Groupe:

Delta Tea

Date:

11 Avril 2020

Interviewer:

Didier

Interview Delta Tea

Bonjour à vous, pouvez-vous présenter le groupe Delta Tea à nos lecteurs ?

Delta tea est un jeune groupe français de rock progressif instrumental. L’étiquette qu’on a choisi pour nous définir est le rock progressif car il permet d’englober ce qui fait l’essence de Delta Tea, à savoir un spectre d’influences qui s’étend de la musique de film au jazz tout en passant par le metal.

D’abord pourquoi ce nom de groupe ?

Delta Tea est un nom qui fait directement référence à notre thème et l'approche du spectacle que nous voulons donner à notre public, celle liée à l'immersion. Nous proposons des histoires faites de rebondissements et de mondes à découvrir. Delta “T” en physique, représente un intervalle de temps et nous sommes attachés à l'idée que le temps peut se mettre en pause lorsque cette immersion est grande et totale, ce que nous souhaitons partager avec notre public. Il y a aussi ce clin d'oeil à l'heure du thé de "Alice au pays des merveilles", où le moment est tellement bon à vivre qu'on en perd la notion du temps.

Et quelles sont vos principales influences musicales ?

Il est parfois difficile de définir quels sont les sources d’influences majoritaires tant elles sont diverses mais pour donner une liste qui nous semble avoir influencé notre musique dans cet EP : Pink Floyd, Deep Purple, John Williams, Haken, Chick Corea...

Vous œuvrez dans un style que l’on va appeler Metal progressif instrumental, pourquoi ce choix instrumental, vous n’avez pas trouvé de chanteur à la hauteur ou bien :-) ?

Pour vous raconter ce qu'il s'est passé sur le sujet, initialement Clovis et Antoine, à la création du groupe, souhaitaient du chant, c’est pourquoi lors de l’élaboration des premières maquettes on avait prévu la place pour le chant. Par la suite, nous avons rencontré Kilian (batterie) et Oscar (basse) qui ont rejoints le groupe, nous avons continué les recherches de chants et avons fait quelques répétitions avec différents chanteurs et chanteuses. Cependant, au fil de l'eau, quelque chose ne fonctionnait pas, on s’est rendu compte que ce que nous voulions raconter avec notre musique ne nécessitait pas de chant et le fait de se “forcer” à vouloir y ajouter du chant semblait alors contre-productif. Nous avons donc mis cela de côté pour avancer dans nos compositions sans se contraindre de laisser de la place pour du chant, et au final, nous sommes contents d’avoir fait ce choix pour cet EP.

Vous sortez un EP cinq titres prénommé The Chessboard, est-ce votre première réalisation et pourquoi ce titre ?

C'est notre première réalisation, nous avons d'autres compositions qui ne sont pas intégrées à un autre EP ou album, celui-ci est bien le premier de notre projet. Le titre est évocateur de l'histoire qu'elle conte et celle-ci s'oriente à travers une épopée de science-fiction menant notre protagoniste dans une réalité où l'histoire de la Terre et de l'humanité n'est pas celle que l'on connaît, The Chessboard (signifiant l'échiquier) et par sa forme de matrice, représente le “terrain de jeu” de cette épopée.

Comment travaillez-vous au niveau composition ? Fixez-vous un thème, une direction de départ ?

De manière générale, nos morceaux se construisent en plusieurs étapes : une première ébauche de maquette sous la forme d’un riff, d’une mélodie, d’une ambiance. Souvent à cette étape on essaye d’y associer l’idée d’un fragment de notre histoire qui servira de guide lors des étapes suivantes de composition. Ensuite à partir de cette première ébauche, on va la confronter à notre ressenti en salle de répétition tous ensemble afin de voir “où” peut nous mener cette idée. Généralement, une fois la répète terminée on essaie, chacun de notre côté, d’avoir un oeil nouveau sur ce qu’on a pu créer ensemble et on répète le processus jusqu'à obtenir quelque chose qui nous fasse vibrer ! Et, pour terminer, on arrange le morceau en y ajoutant des éléments évocateurs nécessaires à la transmission de l’histoire qu’on veut lui associer, ça peut être des samples ou bien des constructions rythmiques ou mélodiques particulières.

