Artiste/Groupe:

Voivod

CD:

Nothingface

Date de sortie:

1989

Label:

Style:

Techno Thrash progressif

Chroniqueur:

Orion

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Voivod est un groupe canadien, formé en 1982 au Québec par quatre individus dissimulés sous des pseudos : Piggy, Snake, Blacky et Away. Les gars sortent en 1984 leur premier album, War And Pain, entre Thrash bien bourrin et Punk.

Le Voivod est un guerrier vampire androïde de l'ère post-nucléaire, imaginé par le batteur du groupe, Michel Langevin, alias Away. C'est lui qui illustre les pochettes des albums du groupe et fait évoluer sa créature, album après album.
Nothingface, qui est la troisième partie de la trilogie amorcée avec Killing Technology (1987), est le cinquième opus de nos cousins québécois, sorti en 1989, et notre créature a bien changé depuis le premier album. Elle est d’aspect moins guerrier que sur les trois premières pochettes et les traits du dessin sont moins agressifs. En fait, la créature reflète totalement la musique délivrée par le groupe. Car le contenu de ce Nothingface est effectivement lui aussi moins guerrier et moins agressif que celui de ses grands frères.
Cet album est celui qui permit au groupe de passer de l'underground à une certaine notoriété (sans que le succès soit phénoménal non plus), grâce notamment à la reprise de Pink Floyd, Astronomy Domine. Il est aussi l'album de transition entre le Techno Thrash Punkoïde des premiers albums et les disques suivants qui s'orienteront bien plus vers le progressif.

Les deux premiers titres, The Unknown Knows et Nothingface, se posent là en matière de Thrash Metal technique et barré. La voix de Denis Bélanger alias Snake est plus mélodique qu’avant mais bien particulière, assez nasillarde, il faut s’y faire. On avait toutefois déjà découvert ce timbre particulier sur l’album précédent, Dimension Hatröss, la voix de Snake évoluant elle aussi à chaque album. La basse de Jean-Yves Thériault dit Blacky est bien plus audible que sur les enregistrements précédents, on dirait qu’elle vole ici de ses propres ailes. Enfin, la guitare de Denis D’Amour alias Piggy envoie des riffs saccadés bien compliqués à suivre. Il faut dire que le rythme n’est jamais très longtemps le même, au sein d’une compo de Voivod. En tout cas, par rapport aux albums précédents, le groupe se montre déjà moins bourrin, plus versatile, plus soft sur ces deux premiers titres.
Puis arrive la fameuse reprise de Pink Floyd, d'un vieux titre datant de 1967, dont fut tiré une vidéo qui leur vaudra sans aucun doute de faire connaître le groupe auprès de personnes qui n'en avaient jamais entendu parler (ou au moins, n'avaient jamais écouté ce combo). Il faut dire que le morceau, très mélodique, tranche pas mal avec ce que Voivod avait l'habitude de proposer jusqu'alors et même avec ce qu’il propose sur le reste de l'album. Voivod n’est pas le groupe le plus facile d’accès et le fait que ce titre soit une reprise permet de découvrir les Canadiens sous un nouveau jour. Le chant de Snake est particulièrement travaillé sur ce titre. Et Piggy démontre, s’il était encore besoin de le démontrer, qu’il est un guitariste hors-pair quand il s’attaque au solo de ce morceau.


Malgré une intro très calme, on retrouve un groupe plus agressif et les riffs délirants sur Missing Sequences. Encore un morceau très technique, avec une construction particulière. X-Ray Mirror reste dans le ton. La partie centrale de Pre-Ignition présente encore un autre degré de technicité. Into My Hypercube se fend d’une intro très mélodique. Ce morceau est sans doute le moins barré du lot (avec la reprise), ce qui n’exclut pas quelques changements de rythme pas piqués des vers non plus. Inutile de rentrer dans le détail de chaque morceau. Inutile et difficile de toute façon de décrire par des mots ce qui se passe sur ces morceaux, déjà que l’oreille a bien du mal à définir quoi que ce soit... Il faut plusieurs écoutes pour tout comprendre. Voivod est unique et le démontre une nouvelle fois, avec un album encore différent des précédents (et différent des suivants aussi).

Il est clair que rentrer dans un album de Voivod, ce n’est pas simple, même pour les oreilles habituées à écouter du Metal. Si cet album ne déroge pas à la règle, il permet tout de même de pénétrer l’univers barré de nos Québécois de manière moins frontale qu’avec l’un des albums précédents.

Nothingface est l’album de Voivod qui a rencontré le plus gros succès, c’est même le seul qui entra dans le fameux "Billboard 200" américain. Ce qui est quand même fort pour un album aussi difficile d’accès. Comme quoi, faire un vidéo-clip du morceau le moins complexe, le plus mélodique, même s’il s’agit d’une reprise, était une excellente idée.
Les fans de Voivod ont suivi le délire du groupe jusqu'à cet album, car il ne rompait pas encore trop avec le passé extrême du combo. Ce fut une autre histoire avec le suivant, Angel Rat, qui abandonnait totalement l'aspect Thrash pour se tourner vers le Rock Progressif. Nombreux fans se sont détournés de Voivod à ce moment-là. Avant d'y revenir un peu plus tard... mais c'est une autre histoire.

Tracklist de Nothingface :

01. The Unknown Knowns
02. Nothingface
03. Astronomy Domine
04. Missing Sequences
05. X-Ray Mirror
06. Inner Combustion
07. Pre-Ignition
08. Into My Hypercube
09. Sub-Effect