Voidcraeft est un autre de ces projets de mec-tout-seul. Un de ceux qui le revendiquent haut et fort : il n’y a qu’à aller jeter un œil sur son site, il se qualifie lui-même de « reclus » et « solitaire ». Il y a d’autres détails croustillants que je vous laisse découvrir.

Mais bon, arrêtons là les basses moqueries, parce que Voidcraeft est un projet que je trouve sympathique. Déjà parce que ce mec est ultra prolifique : en trois ans, il a dû sortir une quinzaine d’EP et trois albums. Il joue bien entendu tous les instruments et a remplacé sa boîte à rythme par une vraie batterie depuis qu’il a appris à en jouer (le résultat n’est pas si mal).

Comme il le dit encore sur son site, il est fan de black et de blackened death et ses influences principales sont Deathspell Omega (DSO), Portal et Nightbringer.
Effectivement, on retrouve des plans qui rappellent un peu ces groupes. Mais c’est surtout sur la forme, car Voidcraeft ne joue que des riffs dissonants, dissonance qui est aussi l’essence de la musique des groupes précités.
En termes d’ambiance, ça n’a rien à voir : il n’y a pas les ambiances cauchemardesques de Portal ni l’occultisme de DSO ou de Nightbringer. La musique de Voidcraeft est surtout pessimiste et misanthrope, voire autiste.

Une autre de ses passions, et on peut aisément le deviner, ce sont les langues en général : il est habituel que les titres soient écrits dans deux ou trois langues différentes. Je vous ai mis dans la tracklist les traductions en anglais, mais les titres sont en hébreux et (probablement) grec ancien. De même, le titre de l'album est une transposition du grec.

Que dire de cet album ? Eh bien, si vous aimez la dissonance, ça vaut mieux parce qu’il n’y a que ça : il n’y a quasiment aucun riff harmonieux, agréable à l’oreille sur ce disque. Les fans des groupes précités y trouveront leur compte sur ce plan-là. Je pense que c’est DSO qui influence le plus Voidcraeft, notamment la dernière partie de leur discographie, même s'il n'y a pas le niveau de complexité rythmique.
Globalement, c’est pas mal. Peut-être un peu long et répétitif, mais ça tient la route. Un titre qui m’a un peu plus accroché l’oreille, c’est I Wound And I Heal, sans doute le seul qui comporte autant de riffs relativement faciles à mémoriser ; ceci explique cela.

J’ai jeté une oreille à ses derniers EP : c’est assez redondant dans l’ensemble, je pense qu’on peut se contenter de cet album.
Cet album est sorti initialement en 2015 en format digital. I, Voidhanger l'a sorti en physique, c'est une première dans la discographie de Voidcraeft.

Au final, Voidcraeft n’est pas forcément un projet très ambitieux, mais on ne peut pas lui enlever qu’il maîtrise la dissonance sans que ça trahisse un manque de créativité. Comme je l’ai dit, ça tient la route. C’est juste que ça manque de variété et de nuances et surtout du charisme des groupes dont il s’inspire.

Tracklist d’Ebel :

01. Under The Sun
02. [A] Time To Die
03. I Wound And I Heal
04. Devastation And Desolation
05. Drunkenness And Sorcery
06. I Am Nothing
07. On [The Subject Of] The Bones Of The Dead
08. The Amen