Comment décidez-vous des titres des morceaux quand il n’y a pas de paroles ?

Paradoxalement, les titres des morceaux nous apparaissent souvent comme une évidence. Ceux-ci sont tous reliés à travers une histoire et évoquent donc chacun un acte précis, il nous suffit alors de trouver le mot qui représente au mieux ce fragment d’histoire.

Peut-on parler de concept EP, y a t-il un thème global ?

OUI ! Et au-delà d'un concept d'EP seul à lui-même, celui-ci ouvre les portes d'une histoire que nous souhaitons raconter à travers notre musique et que nous ouvrons avec ce premier EP.

Je suis assez fan de musique instrumentale, je trouve ça posé et reposant, j’arrive facilement à l’écouter en travaillant, je trouve que souvent les mélodies sont très soignées pour palier au manque de mélodies vocales. Vous nous avez gâtés sur cet EP question mélodies, comment travaillez-vous ça ?

Mis à part le côté qui peut paraître technique par moments, nous travaillons nos mélodies pour que celles-ci soient relativement simples et qu'elles puissent donner une identité palpable au morceau tout en nous laissant la liberté d'exploiter cette mélodie sous différents angles. Nous trouvons intéressant d'avoir une mélodie aussi belle que simple et de pouvoir s'en servir dans différents tons, c’est une approche similaire à la musique à l'image qui est celle d'avoir un thème (une mélodie) pour un personnage, une planète, un événement... c’est un outil narratif fort qui nous est utile pour accompagner l’auditeur dans le déroulé de notre EP. Il y a aussi ce procédé très utilisé dans le Jazz qui est celui de broder autour une mélodie avant de la donner complètement aux auditeurs, ce que nous aimons faire également.

En outre, vous êtes tous de sacrés musiciens, quels ont été vos parcours musicaux respectifs ?

Merci pour le compliment, pour chaque membre du groupe voici les quelques expériences : Oscar (basse) : Oscar a eu l’occasion de jouer dans de nombreux projets dans un spectre Blues/Hard Rock et notamment dans le groupe Wizzö. Kilian (batterie) : Delta Tea a été le premier projet à proprement parler de Killian, son approche de la batterie était alors très influencée par la musique Rock-Metal progressive en général (Dream Theater, Rush). Depuis, son rôle de batteur a été repris par Julien (batteur Jazz de formation) qui nous a rejoints depuis peu et avec qui nous avions fait la release de notre EP en février dernier et avec lequel nous sommes déjà en train de travailler sur la suite. Clovis (guitariste) : de base plutôt issu de l’univers métal, Clovis a fait ses premières armes avec le groupe Din Beneficient (Nu-Metal). Et beaucoup de guitare de chambre, cet espace de composition que de nombreux musiciens connaissent, les premières maquettes et nombreuses expérimentations (électroniques et Metal pour la plupart) se font avec le temps. Antoine (pianiste) : quelques expériences dans des groupes aux influences diverses dont Amethyst (Jazz Fusion) et Gayason (Reggae). C'est également sur des projets de composition qu'Antoine a eu ses expériences, quelques bandes-sons de jeux vidéos et de petits courts-métrages d'animation l'ont amené à aborder avec plus de facilité la musique “en image”.

Est-ce que certains d’entre vous ont des projets musicaux parallèles ?

Oui, voilà le topo !

Oscar : Reverend Redlocke (Blues/Southern Rock)

Julien : Fringale (Rock festif aux arômes celtiques)

Clovis : Delta Tea only ! (et c’est déjà pas mal !). Mais comme j’aime toujours expérimenter, je m’amuse avec l'électronique et ma guitare dans un projet plus personnel (Ōath).

Antoine : Delta Tea comme unique projet, il m'arrive de participer à d’autres choses musicalement, qui sont toujours de riches expériences à mon sens ou parfois de rejoindre un ancien projet pour un concert.

