Groupe:

Hypno5e

Date:

25 Février 2016

Interviewer:

Lurk

Interview Emmanuel et Gredin (face à face)

Bonjour à vous, merci de m'accorder cette interview. Pour commencer, pouvez vous vous présenter vous, votre parcours et votre formation ?

Gredin : Je suis Gredin, bassiste. J'ai fait du solfège et des études de musicologie et cela fait maintenant onze ans que je joue dans Hypno5e. On a fait notre premier concert en 2007, et depuis on s'amuse bien !

Emmanuel : Moi c'est Manu, chanteur/guitariste. J'ai monté le groupe avec Thibault Lamy qui était l'ancien batteur, maintenant remplacé par Théo Bègue, depuis à peu près deux ans maintenant. Et le guitariste, c'est Jonathan Maurois, il est là depuis quatre-cinq ans, il est arrivé pour "Acid Mist Tomorrow". Pour ma part, j'ai une formation basique, j'ai fait un peu de piano au début mais ça fait maintenant vingt ans que je joue sans prendre de cours, sauf au début pour les bases. Les bases que j'avais en piano m'ont ensuite permis d'aborder pleins d'autres instruments.

Gredin : Pareil pour moi, j'ai commencé par le piano puis j'ai appris la basse en autodidacte.

Venons maintenant à l'album, vous avez lancé une campagne de crowdfunding qui a été financée à 200%, vous vous attendiez à un tel engouement ?

Unanime : Pas du tout !

Emmanuel : On aurait mis une mise de départ plus importante sinon ! (rires). Non on ne pensait pas du tout que ça arriverait aussi vite, on a mis quatre jours pour arriver aux 100% alors qu'il n'y a pas eu trop de com', on l'a juste partagé sur facebook et les gens qui suivaient bien le groupe ont réagi en conséquence. Une fois financé, on a donc rajouté quelques paliers pour finalement arriver à plus de douze mille euros.

D'ailleurs pour ce palier, il y a un concert privé de programmé, comment cela se passera-t-il ?

Emmanuel : On y réfléchit, on n'a pas encore de date précise mais ça ne se fera pas avant la fin de l'année. On fait notre tournée en premier. On fera sans doute ça dans un lieu central pour que les gens puissent venir facilement, vers Paris peut être. On essaiera de faire ça avant l'été. Et vu que c'est un concert où on jouera près de deux heures et demie, de filmer et d'en faire pourquoi pas un DVD.

Pour cet album, vous avez signé chez Pelagic Records, quel impact cela a-t-il ?

Emmanuel : Ils avaient déjà bossé avec nous sur "Acid Mist", avec un petit deal très simple. Cette fois-ci, le directeur souhaitait vraiment sortir l'album. Quant à nous, on voulait travailler avec des gens qu'on connait, et ce qui est bien avec Pelagic, c'est que c'est un label assez confidentiel qui a vraiment un intérêt pour les artistes. De plus, c'est un label d'artistes qui savent ce que c'est de sortir un album (ndlr : suivez ce lien pour en savoir plus sur la philosophie Pelagic), du coup ça permet de travailler dans le bon sens pour la promotion de l'album, on en est assez content.

Pouvez-vous parler du concept et des thèmes de l'album ?

Emmanuel : On suit l'errance post mortem d'un personnage qui revit des étapes de sa vie, cette errance se déroule le long de cinq rives imaginaires, la rive Est, la Rive Ouest, la rive Nord, la rive Sud et la rive centrale, qui correspond à une sorte d'océan intérieur.

Ces cinq étapes sont elles-mêmes divisées en un total de huit titres, pourquoi cela ?

Emmanuel : C'est d'abord pour une question de rythme, cela permet de marquer une étape au sein d'une partie. Dans l'idéal, on aimerait faire des morceaux fleuves, voire même un album qui soit sur une seule piste, mais on a pris l'habitude de casser les morceaux en parties, ça permet d'aérer les albums et de marquer des étapes. On se retrouve plus facilement dans l'album.

D'où viennent vos samples ?

Gredin : Il y en a certains qu'on fait, et d'autres qu'on récupère. On va les chercher dans nos lectures, dans des interviews et des œuvres audio, d'autres viennent d'El Alba, un film que fait Manu.

A propos de ce film, les images de la pochette viennent de ce film, pouvez vous nous en parler ?

Emmanuel : C'est un film réalisé en autoproduction avec des amis en Bolivie. On est parti deux fois deux mois avec des passionnés de cinéma et des amis comédiens. Le montage est fini, il faut encore réaliser l'étalonage. Encore une fois, c'est une histoire d'errance d'un personnage sur ses terres natales, où il va aller à la rencontre des fantômes de son passé. Ce sont des thématiques très proches de celles de l'album, c'est pour ça qu'on a utilisé des samples de ce film dans l'album. En effet, la composition de l'album s'est nourrie des expériences qu'on a eues pendant ce tournage là. J'espère pouvoir le sortir d'ici la fin de l'année ou l'année prochaine, mais c'est plus compliqué de sortir des films que de la musique…

Il y a ce film, "Gehenne" et "Tio" chantés en Espagnol... Vous avez un rapport particulier avec la Bolivie ?

