Raaahhh... ils sont forts, ces Suédois ! Oui, une fois n'est pas coutume, je commence par ma
conclusion. Voilà, c'est fait. Retour en arrière maintenant : j'ai failli ne pas
chroniquer ce nouvel album de The Night Flight Orchestra (qu'on ne présente plus,
n'hésitez pas à consulter les chroniques précédentes si besoin). J'ai une
réelle affection pour ce groupe mais, récemment, j'ai commencé à ressentir
une petite lassitude (Sometimes The World Ain't Enough est un album fun et efficace, je ne
reviens pas dessus, je l'ai aimé et lui ai accordé une bonne note à sa sortie...
mais j'ai bien senti que la direction prise par le combo suédois s'éloignait un peu de
ce qui m'avait vraiment séduit chez lui en premier lieu). Et cela s'est confirmé lorsque
les premiers extraits d'Aeromantic ont commencé à filtrer sur le web. Avec
un côté toujours plus exubérant, plus kitsch (assumé et fun mais quand
même), plus 80s, plus pop aussi (le hard ou le rock gagnent en discrétion au
fur et à mesure que l'on progresse dans la discographie)... Du coup, j'ai eu un doute et j'ai
bien failli passer le flambeau à un collègue (d'autant plus que je m'étais
déjà chargé des deux opus précédents, il faut savoir partager dans
la vie). Et puis, j'ai écouté Aeromantic.
Attention, cela ne veut pas dire que certaines de mes craintes n'étaient pas
justifiées. Aeromantic n'est pas, à mon sens, un disque parfait. Enfin, pas
celui que j'aurais forcément souhaité en tout cas. Pour une fois, je vais directement
commencer par les bémols (certains pouvant être subjectifs, je préviens) et finir
avec les qualités. Donc oui, Aeromantic poursuit la quête nostalgique des
années 80, avec toujours plus de pop et de sucre dans sa recette, ce qui induit
forcément une dose de kitsch assez conséquente. Parfois, disons-le franchement, ses
chansons peuvent nous donner l'impression d'écouter un morceau
d'ABBA avec une touche rock à peine plus prononcée (If
Tonight's Our Only Chance et son thème au clavier à la limite de
l'illégalité). D'ailleurs, détail qui ne trompe pas, les synthés sont
à la fête sur ce cinquième album. Ce sont même parfois eux qui mènent
la danse... plus que les guitares, en tout cas. Il y a autre chose qui fait que ce cinquième
opus perd quelques points : le manque de surprise. La recette est un peu la même que sur
Sometimes The World Ain't Enough et l'on retrouve parfois des styles, riffs ou
mélodies déjà croisés précédemment (le riff de guitare
de This Boy's Last Summer ressemble beaucoup à celui de Paralyzed, par
exemple). Voilà, c'est dit. Mais maintenant, une évidence s'impose à nous :
malgré quelques imperfections, Aeromantic est un album particulièrement
bien écrit, arrangé et produit qui procure un plaisir immédiat indéniable
(et parfois coupable). Le voilà, prêt à nous livrer nonchalamment une
belle liste de hits irrésistibles dont nos amis suédois ont le secret.
Servants Of The Air, c'est le morceau hard rock enlevé, au riff percutant, dans la
lignée de Sail On ou This Time pour ce qui est de la cadence mais avec un
refrain plus posé et épique. Beau décollage. Puis Divinyls prend les
choses en mains, l'heure est à la pop... avec un refrain mémorable. Gros tube. If
Tonight's Our Only Chance, dans un style similaire, va encore plus loin, avec un refrain
destiné à être chanté sous la douche. This Boy's Last Summer est
rapide et dansante, Curves plus calme, superbement chaloupée et menée par
un piano entêtant, a un charme fou... comment résister ? Vous connaissez certainement
Transmissions (qui a fait l'objet d'une vidéo) dont je suis personnellement moins fan,
mais qui aurait fait un carton au beau milieu des 80s et qui compte une intervention au violon bien
sympa (ça, c'est nouveau, profitons-en). Arrêtons-là le piste par piste et faisons
un rapide tour d'horizon. On retrouve ici des influences qu'on connaissait déjà
(Toto, Journey, ABBA...) et quelques autres (Kiss
en mode discorock, Electric Light Orchestra...). Le combo, toujours accompagné
de ses hotesses de l'air choristes, balance son mélange de hard, rock, pop, disco, funk, rock
progressif avec un penchant affirmé pour les mélodies qui tuent. Björn
Strid chante (encore une fois) très bien, la basse de Sharlee
D'Angelo est plus groovy que jamais, la production est aux petits oignons, les morceaux
plus calmes (Curves, Golden Swansdown) sont imparables, deux ou trois autres, bien
que très agréables, m'enchantent un peu moins car ils ressemblent parfois trop à
d'anciennes compos, l'ensemble est enjoué et varié... Et j'aime bien la fin de l'album
qui opére un retour vers le rock prog avec les très réussies Carmencita
Seven et Dead Of Winter.
The Night Flight Orchestra devrait peut-être prendre garde à
faire varier un peu plus sa recette la prochaine fois s'il souhaite ne pas risquer de lasser une
partie de son auditoire. Il y avait une évolution sur les trois premiers disques qui rendait
chaque nouvelle sortie excitante. C'est moins le cas aujourd'hui et la formule, bien que
sacrément efficace, perd un peu de son charme ou de sa magie. Le savoir-faire du groupe est
toujours là et le fun qu'il sait dispenser fait encore mouche cette fois-ci, même si je
suis légèrement moins emballé qu'avant, c'est un fait. Alors je râle (un
peu), ne serait-ce que pour le principe (quand on aime, on est parfois exigeant, on en veut toujours
plus)... mais j'ai beau pinailler, l'équipage de ce vol de nuit sait toujours comment s'y
prendre pour que je finisse par me laisser faire et me délecter de son cocktail musical
rafraichissant. Oui, comme dit plus haut, ils sont vraiment forts ces Suédois.
Tracklist de Aeromantic :
01. Servants Of The Air 02. Divinyls 03. If Tonight's Our Only
Chance 04. This Boy's Last Summer 05. Curves 06.
Transmissions 07. Aeromantic 08. Golden Swansdown 09.
Taurus 10. Carmencita Seven 11. Sister Mercurial 12. Dead
Of Winter
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