Roman Sayenko, le fondateur et maître-penseur de l’inestimable Drudkh, a le goût des mini-projets. On connaissait Precambrian et Rattenfänger (dans des styles très différents), mais connaissiez-vous Windswept ? Il y a peu de chances que ce soit le cas, la formation est toute récente et ne donne aujourd’hui que son premier album. Windswept est en fait la nouvelle association des compères de Drudkh, puisqu’en plus de Sayenko, on peut compter sur Krechet et Vladislav qui sont dans la formation ukrainienne depuis 2006.

The Great Cold Steppe ne sonne pas du tout comme Борозна Обірвалася (le dernier album en date de Drudkh), c’est évident. L’introduction titrée Black Horizon Is the Gates Of A Blizzard est d’abord un hommage au musicien Joe Hisaishi, auteur des chansons du Château dans le ciel réalisé par Hayao Miyazaki en 1986 (lien). Reconnaissable entre toutes, la mélodie de Laputa entame l’album avec beauté et nostalgie, dans son enregistrement façon tourniquet musical du début du siècle passé. La suite est ultra-rapide par contre. Les guitares virevoltent, la batterie martèle la cadence à une allure folle tandis que la voix de Sayenko pose les bases d’un Black Metal criard et mélodique.

Ce dernier a semble-t-il décidé de tester autre chose avec son nouveau projet. Exit la lenteur et le foklore instrumental de Drudkh, place à un style plus dynamique, plus épique aussi, mais toujours atmosphérique. Car les ambiances de The Great Cold Steppe sont très travaillées, comme cisaillées dans l’imaginaire d’une plaine hivernale ukrainienne.

The Stars Are Cold And Indifferent, Sow Their Gleaming Ashes donne une version différente de Windswept avec son approche plus froide, plus obscure et redondante. Élaborée sur un motif basique supporté par la batterie de Vlad, la composition s’en va crescendo, installe un rythme d’enfer et cavale ensuite tranquillement dans la tête de son auditeur ainsi envoûté par le charme de la tautologie métallique. Blinding And Bottomless Abyss Is Howling assoit la violence posée plus haut, tandis que les guitares partent dans des délires mélodiques à la Negative Plane. La piste finale conclut admiralement bien l’album en reprenant la mélodie de Laputa, comme le signe d’un temps à jamais répété, nostalgie rassurante d’un monde à la dérive.

Dans l’ensemble, l’album offre un style bien étoffé, condensé en quelques trente-trois minutes de BM brut, mélodique et admirablement bien composé. On ne pouvait en attendre plus de la part du trio de Drudkh. On lui regrette tout au plus un soupçon d’originalité, vite oublié par la variété des pistes, la qualité des riffs et l’ambiance hivernale si bien retranscrite. À découvrir d’urgence.


Tracklist de The Great Cold Steppe :

01. Black Horizon Is the Gates Of A Blizzard
02. Shrouded in Pale Shining, So Sleeps Infinite Ancient Steppe
03. The Stars Are Cold And Indifferent, Sow Their Gleaming Ashes
04. The Great Shepherd Rides His Stormsteppe
05. Blinding And Bottomless Abyss Is Howling
06. A Spiteful Wind Buries All the Lonely Whispers