I N T E R V I E W

Interview Tobias Sammet

Avant d’évoquer le sujet des deux albums à venir, jetons juste un petit coup d’œil à 2008, à l’enregistrement de "The Scarecrow". Vous avez vendu beaucoup d’exemplaires de cet album en Europe. Es-tu surpris par ce succès ? Et est-ce ce succès qui t’a persuadé de continuer l’aventure d’Avantasia ?

La chose la plus importante est que "The Sacrecrow" est en réalité deux albums, "The Scarecrow" et The Scarecrow partie deux. Nous avions déjà écrit la deuxième partie avant même d’enregistrer la partie une nous avions quelques unes des bases pour la partie deux, donc nous avons juste dit : « Ok, finissons le premier jet pour la dernière chanson, ensuite nous mettrons de coté "The Scarecrow" et nous reviendrons aux choses que nous aurons à changer et nous finirons le reste du matériel ». Donc la décision de continuer n’avait rien à voir avec le succès de "The Scarecrow", c’est clair. Le fait est, que ce n’est pas vrai parce que par « chance », nous ne sommes pas revenus en studio pour finir le reste de ce qui était supposé devenir The Scarecrow partie deux. J’avais encore plus d’idées, mais j’ai dit : « Ok, nous gardons quatorze pistes, quinze, vingt pistes … » encore et encore plus, et à la fin nous avons réalisés : « Yeah, deux albums » et pas deux petits albums ! C'était plus q’un double album normal. Je ne pouvais pas prédire le succès de ces deux albums. Nous avons juste vu, "oh, nous sommes dans le top dix en Allemagne", "oh, nous sommes aussi dans le top dix en Suède"…

Oui, j’ai vu que c’était le cas dans beaucoup de pays !

Non ! Dans quelques pays, par exemple être à la télévision musicale en Allemagne, c’est amusant et bien mais c’est vraiment étrange !

Tu as eu l’opportunité de faire quelques très bons shows en 2008 avec Avantasia. J’étais au premier rang au Wacken pour le show de Avantasia, juste en face de vous, cela restera un très bon moment de cette édition dans mon esprit, même si le micro de Jorn Lande a eu un petit problème. Quels sont tes souvenirs avec Avantasia en tournée, maintenant que vous avez achevé cette tournée ?

De très bons souvenirs, parce que, je me rappelle le premier concert qui était en Suisse, juste avant le show je me demandais : « Pourquoi as-tu été d’accord pour faire ça ? ». Et j’étais si nerveux, nous étions tous en scène, Andre Matos, Jorn Lande … Et nous nous demandions les uns aux autres : « Te sens-tu bien ? ». Tout le monde était là si innocemment comme dans un dessin animé, comme dans un film comique, donc depuis ce concert, chaque show était bien, nous nous sommes tellement amusés, définitivement je n’ai que de bons souvenirs ! Pour le Wacken Open Air, je me rappelle le problème avec le micro de Jorn parce que le micro était ouvert, nous pouvions l’entendre sur scène, nous ne pouvions pas savoir qu’il y avait un problème ! Mais nous nous sommes bien amusés et Jorn aussi. Donc, même si c'est un peu triste, si nous aimerions refaire une tournée et je ne sais pas si nous en referons, c’est très dur car nous n’avons pas vraiment d’équipe donc je ne pense pas que ça serait bon maintenant, mais personne ne peut savoir ce qui arrivera dans le futur, peut être lors du prochain enregistrement.

 Je pense que ici il s’est passé la même chose que pour "Lost in Space" et "The Scarecrow", tu as produit une, deux, trois et encore et encore plus de chansons. Ce n’est pas possible pour toi de choisir entre les chansons que tu écris pour au final ne faire qu’un seul album ?

Je peux ! Si je n’avais pas choisi nous aurions peut-être quatre albums !!!! (Rires) J’ai réellement choisi ! J’avais déjà supprimé les choses qui étaient mauvaises, ce ne sont que les bonnes !

D’accord, donc tu es très productif ?

Je ne suis pas exactement le contraire de paresseux ! (rires) Parfois je suis créatif, parfois je ne le suis pas ! Parfois je peux ne rien écrire pendant six semaines, parfois c’est deux en deux jours. Tu ne peux pas réellement savoir, tu sais … L’inspiration est vraiment une chose étrange, parfois elle te donne beaucoup de choses et parfois elle dit : « Fuck you » ! Tu ne peux pas vraiment prévoir.

Avantasia est pour toi un projet solo. Sur ces deux albums, Sascha Paeth joue toujours de la guitare pour toi, il semble être une personne très talentueuse, mais tous les autres musiciens sont différents. Quelques grands noms du metal sont avec toi sur ces albums, c’est très impressionnant ! Avec qui as-tu préféré travailler ? Peut-être quelques petites histoires sur l’enregistrement ?

