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Viza |
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Aria |
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Mars 2014 |
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Architects of Melody |
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World Metal |
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Didier |
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16/20 |
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C H R O N I Q U E
On dirait que les fées du music business se sont penchées sur le berceau du groupe Viza (nommé Visa jusqu’en 2010). En effet sur ce nouvel album du groupe de Los Angeles, du beau monde s’est intéressé au projet. Sam Martin aux manettes, Warren Huart et Phil Allen au mixage, et Adam Ayan au mastering. On ne s’étonne donc pas d’une production hyper soignée, le contraire eut été surprenant. Pour ceux qui ne connaissent pas du tout ce groupe formé en 2000, sachez que si les neuf (!) membres d’origine se rencontrent à Los Angeles, leurs origines sont européennes (de l’est) et orientales, et que cette mixité a forgé le son de Viza, dans lequel on entend d’indéniables influences orientales et arméniennes croisées avec des riffs rock et metal puissants. Des neuf musiciens de départ, il en reste six sur ce troisième album, qui fait suite à Carnivalia (2011) et Made in Chernobyl (2010) et deux EP avant cela. Autour du leader chanteur K'noup, on trouve Orbel Babayan et Shant Bismejian aux guitares, Andrew Kzirian à l'oud (instrument à cordes oriental), Alex Khatcherian à la basse et Chris Daniel au djembé. A noter que Hiram Rosario, batteur sur les albums précédents ne figure plus dans les membres du groupe. Les origines arméniennes nous mènent forcément à System Of A Down, et c’est tout à fait à propos car la première chose à laquelle j’ai pensé en découvrant cet Aria, c’est bien à System Of A Down. K’noup chante d’une façon assez similaire à Serj Tankian, et les compositions, teintées d’influences orientales, rappellent souvent aussi ce groupe. Je découvre ensuite que, justement, ils ont ouvert sur les tournée de Serj Tankian ; tiens, tiens, et que ce bon Serj encense le groupe dans le press kit de l’album. La communauté arménienne se serre les coudes. Ceci étant dit, l’album n’est pas pour autant à ranger au rayon des musiques traditionnelles, et c’est bien un album de metal, auquel nous avons affaire et que cet album est même beaucoup plus metal que ses prédécesseurs. Pour donner un nom au genre, je dirais que nous avons affaire à du World Metal, tout comme l’était System Of A Down et comme Myrath l’est sur certains morceaux.
Dans les premières mesures de Never Feel, qui ouvre les hostilités, des sonorités électro me font penser à The Prodigy, mais ça ne dure que le temps d’une intro ; car le reste penche définitivement plus sur le style de SoaD, et de Serj Tankian dans ses excellents albums solos. On y retrouve en effet les mêmes sonorités de guitares à l’unisson, et une voix puissante, assez proche de celle de Serj. La composition est excellente, le couplet plutôt calme, le refrain plus riffé. C’est très bien fait et ouvre l’album de belle manière. Quicksand est un tube en puissance, et encore un morceau qu’on n’aurait pas été surpris de trouver sur un album de Serj Tankian. Bien conçu, le morceau est rythmé par une bonne basse. K’noup s’énerve avec un chant hurlé qui contraste avec le reste du morceau plus posé. Comme dans Never Feel, on a droit à un court mais très harmonieux solo de guitare. Si les deux premiers morceaux sont plutôt dans le style Serj Tankian, le suivant Midnight Hour (Dingle Rock), qui semble avoir été choisi comme (premier) single, est plus énervé et plus dans le vrai style de System Of A Down. Les influences orientales ressortent plus, et un petit break calme dans lequel l'oud se fait entendre, vient rompre le rythme effréné du morceau. Les chœurs du groupe ajoutent encore au petit côté oriental. Tiens ben justement sur Vanished, le côté oriental est encore accentué avec l'oud, plus le djembé, plus des violons et des chœurs arabisants. Mais comme les riffs de guitare sont complètement rock, on a vraiment l’échantillon parfait du World Metal que j’évoquais plus tôt. Viktor’s Vanguard revient dans un style plus metal, avec un refrain assez folk metal, c’est assez jouissif. Un sans-faute dans cette première moitié de l’album, pour les amateur de System Of A Down.
J’accroche un peu moins sur la ballade The Girl That Doesn’t Exist, un peu conventionnelle à mon goût.
Si je mentionnais le folk metal, sur Viktor’s Vanguard, c’est encore plus flagrant sur Forward March : excellent, pêchu et bref, ce morceau est une petite tuerie qui, en live, devrait donner lieu à de beaux mouvements de foule. C’est aussi un style un peu diffèrent dans lequel visiblement le groupe est super à l’aise. Même remarque avec Take Over the World, et ses influences d’Europe de l’Est. Les amateurs de metal festif, piochant ses origines dans les musiques traditionnelle auront la banane. Brunette qui termine l’album, accentue encore la tendance folklorique de l’Est du combo, un poil trop peut-être, pour le coup.
C’est La Vie, prononcé parfaitement par K’noup, est assez metal oriental, par ses chœurs et son bon refrain musclé. On retrouve des structures musicales chères à nos amis tunisiens de Myrath. Et si un morceau illustre bien l’originalité de Viza, c’est bien Alley In Tijuana : un refrain hystérique, utilisé en intro, super speedé, vraiment metal, et des couplet plus calme, hispanisants, presque mariachi. Etonnant contraste, effet garanti !
Pour conclure, je suis assez impressionné par cet album et par ce groupe. J’ai un peu écouté les deux albums précédents, et celui-ci me semble franchement bien plus abordable pour nos oreilles de metalleux parfois intolérantes. Certains leur reprocheront probablement leurs influences appuyées de System Of A Down, mais que dire ? C’est bien fait, pas juste un plagiat, et au final on a relativement peu de groupes dans ce style assez original est très ouvert. En plus certains aspects ne sont pas si SoaD que ça et montre des facettes musicales étonnantes du groupe, qui louche de temps en temps vers le folk metal. Alors tant pis, je buzze !
Tracklist de Aria :
01 – Never Feel 02 – Quicksand 03 – Midnight Hour (Dingle Rock) 04 – Vanished 05 – Viktor’s Vanguard 06 – The Girl That Doesn’t Exist 07 – Forward March 08 – Beneath the Waves 09 – C’est La Vie 10 – Alley in Tijuana 11 – Take Over the World 12 – Brunette
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