Artiste/Groupe:

Vivus Humare

CD:

Einkehr

Date de sortie:

Janvier 2015

Label:

Eisenwald

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Mythos

Note:

16/20

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Ces temps-ci, quelques apprentis blackeux en herbes et autres formations voulant s’essayer à des sonorités socialement plus « acceptables », tendent à faire oublier ce qui -pour moi- faisait pourtant l’essence même du Black Metal, c’est-à-dire la mort. Vivus Humare est de ceux qui nous plongent au contraire au plus profond de cette thématique, en l’affrontant dans une balade étirée sur un album nommé Einkehr (la contemplation). Vivus Humare signifie d’ailleurs « enterrer vivant » en latin. Le décor est planté, voyons maintenant ce que nous propose le groupe.

Einkehr fait suite à une démo intitulée Prolog parue en 2008. Il aura donc fallu sept bonnes années au groupe pour accoucher de ce nouvel album, pourtant lui aussi assez court. Il n’empêche, cela ne gâche en rien le plaisir que procure cet opus bien nommé. C’est en effet dans une contemplation quasi extatique et un peu morbide que nous plonge Vivus Humare. Celle d’une vision où la mort se balade telle l’Ankou et son chariot sur les chemins les plus lâches de notre pensée. Si la première piste, Der Schmerz Weckt, est marquée par une interprétation assez classique du Black Metal, lorgnant parfois vers le Trve, l’interlude expiatoire puis la magnifique Auf Morgendlichen Pfaden viennent rattraper le tir en nous proposant quelque chose de plus profond, avec plus de relief et de sonorités que la toute première chanson. C’est à la fois beau et froid comme la mort, intense et rapide comme le dernier souffle d’une âme pécheresse… Treize minutes de balades sur les rives du Styx, où Vivus Humare laisse l’auditeur sur le fil du rasoir, entre fascination pour la mort et peur du désespoir.



Un nouvel interlude coupe l’élan assassin de Auf Morgendlichen Pfaden en nous laissant à nos sombres pensées. Puis vient la dernière piste, Traum, que l’on traduit de l’allemand par « le rêve ». Mais ce n’est pas Le rêve que peut peindre Puvis de Chavannes mais plutôt La mort au bal de Félicien Rops. Aucun répit ne nous est accordé dans cette piste aux allures de chevauchée endiablée. Claquement de la batterie, stridence des guitares, cris larmoyants de Inkantantor Koura en arrière-plan, pendant que la voix hurlante de Mt.Beliar enfonce à chaque fois plus le clou du tombeau de sapin qui est en train d’enfermer définitivement l’auditeur. Un dernier souffle puis c’est l’avalanche des sonorités, les instruments se lâchent dans un final dantesque et impressionnant.

Vivus Humare renoue admirablement bien avec l’essence même du Black Metal en nous proposant un opus entièrement consacré à la mort et sa contemplation décadentiste. Dans la débâcle actuelle d’un BM qui s’étire dans tous les sens, Einkehr est donc un véritable retour aux sombres sources métalliques, à la fois sincère et profondément intelligent. On ne s’en lasse pas.


Tracklist de Einkehr :

01. Der Schmerz Weckt
02. In Eos Antlitz
03. Auf Morgendlichen Pfaden
04. Abstieg in die Tiefe
05. Traum