Artiste/Groupe:

Truie

EP:

Bukkake

Date de sortie:

Septembre 2017

Label:

Indépendant

Style:

Brutal Death Metal

Chroniqueur:

hourkach

Note:

15/20

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Depuis de très nombreuses années, le jeudi Saint, à Bayonne, est organisée, autour du cochon, une foire qui voit primer le meilleur jambon, selon un cahier des charges très strict. Je ne louperai cet événement pour rien au monde car c'est à chaque fois l'occasion de rencontrer des gens passionnés qui travaillent le porc et le déclinent sous toutes ses formes. L'édition 2017 n'a pas dérogé à la règle et m'a même permis de rencontrer l'un des meilleurs ambassadeurs de cochonaille de la région, le groupe Truie. Après dix ans de silence, ce groupe local de Brutal Death décide enfin de repointer le bout de son groin en remasterisant son premier EP répondant au doux nom de Bukkake. Avec un tel lexique répertorié dans leur disco, le défi culinaire proposé par Eric Dorleans et ses acolytes s'annonce épicé mais je compte bien relever ce challenge en espérant ne pas trop en prendre plein la... bouche !

Avant de plonger dans cette orgie musicale, je tiens à vous parler de l'artwork de Bukkake. Je ne m'intéresse que rarement aux pochettes d'albums mais celle-ci mérite toute mon attention car la finesse d'esprit se marie parfaitement avec la recherche de provocation souhaitée. L'artwork donne à voir, en effet, une main de femme recouverte d'un liquide blanc coulant le long de ses jolis doigts aux ongles vernis. Si on ne prête pas attention au nom du groupe, et surtout au titre de l'EP, il est impossible de penser à une image salace tant la photo est belle, voire charmante. En revanche, une fois que les mots Truie et Bukkake se superposent et se chevauchent sur la photo, tout change soudainement de sens pour laisser place à une connotation délicieusement vulgaire qui est la marque de fabrique du combo bayonnais. Rassurez-vous, cette délicatesse est éphémère et ne résiste pas au flot de décibels éjaculé par les deux premiers titres, Crachoir A Sperme et Salade d'Ovaires. Une douce voix a beau m'expliquer en quoi consiste un bukkake, j'avoue m'en branler complet car le "Goresoaked Brutal Death" des basques me saisit immédiatement aux... et vient me pulvériser les cages à miel sans que je puisse esquisser le moindre geste. L'avalanche de riffs plus féroces les uns que les autres ainsi que les pig squeals et backing vocals surpuissants des Sieur Dorleans et Turkdamar me renvoient naturellement à des références du genre comme Inveracity, Disgorge et surtout Sanatorium. Truie tape fort, gratte vite et change de rythme continuellement pour m'en foutre plein la gueule et anéantir mes pauvres cervicales. Cependant, le groupe ne cède pas à la facilité et un réel travail de composition se cache derrière ce mur de sauvagerie. Pour s'en convaincre, il suffit de savourer les multiples ralentissements de tempo ainsi que le solo aiguisé et balancé, sans la moindre pitié, sur Crachoir A Sperme. Truie enfonce sa... et confirme son appétit sexuel en m'invitant sur son felouque à une Partouze Sur Le Nil. Les déviances sexuelles sont toujours à l'honneur mais Truie ne traine pas et ne s’alanguit pas sur son divan en proposant une partie de jambes en l'air, différente des deux précédentes, basée essentiellement sur la lourdeur du tempo et sur l'atmosphère perverse de cette débauche. Franchement, la parenthèse orchestrale interprétée en milieu de titre est une vraie réussite et donne à ce nouveau méfait une dimension ensorcelante des plus inattendues.
Ce déchaînement paroxystique sexuel ne parvient pas à rassasier mon appétit de chair fraiche alors Truie passe au dessert en me servant, sur un plateau, un assortiment de délicieux Fromage De Bite. Sur le menu, rien ne me destine à apprécier ce nouveau plat phallique mais la magie culinaire va rapidement s'opérer grâce à la complémentarité du frontman et de son bassiste, Joane Savalois Larzabal. Ajoutez à cela les mid-tempo de barjo et les growls de porc délivrés tout au long du morceau et vous obtenez un entremet qui suinte le Sanatorium à plein nez.
Truie achève sa croisade pornographique par un nouveau poème appelé Trve Du Cul. La voix d'Eric, ainsi que les leads vocals de Joane et JD Urrutigaray, sonnent moins profonds que d'habitude et confèrent à cette complainte un aspect moins brutal et dévastateur que sur les titres précédents. Prenez-y garde, moins brutal ne signifie en aucun cas moins percutant tant Eric prouve, une dernière fois, qu'il sait écrire des morceaux recherchés mais toujours aussi violents. Trve Du Cul n'échappe pas à cette règle et fait voler en éclats les codes établis avec des passages à la guitare, teintées de Black, et des voix samplées créatrices d'une atmosphère tout aussi malsaine que dans Partouze Sur Le Nil. Après un ultime solo et plusieurs roulements de caisse claire couverts par une voix quasi monacale, chaque instrument disparaît lentement me laissant seul et totalement vidé sur mon canapé.

Au final, mise à part une Salade d'Ovaires un peu fade, Truie est venu me foutre de nombreuses érections auditives et me forcer à de multiples tours de cou. Cette première production se veut être un album de Brutal Death classique mais Bukkake contient, quand même, certaines touches d'originalités tout à fait surprenantes, voire déroutantes. En remasterisant cet EP, Eric Dorleans et ses bouchers signent leur grand retour mais le plus dur reste à venir : Truie devra rapidement concocter une nouvelle recette encore plus appétissante que cette dernière, car comme le dit l'adage, si tout est bon dans le cochon, alors il n'y a pas trop de souci à se faire et il ne me reste plus qu'à attendre la prochaine foire à la saucisse avec délectation et impatience...

Tracklist de Bukkake :

01. Crachoir A Sperme
02. Salade d'Ovaires
03. Partouze Sur Le Nil
04. Fromage De Bite
05. Trve Du Cul