beauty They Perceive ! Trois albums en un an... Qui dit mieux ? Et là, vous imaginez peut-être que les Australiens, menés par le chanteur / compositeur / guitariste / claviériste / producteur Dean Wells, vous proposent du travail peu inspiré ou bâclé... Même pas ! Le confinement, en dépit de tous les effets négatifs (pour ne pas dire catastrophiques) évidents qu’il a eu, aura au moins permis cela. Notons aussi que le line-up est inchangé. On retrouve donc en plus de Dean Wells, Chris Zoupa à la guitare (et clavier), Andrew Cameron à la basse et Nick Ross à batterie.

Contrairement à son prédécesseur, And The Beauty They Perceive n’est pas un concept album, chaque morceau est indépendant. Neuf compos pour un peu plus d’une heure de musique, les Australiens, en seulement quelques mois, ont vraiment été prolifiques. L’album démarre avec l’énergique chanson titre qui met en avant les ingrédients types de la musique de Teramaze : du bon riff robuste (servi par un beau son de guitare), des petits changements de rythme propres au prog metal, des arrangements au clavier (bien présent) et un chant clair très mélodique livrant des lignes particulièrement accrocheuses (portées par Wells à nouveau seul, non accompagné par des invités comme sur Sorella Minore). Je l’avais découvert sur le disque précédent, je le constate encore une fois ici : Wells est un chanteur au timbre très agréable et les mélodies qu’il écrit sont sacrément aguicheuses et limpides. Elles facilitent l’accroche. C’est un plus indéniable qui fait que les récents travaux de Teramaze n’en sont que plus plaisants. Puisqu’on parle de mélodie, profitons-en pour souligner une sensibilité parfois très proche de la musique pop. C’est flagrant sur l’étonnant (et radio friendly) Jackie Seth qui fait contraster un riff groovy en diable avec un chant qui ne détonnerait pas sur album de pop des années 80/90. En tout cas, le titre est surprenant et entêtant. On l’écoute une fois, on l’a en tête toute la journée.

Untide est également une belle réussite. La rythmique est plus nerveuse, la tonalité plus mélancolique... et le très beau refrain a une dimension épique indéniable. Il est d’ailleurs précédé d’une référence à Eleanor Rigby des Beatles ("look at all the lonely people"). Quand je vous parlais d’influences pop, vous voyez que je n’exagérais pas. Mais Teramaze, bien que s’étant visiblement auto missionné de pondre des mélodies ou refrains destinés à faire chanter les foules en concert, n’oublie pas les titres plus longs ou épiques, propres au genre progressif. La preuve avec Modern Living Space et ses dix minutes, en quatrième position dans la tracklist. Il y a donc plus de complexité à l’œuvre ici... même si, encore une fois, ce sont les mélodies entonnées par Wells qui restent le plus en tête. Petite remarque supplémentaire, je ne cesse de parler du chant mais n’oublions pas que Wells est également (ou surtout) un très bon guitariste. Ses riffs et excellent solos se chargent très régulièrement de nous le rappeler.  

Un metal plus pop, des mélodies destinées à être reprises par les fans en live, c’est bien... mais une petite lassitude vient pointer le bout de son nez en cours de chemin. Légère, la lassitude, j’insiste... Car il y a encore de la qualité et les pistes prises individuellement ont toutes quelque chose d’intéressant. C’est juste que Blood Of Fools est un titre rock/metal prog moderne assez calme, suivi de Waves, la ballade (sucrée) du disque qui pourrait passer sans problème en radio, elle-même suivie de Son Rise, un morceau peu énergique, dont l’accroche mélodique indéniable finit par se retourner contre lui à cause d’un refrain trop répétitif à mon goût (eh oui, qui dit pop dit souvent refrains qui tournent en boucle et c’est parfois le cas sur cet album). Ces titres ont tous des éléments plaisants mais, mis bout à bout, ils constituent ce que je serais tenté d’appeler le petit ventre mou de l’album (bien que Son Rise connaisse une fin plus heavy). On ne niera cependant pas que le travail est soigné (la production est léchée) et que le tout s’écoute bien. Il est tout de même salutaire qu’un peu de vigueur revienne au premier plan avec Search For The Unimaginable et que le voyage s’achève sur un autre long morceau épique à tiroirs : Head Of The King.

Au fil des ans, Teramaze a fait évoluer son metal progressif mélodramatique en le rendant de plus en plus accrocheur et accessible. And The Beauty They Perceive en est la parfaite démonstration. Parfois de manière peut-être un peu excessive ou répétitive mais il n’empêche que le talent, les belles ambiances et mélodies ne manquent pas. On reconnait bien la patte du groupe, on apprécie une petite surprise comme Jackie Seth, on se laisse charmer par ce style évoquant le Dream Theater des 90s (Awake notamment, en moins heavy et complexe) mélangé à du Circus Maximus et des influences plus pop. Il manque à mon sens un petit quelque chose pour rendre l’ensemble incontournable mais il y a suffisamment de qualités pour justifier qu’on s’y intéresse. 


Tracklist de And The Beauty They Perceive :

01. And The Beauty They Perceive
02. Jackie Seth
03. Untide
04. Modern Living Space
05. Blood Of Fools
06. Waves
07. Son Rise
08. Search For The Unimaginable
09. Head Of The King

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