Emmanuel : En effet j'ai vécu là-bas pendant sept ans quand j'étais plus jeune et j'y suis retourné quasiment tous les ans depuis. C'est là bas que j'ai construit mon rapport à la création, à l'art. Les paysages et la culture que j'ai rencontrés là-bas m'ont marqué. C'est un pays qui m'attire beaucoup, très hostile, cassé, baroque, plein de contradictions, comme notre musique, et ça a été naturel pour moi de chanter en espagnol. C'est une langue que j'aime, très musicale, et un morceau comme "Tio", je me voyais mal l'interpréter en français ou en anglais. C'est très brut, très pur, il n'y pas d'artifices ni de samples.

Et quels ont été les retours du public ?

Gredin : Jusqu'ici c'est génial, on est super content parce que l'album a mis très longtemps à sortir, on a eu beaucoup de soucis de post production et pendant tout ce temps, on s'est stressé et on a beaucoup douté. Après, on fait ce qu'on veut, la musique qu'on aime, mais on a quand même envie que ça plaise…

Emmanuel : Et le fait que l'album sorte en retard a créé une expectative plus grande encore…

Gredin : Mais du coup les retours positifs sont super rassurants, tout ce stress accumulé a explosé en joie.

Même côté critique, les retours sont unanimes…

Gredin : Oui, la plus grosse critique qu'on nous adresse, c'est de faire du Hypno5e ! (rires)

A propos de critique, est-ce que celle-ci a un impact sur vous ?

Emmanuel : En amont, ça n'a pas d'impact sur la manière dont on compose, mais après coup, ça apporte une sorte de certification à notre musique, ça nous permet d'arriver sur scène avec une certaine confiance.

En parlant de scène, vous êtes passés par la grande scène de la Maison des étudiants fin 2014, mais aussi la Altar du Hellfest en 2015 et là, vous vous retrouvez dans ce petit café, intimiste…

Emmanuel : Haha, c'est une date de dernière minute pour remplacer Hacride, on était de passage sur Paris et là, ce n'était pas loin, ça reste avant tout un plaisir de jouer !

Gredin : Du coup on pensait tester un nouveau système de projection, mais ça ne rentre pas…

Et vous avec joué à l'Euroblast, quel est votre ressenti sur ce festival et la scène djent en général ?

Gredin : On a fait les trois derniers. Le dernier (le onze) ne s'est pas très bien passé pour nous à cause de problèmes de son, mais sinon, c'est un festival très familial et comment dire… si c'est génial ! il y a pleins de groupes vraiment bons et ce n'est que de la nouveauté, mis à part les têtes d'affiche.

Emmanuel : C'est vrai que ça fait très "rendez-vous de famille", c'est marrant. Nos deux premières fois ont été très cool, après les problèmes de son de la dernière édition nous ont un peu gâché la fête.

Gredin : Mais pour moi ça reste un des meilleurs festivals en Europe, ils osent aller chercher la nouveauté. Les groupes qui ne marchent pas, ils vont les chercher quand même ! Justement, j'étais chez celle qui s'occupe de la programmation la semaine dernière et elle m'a montré ce qu'elle écoute tous les jours, c'est impressionnant tout ce qu'elle peut écouter ! C'est un travail énorme ! Pour ce qui est du djent, on a du mal à s'y identifier, parce que… on n'a pas voulu faire du djent.

Emmanuel : Oui on est parfois assimilé à ça et je ne comprends pas trop. Par contre c'est un terreau pour la recherche qui est assez intéressant, mais parfois il y a un peu trop de branlette quand même.

Gredin : Parfois les gens nous comparent à Meshuggah et Cynic, et je ne vois vraiment pas le rapport. D'un côté, Meshuggah, ils sont strictement rythmiques, et de l'autre côté Cynic… Wow, c'est beaucoup trop perché pour nous. Mais pour en revenir au Djent, ce qui est bien c'est que les bons groupes sont vraiment très bons et ont un son bien à eux. Pour moi ça reste du progressif.

Pour finir, quels, albums vous ont botté le cul récemment ?

Gredin : alors il y a l'album de Nechochwen, un groupe de Black Metal d'indiens natifs américains. Leur Metal comporte des sonorités indiennes : tambourins, flûtes, pleins d'instruments traditionnels indiens, c'est très chouette.

Emmanuel : Pour ma part, j'écoute très peu de metal, je n'ai pas d'album complet chez moi…

Gredin : Même moi, je me suis remis au metal il y a un an peut être, et c'est Vildhjarta qui m'a redonné envie d'écouter du metal !

Merci à vous pour cette interview, je vous laisse le mot de la fin :

Emmanuel : On a sorti notre album vendredi dernier et on va beaucoup tourner, alors venez nous voir, les morceaux prendront toute leur force en live !