Si 2015 a bien commencé pour le Black français, les Portugais ne
sont pas en reste, et c’est peu de le dire ! Après les moultes
formations chroniquées précédemment, officiant pour la
plupart au sein de la scène Black orthodoxe -quoique parfois
atmosphérique- ; Tod Huetet Uebel balance un son
puissant, complètement démentiel et acharné, montrant
encore une fois une nouvelle dimension du BM lusitanien.
Avec sa pochette dessinée par Valnoir du collectif de
Metastazis, Malícia s’annonçait
déjà très prometteur. Les premières pistes le
confirment avec brio et surtout beaucoup de violence. Une violence
acharnée, certes, mais relativement bien construite, dans la stridence
des guitares et la cadence insoutenable des voix de Daniel et
Marcos. Au début, l’auditeur peut être
dérouté car les notes, les mélodies et les cris vont dans
tous les sens. Puis vient le moment où vous comprenez et charmez la
bête. Ce moment est alors d’une jouissance extrême.
« Je suis l’Alpha et
l’Oméga, le commencement et la fin »
Si l’apocalypse était mise en musique, nul doute que Tod Huetet
Uebel en ferait la B.O. Mais du chaos portugais se détache des
lignes de fuite qui permettent à l’auditeur de suivre la cadence
infernale du combo. Des instants plus tranquilles font suite à des moments de
pure violence à la Winding Refn dans Le Guerrier
Silencieux.
Chaque piste se développe dans la stridence et l’intensité la
plus malicieuse. De ce point de vue là, les compères ont fait un
très bon travail. Il vous suffit d’écouter le final
complètement dantesque pour le comprendre. Ca cri, hurle, aboie
jusqu’à l’érection fatidique, sorte de « petite mort
» hyper jouissive et profondément morbide. Un moment où
l’on se surprend à taper du pied et balancer la tête dans le
métro, comme si l’on ne faisait plus qu’un avec la musique, et
qu’elle ne s’échappait pas du casque, mais tout simplement de
notre esprit, dont Tod Huetet Uebel réussit à en
saisir les forces les plus malicieuses.
Difficile de trouver des défauts à cet album. Tout y est parfait,
comme posé par la main de Dieu, ou de Satan d’ailleurs… Car ne
dit-on pas que « le Diable est dans le détail » ? Cette
hypothèse semble concorder avec le titre de l’opus,
Malícia. De la « malice » il y en a beaucoup sur
l’album, car le Malin n’est jamais bien loin. On peut le rencontrer au
détour du chant complètement torturé des Portugais, ou encore
des guitares opérant dans la stridence la plus parfaite.
S’il fallait donner un coup de cœur pour récompenser
l’effervescence de la scène Black du Portugal, alors il serait sans
conteste offert à Tod Huetet Uebel, qui aura réussi
à montrer comment l’exercice d’un Metal violent et torturé
peut se combiner avec l’élégance et la précision
assurées dans le Chaos. Chapeau.
Tracklit de Malícia :
01. XIII
02. I
03. XII
04. XX VIII XXI
05. IX
06. III
07. V
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