Oui, oui, c’est très amusant de travailler avec des mecs comme Jorn. Et je dois dire que c’était très bien de travailler avec tout le monde. Ce n’est pas une blague pour sonner politiquement correct ; c’était vraiment génial d’avoir tout le monde en studio. Tu sais, ce qui est réellement impressionnant pour moi c'est d’avoir eu Klaus Meine sur ces albums parce que c’est juste une super, super, grande superstar. J’avais toujours le sentiment que c’était un de mes amis, nous buvions une bière et parlions ensemble, comme des amis. Parfois il restait en dehors mais là, il n’y a eu aucun problème. Tu te sens vraiment accepté par le groupe, Klaus était si … Il a dit oui immédiatement ! "C’est une bonne chanson, je vais la faire !" Et lorsque que j’ai parlé du projet de vidéo , il a dit allons-y , mais j’ai dit : « Non, tu as le nouvel album de Scorpions à faire, tu dois faire pas mal de choses , tu dois rencontrer Vladimir Poutine (rires), non, non … » Mais il l’a faite !

D’accord, quand tu écris un titre par exemple pour ces deux albums, quel est le processus qui te fait penser a un musicien ou a un chanteur pour apparaitre dans cette chanson ? Parce que j’ai noté pendant l’écoute, que chaque chanteur correspond parfaitement à sa chanson. Je pense a Tim Owens qui chante avec une attaque très thrash sur le titre "Scales of Justice" ou même Jorn et Russell sur "The Wicked Symphony" avec ce titre très symphonique. Ou encore Jon Oliva sur la très étrange "Death is just a feeling" ! C’est génial de voir à quel point chaque chanson correspond à chaque chanteur.

C’est génial pour moi aussi !!! (Rires) Pour les chanteurs, c'est l'instinct je pense que c’est l’instinct…

Mais quand tu as une idée, tu dis : « Toi, tu viens chanter avec moi !" ?

Non, non ! (rires) Premièrement ce n’est pas :"Toi, tu viens chanter avec moi", c’est : « S’il te plait, si tu veux bien, peux-tu chanter avec moi ? » Je pense que les cas de "Death is just a feeling" et "Scales of Justice" sont assez similaires, j’ai écrit ces chansons, sans penser à un chanteur en particulier. Je savais par exemple que pour la chanson "Death is just a feeling", j’avais en tête la créature qui devrait interpréter ce titre ! C’était quelqu'un qui devrait ressembler à un mix de Charlie et la chocolaterie et de Alice Cooper, comme un mélange entre Alice Cooper et Johnny Depp.

Oui ! Mais la voix de Jon Oliva sonne comme celle d’Alice Cooper ! Lorsque nous avons entendu la chanson, nous avons tous les deux dit que c'était Alice Cooper !

Tu sais, j’avais la chanson prête et je devais immédiatement trouver quelqu’un ! J’avais le titre "Scales of Justice" prêt et là, j’avais besoin d’une voix spéciale, et j’ai pensé : « Quel chanteur pourrait chanter ça ? » et ensuite j’ai pensé : « Ca doit être quelqu’un comme Rob Halford ! ». Mais j’ai pensé au live Meltdown...

Oui, le live de Judas Priest !

Oui, oui, j’apprécie Judas Priest, mais je ne suis pas exactement un grand fan, c'est bien, c'est un bon groupe. Donc, j’étais réellement dans… Je me suis souvenu que j’avais entendu une des versions de "Metal Gods" avec Tim « Ripper » Owens et je me suis souvenu que ce chanteur avait une voix similaire. Et j’ai tout de suite pensé que pour cette chanson, c’était ce chanteur qu'il me fallait ! Et avec Jon Oliva, la chanson avait besoin d’une voix dramatique et tragique, j’avais besoin d’une voix Alice cooperish ! Mais cette chanson était la réincarnation de ce que la mort d’Alice Cooper serait, donc je ne pouvais pas prendre Alice encore ! J’ai très sérieusement considéré de faire rechanter Alice mais ensuite j’ai pensé que ça n’irait pas parce que c’était un nouveau personnage ! Donc, je me suis dis : « Je vais demander à Jon ! ». Je l’ai rencontré il y a trois ou quatre ans en Espagne, nous étions bloqués tous les deux dans un aéroport et le vol était annulé, retardé, retardé, retardé… Donc, nous étions dans un petit aéroport ensemble et c'était Halloween, moi, mon équipe et Jon Oliva, bloqués dans un aéroport ! (Rires)

Vous auriez pu faire un concert dans l’aéroport ! Oui, tu devrais faire un film, ça a l’air d’être une situation très drôle et dramatique !