Il y a un morceau, Until Dust, de neuf minutes quarante-six, c’est assez classique dans le style progressif, vous pouvez nous expliquer comment sont composées de si longues pièces ? Sont-elles enregistrées d’une traite en studio ?

Until Dust a été composé directement après avoir pris la décision définitive de continuer le projet en instrumental et nous pensons que cela peut expliquer sa structure particulière. Until Dust est notre morceau le plus “ambitieux” car toutes les parties résoluments orchestrales ont été peaufinées en arrangements hors du studio. Il a donc été nécessaire d'enregistrer le squelette du morceau en live en se laissant la place de rajouter l’orchestration après l’enregistrement. Comme il y a beaucoup de changements de tempo et que certains passages orchestraux sont complètement hors du temps, on a simplifié l'enregistrement en s’accordant de le faire en plusieurs prises évidemment.

Vous êtes-vous auto-produits pour cet EP ?

Nous avons pu produire cet EP en partie à l’aide d’un financement participatif, durant fin 2019 (après l’enregistrement) c’est nos amis, familles ou autres connaissances et premiers fans qui ont au final produit cet EP ! C’était une expérience très enrichissante humainement.

Etes-vous à la recherche d’un label ? Est-ce que c’est encore quelque chose que les jeunes groupes recherchent aujourd’hui ?

Nous ne sommes pas nécessairement en recherche active d’un label, on a eu quelques propositions mais pour l’instant on s’est dit que démarrer notre premier EP en solo complet pouvait être une bonne expérience pour nous. Avoir un label n’est peut-être pas aussi nécessaire que ça pouvait l'être il y a quelques années, notamment parce que tous les outils de communication et de distribution sont plus facilement accessible, néanmoins ça permet d’avoir un regard extérieur critique et professionnel qui peut être très utile pour développer son projet musical.

On comprend sur cet EP que vous assurez musicalement en studio mais est-ce que Delta Tea est aussi un groupe de scène ?

Nous adorons la scène et oui, nous sommes aussi un groupe de scène, nous avons enregistré cet EP en mode “live”, c’est à dire que l’on tente de retrouver l'énergie d’un live pour un enregistrement, cela nous a été conseillé par notre proche public et les aides de coaching que nous avions l’année dernière. On se permet aussi quelques fantaisies en live qui viennent étoffer les morceaux, c’est aussi une façon de faire redécouvrir nos morceaux en live par rapport à la version studio et c’est toujours un plaisir de le partager sur scène. Mais pour vous en rendre compte y’a qu’une solution : venez nous voir sur scène, on vous embarquera pour faire un voyage musical avec nous !

Avec le confinement actuel, pas facile, je suppose, de faire de la promo de votre EP ? Aviez-vous des dates prévues qui ont été annulées ?

Effectivement, ça induit quelques complications et nos dates prévues ont été annulées sur les prochains mois. On devait, entre-autres, aller jouer à l’international avec Synapse et Carmen Sea (ce concert a été reporté au 6 octobre). On devait aussi faire la première partie de Wishbone Ash au Forum de Vauréal en mai. Quelques autres dates à Cergy, Eragny et Cormeilles ont également été annulées mais ce n’est que partie remise. Une fois cette époque trouble passée, on pourra remettre le couvert !

Quelle est la suite du programme pour Delta Tea ?

Nous prévoyons de sortir des clips sur quelques pistes de cet EP pour donner une forme imagée que nous n'avons pas encore beaucoup exploitée jusqu'ici. C’est nouveau pour nous et on s’efforce d'observer ce qui se fait dans la réalisation (on regarde beaucoup de films car c’est aussi l’approche que l’on veut avoir) pour accompagner nos musiques de la meilleure des façons. Nous travaillons également déjà sur la suite directe de cet EP, il y aura un peu d'attente supplémentaire avec l'événement que nous vivons mais on ne s'est pas arrêtés, au contraire.

Je vous remercie et vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs…

Merci également ! Ecoutez de la musique, lavez-vous les mains. Et que la santé soit avec vous !

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