Artiste/Groupe:

Thin Lizzy

CD:

Renegade

Date de sortie:

1981

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Renegade est le onzième album studio de Thin Lizzy. Le drapeau rouge de la pochette annonce-t-il une révolution dans le paysage verdoyant des Irlandais ? En quelque sorte...

Le Thin Lizzy des années 70 et celui des années 80 sont un peu différents. Assez populaire à la fin des années 70 (il a terminé la décennie avec son superbe Live And Dangerous et le très réussi Black Rose), le groupe amorce les années 80 assez difficilement avec l’album Chinatown qui est un semi-échec commercial comparé aux deux albums précédents et qui est surtout loin de rivaliser avec les jeunes loups anglais de la NWOBHM. Eh oui, Thin Lizzy représente alors la "vieille vague" du heavy anglais... Le groupe a en plus intégré des synthés, ce que les puristes lui reprocheront.
Un an plus tard, c’est au tour de ce Renegade de voir le jour. Et la conjoncture n’est pas meilleure. Darren Wharton, responsable des synthés sur l’album précédent, ne fait toujours pas officiellement partie du groupe (il n’est pas en photo avec les autres membres à l’arrière de la pochette) mais les synthés sont pourtant toujours bien là. Aurait-on essayé de cacher que ce nouvel album des Irlandais en comportait aussi ?

Et comme son prédécesseur, l’album est assez mal reçu par la critique à sa sortie (un chroniqueur allant jusqu'à parler du pire album du groupe), à cause notamment de sa production, qui fait sonner Thin Lizzy comme un groupe de metal de la NWOBHM et qui donc lui a fait perdre sa particularité (toujours selon le même chroniqueur). Il sera aussi un de ceux qui s’est le plus mal vendu à sa sortie.
Pourtant, aujourd’hui, avec le recul, cet album apparaît bien moins mauvais qu’il n’y paraissait alors. Car si Phil Lynott traverse une mauvaise passe (beaucoup d’excès en tous genres) et se montre peut-être moins inspiré que d’habitude, les autres membres du groupe le sont pour lui. En effet, Phil est épaulé sur quasiment tous les morceaux par les autres (Scott Gorham, Darren Wharton et Snowy White). Ce qui n’était pas le cas sur Chinatown, où Phil signait à lui tout seul la moitié de l’album. Là est peut-être l’explication de la moindre qualité de ce dernier.

Le disque s’ouvre sur un morceau particulièrement heavy et sombre et qui montre le groupe sous un nouveau jour : Angel Of Death. Jamais le Lizzy ne nous avait joué un pareil tour. Le synthé se montre bien présent dès l’intro et surtout sur le break. Il faut dire que le titre est co-composé par Wharton, justement. Phil Lynott prend une voix inquiétante, la basse est lourde, le solo magique. Ca démarre donc plutôt pas mal et ça continue de même avec le titre éponyme, mais qui n’a rien à voir musicalement. Il s’agit d’une ballade aux consonances celtiques. Ce titre me fait penser à du Dire Straits. Il est le seul co-composé par Snowy White pour cet album qui, on le voit, se sent de moins en moins impliqué. Il laisse toutefois sa marque sur ce morceau avec notamment un superbe solo.
Le troisième morceau assez connu de cet album est Hollywood, avec son refrain aux accents FM. Il sera d’ailleurs le seul single extrait de l’album en Europe (Angel Of Death sera single aux USA). Effrayé par les mauvaises ventes du disque, le label (Vertigo) refusera de financer une vidéo pour accompagner le titre, ce qui contribuera sans doute à son échec commercial à lui aussi. Décidément, quand ça veut pas…
Si les autres morceaux sont moins connus, ils ne sont pas moins efficaces, A commencer par The Pressure Will Blow : là, les grattes reprennent le pouvoir. Puis le très rock n'rollien Leave This Town où les guitares sont encore à l'honneur (superbe solo). No One Told Him avec son refrain très mélodique fait de nouveau penser à du Rock FM (Foreigner, Toto) et a fortement déplu aux fans. Personnellement, je trouve ce titre entraînant et très sympa.
Avec Fats, son piano jazzy et son rythme groovy, on change encore une fois totalement de style. C'est assez original. Mexican Blood n'est pas en reste, on continue dans le bizarre avec encore une fois un synthé assez présent et des sonorités un peu exotiques. Pas le meilleur titre de l’album. Quant à It's Getting Dangerous, si ce n'est la présence du synthé, on est plus dans l'esprit du groupe d'avant, celui des années 70.
En fait, on a l'impression que le groupe se cherche un peu sur ce disque. Il n'y a pas de ligne directrice précise, Thin Lizzy essaie de toucher un peu à tout. Mais le fait de façon assez inspirée, il faut le dire. C’est pourtant sans doute cet éparpillement du groupe sur cet album qui a déplu aux fans à l’époque.

Après cet album, c'est sans surprise que Snowy White quitte le groupe et c'est John Sykes (du groupe Tygers Of Pan Tang) qui le remplacera. Grâce à lui, le groupe durcira encore le ton pour son ultime album studio, le très bon Thunder And Lightning.


Tracklist de Renegade :

01. Angel Of Death
02. Renegade
03. The Pressure Will Blow
04. Leave This Town
05. Hollywood (Down On Your Luck)
06. No One Told Him
07. Fats
08. Mexican Blood
09.It's Getting Dangerous