Artiste/Groupe:

Yngwie Malmsteen

CD:

World On Fire

Date de sortie:

Juin 2016

Label:

King Records

Style:

Autocaricature Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

8/20

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Malmsteen persiste et signe. On ne pourra jamais lui enlever ça : le monsieur a une vision claire et précise de ce qu'il veut faire et il s'y tient. Changer, évoluer, expérimenter... Pour quoi faire ? World On Fire (uniquement sorti au Japon pour l'instant) est donc la suite logique de Spellbound paru fin 2012. Si certains fans du guitariste suédois le suivent dans chacune de ses nouvelles aventures avec la même ferveur, ce n'est pas (ou plus) mon cas. Je vous le dis franchement, j'avais trouvé Spellbound assez mauvais. Tant qu'à être franc, je continue : son prédécesseur (Relentless) n'était pas bien meilleur à mes yeux. A une époque, j'ai peut-être cru que le maestro allait finir par revenir au niveau qui fut le sien jadis... mais vu son obstination à perséverer dans la médiocrité depuis un bon moment, j'ai fini par perdre espoir. Aujourd'hui, j'aimerais vous dire que j'ai eu tort. Que je n'aurais jamais dû douter de Malmsteen. Qu'il s'est surpassé pour nous proposer des compos fraîches et revigorantes, qu'il nous étonne, qu'il s'est adjoint les services d'un producteur ayant un regard critique / objectif sur son travail, qu'il a décidé de mixer (ou faire mixer) ses albums correctement, qu'il a trouvé un chanteur ou de nouveaux complices qui font que ce World On Fire est plus qu'agréable à écouter. Oui, j'aimerais... mais non. 

Il serait malhonnête d'enterrer ce dix-neuvième album en affirmant que c'est un ratage intégral et que rien n'est à sauver. L'ancien fan que je suis admettra volontiers qu'il y a des mélodies plaisantes ici et là et quelques morceaux qui ne sont pas loin de fonctionner... Bah oui, elle n'est pas désagréable, la chanson titre. Yngwie n'est pas un grand chanteur mais sa prestation n'est pas catastrophique. En tout cas, ça ne gâche pas le morceau. Après quand on pense que le monsieur a travaillé avec des vocalistes comme Jeff Scott Soto, Joe Lynn Turner ou Mats Levén (pour n'en citer que quelques-uns), on sent bien qu'on a changé de division... La compo s'écoute, donc... Elle est enlevée, assez heavy, le riff n'est pas dégueu, il y a une certaine fougue et une mélodie appréciables... Et un constat similaire peut se faire à propos d'une poignée d'autres pistes (j'aime bien le thème virevoltant de l'instrumental Sorcery, par exemple, la chanson Lost In The Machine est plutôt sympa elle aussi). Mais voilà, il y a trois soucis :

1. Ces morceaux, aussi acceptables soient-ils, ont un sérieux air de déjà entendu, comme souvent avec Malmsteen.

2. Si on les compare aux excellentes compos que le Suédois a su pondre à certains moments de sa carrière, celles-ci ne tiennent pas la distance. N'attendez pas de nouveaux I'll See The Light Tonight, Rising Force, Seventh Sign, Black Star ou autre Far Beyond The Sun ici...

3. Encore une fois, mais on commence à avoir l'habitude, la production est perfectible. Le mix, notamment, est loin d'être idéal. 

Comme c'était le cas sur l'album précédent, Yngwie a voulu s'occuper de tout. La guitare, la basse, le chant, une partie des claviers, le mix... La batterie ne sonne pas terrible, vu le rendu, il doit encore s'agir d'une batterie électronique... C'est ce que je me suis dit en tout cas... avant de découvrir que l'album aurait été enregistré avec un batteur répondant au nom de Mark Ellis. Bizarre. Voire à peine crédible. Je déplore tout cela. C'est sûr, ça doit coûter moins cher de bosser ainsi et ça limite forcément les prises de tête avec les partenaires mais l'auditeur n'en sort pas gagnant.

Faisons un point sur le style et la qualité des compos proposées. Yngwie le dit lui-même, cet album est "super neoclassical". Pas de plan blues ou hard rock ici. Comme c'est le cas depuis quelques albums, les morceaux chantés sont en minorité (il n'y en que trois) et ce sont donc les pistes instrumentales qui se taillent la part du lion. Qualitativement parlant : quand c'est pas mal, ça rappelle des choses que Malmsteen a déjà faites auparavant... mais en moins bien. Quand ça ne repompe pas trop les efforts antérieurs, c'est de la branlette néo-classique ultra démonstrative comme plus grand-monde n'ose en proposer en 2016. 

Yngwie Malmsteen fait ce qu'il veut. Et, après tout, qui suis-je pour oser dire qu'il fait fausse route ? Il pense qu'il n'a besoin de personne, qu'il se débrouille très bien tout seul... Libre à lui. De mon point de vue, ce World On Fire ne fait que démontrer de façon spectaculaire qu'il se trompe. Alors moi aussi, je persiste et signe : Malmsteen est une ex-pointure d'un genre tombé en désuétude. Et, depuis trop longtemps, son travail n'est que le reflet de sa grandeur disparue. Le maestro recycle inlassablement les mêmes idées, les mêmes plans... Bref, rien n'a vraiment changé depuis la dernière fois. Le sursaut d'orgueil n'a toujours pas eu lieu. Rendez-vous dans quelques années pour un constat similaire. A moins que... 

Tracklist de World On Fire :

01. World On Fire
02. Sorcery
03. Abandon
04. Top Down, Foot Down
05. Lost In The Machine
06. Largo
07. No Rest For The Wicked
08. Soldier
09. Dug 1220
10. Abandon (Slight Return)
11. Nacht Music