Ca l’était, ça l’était ! Je me rappelle que Jon disait : « Mon dieu, jamais l’Espagne, plus jamais… ». Il était si amusant comme ça ! Donc, je me suis souvenu de lui et j’ai dit « C’est la voix ! ». J’ai dit a Jon que j’avais un projet pour lui, il a écouté et a répondu « Je peux vraiment penser que cette chanson a été écrite pour moi ». Hey, cool, peut-être, peut-être qu’elle l’a été ( rires)

Avantasia n’a fait qu’une seule tournée en 2008 ; c’est très étrange parce qu’Avantasia a été fondé en 1999 ! Ma question est : pourquoi est-il si dur de projeter une tournée pour Avantasia ? Pourquoi faites-vous si peu de concerts ?

Oh ! Tu sais, c’est vraiment dur à organiser et ensuite sur certains points nous… J’ai toujours dis non, parce que je ne veux pas penser à ça !Mais, il y a deux ans, on m’a proposé d’être une des têtes d’affiches du Wacken Open Air et j’ai dit NON, c’est mort ! Ils ont dit : « Mais le Wacken c’est trois nuits, et tu n’auras qu'à jouer une nuit ! ». Finalement le staff m’a persuadé et j’ai dit oui ! Donc, j’ai parlé à Jorn Lande , j’ai parlé à Sascha Paeth… J'ai dit à Sascha : « Nous pouvons avoir la tête d’affiche du Wacken, nous pouvons jouer devant plus de cent mille personnes, c’est le plus grand festival de metal au monde, nous avons cette chance et nous devons le faire ! » et il a répondu : « Oui , allons sur scène ensemble » , Sascha n’avait pas été sur scène depuis longtemps. Et tout le monde a dit oui ! C’était dur à organiser parce que je me rappelle que chacun avait du travail ! Eric (Singer) avait une tournée avec Kiss en même temps, mais il l’a fait ! Mais je me suis dit que c’était ma seule chance de faire la tête d’affiche du plus gros festival heavy metal du ce monde, et chaque musicien rêve de ça! Le noir et après, les lumières de la scène, la foule avec ces mains en l’air … Tu sais après le concert, un journaliste d’un journal local m’a demandé de dire un seul mot en allemand pour ce concert, j’ai répondu : « Unglaubich » , incroyable , incroyable !

Allons maintenant vers les nouveaux albums. Sur la chanson "The Wicked Symphony" tu fais chanter ensemble Russell Allen et Jorn Lande. Je me demande si tu as écouté les albums que Jorn et Russell ont fait ensemble et si ce sont ces albums qui t’ont donné l’idée de les faire se rencontrer sur cette chanson ?

Tu sais, Jorn avait déjà chanté sur "The Scarecrow" et Russell est une personne très spéciale, je le connais depuis quelques temps, nous nous sommes rencontrés lors d’un concert à New York, il était très très saoul ! Russell peut vraiment, vraiment être saoul, et il a dit : « Hey, Tob, nous devrions travailler ensemble un jour ! »

C’est curieux car Russell Allen semble être quelqu’un de très sérieux !

(rires) Quoi, un mec sérieux !!!! Whouuuu !!! (Rires) Il est drôle, il est vraiment amusant ! Pour "The Scarecrow", j’avais Jorn Lande, j’avais Alice Cooper, j’avais ce type et ce type, donc j’ai dit à Russel que ce n’était pas le moment. J’ai écouté le travail de Jorn et de Russel j’aime bien, c’est bien !

Pour revenir sur ces albums, allez-vous faire une édition de luxe pour eux ?

Oui, mais pas un double album parce que je n’aime pas ça. Ca sera plutôt deux albums avec deux covers différentes. Nous devrions faire un pack, cependant pas au prix habituel d’un double album, mais je ne suis pas sûr c’est toujours en discussion ! Mais dans le cas où ils le feraient à un prix élevé, nous ferons une boîte spéciale et un livre et ce serait une boite en dur ! Mais je préfèrerais que ce ne soit pas cher !

Pour conclure, j’ai deux questions très dures pour toi. Premièrement quel est ton meilleur souvenir de concert ? Avec Avantasia ou Edguy ?

Je pense que c’est avec Edguy, parce que c’est génial de pouvoir aller sur scène avec eux, d’être accepté dans le groupe, de travailler dans les coulisses, d’être avec eux partout… Il n’y a pas de moment en particulier, mais être avec eux c’est si magique, ces mecs sont vraiment bien. C’est vraiment une excellente expérience ! Mais lorsque nous sommes allés sur scène au Wacken avec Avantasia et que j’ai vu toutes les mains des gens, j’ai commencé à pleurer et j’étais sûr que je ne pourrais pas m’arrêter de pleurer. C’était un set si court, mais si émouvant, quand nous sommes arrivés à la dernière chanson, j’ai entendu la foule bouger si fort, tout le monde était là...

La dernière question, peut être la plus difficile, as-tu une chanson favorite sur ces deux albums ?

Je ne peux pas vraiment dire, parce que cela change chaque jour. Pour le moment c’est "Runaway Train" mais ça pourra en être une autre demain …