TRUST

Artiste/Groupe

Trust

Album

13 à table

Date de sortie

2008

Style

Rock/Variété

Chroniqueur

Yann

Note

7/20

Site Officiel

http://www.trust.tm.fr

C H R O N I Q U E

La pochette provocatrice exhibant une mitraillette sur une bible et le titre provocateur "13 à table" avaient certainement pour but de faire croire que le Trust rebelle et hargneux des années 80 était de retour. Quel trompe l'oeil ! Quelle trahison marketing ! Les nombreuses reformations à but purement lucratif, le dernier album studio "Ni Dieu Ni Maître" et le dernier live médiocre "Soulagez-vous dans les urnes" ne laissaient rien présager de bon. Ce nouvel opus "13 à table" vient confirmer cet état de fait.

Aujourd'hui, Trust ne fait plus de hard-rock, Trust n'a plus la haine, les textes de Bernie manquent pour la plupart d'inspiration et les riffs de Nono sont peu à peu remplacés par des scratchs de DJ Hip Hop. Pour apprécier ce "13 à table", il faut donc laisser son oreille hard-rock de côté, faire table rase des bons vieux souvenirs "Monsieur Comédie" et "Police Milice". Trust a toujours voulu s'adresser à la jeunesse rebelle française. Seulement, les jeunes voyoux aux cuirs cloutés des années 80 symbolisés par "Antisocial" sont devenus des jeunes de cités en tentative d'intégration adeptes de hip-hop et Trust a radicalement changé sa musique pour tenter de leur plaire.

Les paroles de "Venez" en sont la preuve : "J'ai niqué ma nuque, niqué mes docks, niqué ta mère"... Un pari bien risqué car aujourd'hui, les fans de la première heure leur ont définitivement tourné le dos et il n'est pas certain que le groupe soit en mesure de dénicher un nouveau public. Sur cet album, les thèmes abordés tournent essentiellement autour de la ferveur religieuse ("Vae Victis"), des questions de politique internationale ("Après Les Hymnes"), de l'intégration en France des immigrés ("Black Blanc Beur", "La Morsure") et des promesses politiques non tenues ("Promesse Osée") en passant par le voyeurisme des lecteurs de la presse people ("Epistémophilique").

Globalement, les textes sont bien moins inspirés que dans les années 80-90, la mise en place des mots sur la musique est même parfois presque maladroite (ex : "A La Concorde, la Concorde" sur "Promesse Osée"). Bref, cet album donne une sensation de vite-écrit, de vite-fait, de mal-fait. Seul "Après Les Hymnes" avec ses paroles engagées telles que "Sarko embrouille, Poutine redresse" ou "Avant de rencontrer le Christ, Ratzinger rencontra Hitler" nous fait percevoir un peu de haine comme en avait le bon vieux Bernie il y a si longtemps.

Mais le pire sur cet album se trouve vraiment au niveau de la musique. On navigue entre de la variété française, du rock, du slam, de la fusion et du hip-hop. "Epistémophilique" sonne carrément bobo, "Black Blanc Beur" sonne fusion, les rythmiques de "Vae Victis" sonnent comme du Johnny Hallyday. Cet album est un enchainement de slams, Bernie ne chante plus, il ne fait que parler sur des rythmiques hip-hop, les scratchs de DJ sont partout... Bref, même dans sa voix, il n'y a plus aucune haine.

Le morceau le plus commercial, certainement le single qui passera en radio, le "tube" "La Morsure" nous présente un Bernie qui chante tel un chanteur de variété, le chanteur de hard-rock n'existe plus. Ce nouvel album a beau être très décevant, il contient tout de même quelques points positifs. "Toujours parmi nous", "Vae Victis", "La Morsure" et "Après Les Hymnes" sont les seuls rescapés parmi les 15 morceaux. "Toujours parmi nous", avec ses nombreux scratchs, accroche, le mélange guitare/scratchs est plutôt réussi.

"Vae Victis", bien que basé sur des rythmiques à la Johnny, est ultra-accrocheur et les parties de guitare finales par Nono sont fantastiques. Le seul morceau sur lequel le guitariste se lâche ! Ses phrasés et ses solos bluesy sont bluffants ! "La Morsure" est "le" tube, le morceau taillé pour passer à la radio. Certes, rien de hard-rock, juste un bon rock accrocheur et commercial qui donne envie de taper du pied. "Après Les Hymnes" séduit de par ses textes engagés sur des riffs limite punks mais malheureusement, la musique est gâchée par des bruitages électroniques qui pourrissent tout.

Vous l'aurez compris, pour le public hard-rock, cet album est à proscrire totalement. 3 à 4 morceaux de correct sur un album complet n'est pas acceptable. Ce "13 à table" vient confirmer la mort de Trust après "Europe Et Haines". Trust était, Trust n'est plus. Trust est devenu bobo. C'était ton dernier acte...