I N T E R V I E W
Magna Carta existe depuis 1989. Nous avons commencé à sortir des CDs au niveau mondial en 1991, le temps de nous organiser et de régler tous les détails.
Depuis, nous concentrons nos efforts à sortir la meilleure musique possible jouée par les meilleurs musiciens que nous puissions trouver.
Je m'occupais d'artistes depuis un bon moment. J'ai fait signer pas mal de groupes auprès de majors depuis la fin des années 70 jusqu'au début des années 90.
Mike venait de démarrer Shrapnel Records au début des années 80 quand il m'a contacté pour me demander si je voulais bien laisser un de mes groupes figurer sur son premier album.
J'ai aimé travailler avec lui car je trouvais qu'il était très enthousiaste dans ce qu'il faisait.
Nous sommes devenus amis et je suis toujours resté disponible pour lui, pour toutes les questions qu'il aurait.
A la base, je lui ai suggéré le concept de Magna Carta comme quelque chose qu'il souhaiterait faire. Il m'a demandé pourquoi je ne le montais pas moi-même. Sincèrement, je n'avais jamais pensé à faire quelque chose pour moi-même jusque là. C'est comme ça qu'est venue l'idée. Et un peu plus tard, il m'a demandé si je serais d'accord pour le prendre en tant que partenaire dans l'affaire. C'est comme ça que nous avons débuté.
Je pense que Mike a été un personnage important dans la recherche des grands talents guitaristiques. Il n'obtient certainement pas le respect et la reconnaissance qu'il mérite. La presse est parfois injuste et je pense que Mike en est la victime.
Honnêtement, j'ai de telles influences diverses et non communes que ça n'aurait même pas de sens de les nommer. J'aime juste les bons morceaux et la façon de les jouer quand elle est expressive. C'est l'unique réponse.
Risqué n'est certainement pas le bon mot. Fou correpond plus à la réalité.
Les choses fonctionnent par cycles. A certains moments, certains types de musique sont plus populaires qu'à d'autres.
Il faut juste espérer que si ce que nous faisons n'est pas populaire à un moment donné, il y ait tout de même assez de gens pour supporter le talent musical de qualité.
Et parfois, on est surpris et il peut y avoir plus de gens intéressés à ce style que prévus.
Cela dépend beaucoup des individus concernés. Si quelqu'un plein de talent montre qu'il est prêt à travailler très dur et qu'il est ouvert aux suggestions pour accroitre son public, alors c'est typiquement le genre de personne avec qui nous souhaitons travailler.
Hugo (ANTHROPIA) semble si sincère dans sa détermination de faire de la bonne musique et de la faire connaître à beaucoup de monde.
Lui et sa manager, Barbara Lysiak, ont constitué une super équipe et notre collaboration a été excellente.
Nous avons travaillé avec les musiciens les plus impressionnants de la planète. Et si j'ai manqué quelqu'un, alors je souhaite qu'il ou qu'elle m'appelle car je veux vraiment bosser avec les meilleurs.
Mais les critères pour travailler avec quelqu'un sont très évidents. S'ils sont bons et intéressés à être créatifs sans être obsédés par les aspects commerciaux, alors il y a une bonne probabilité pour que nous souhaitions faire un album avec eux.
Je connaissais John Petrucci avant même qu'ils appellent le groupe Dream Theater. Je l'ai donc connu avant et après qu'il devienne connu, ainsi qu'au cours de toutes les phases intermédiaires.
Des personnes comme Terry Bozzio et Billy Sheehan étaient déjà connues quand nous avons commencé à bosser avec eux.
Mais, généralement, les musiciens connus viennent voir Magna Carta pour des projets qu'ils n'auraient pas pu faire d'un point de vue créatif.
Et, bien évidemment, certains musiciens avec qui nous travaillons augmentent leur notoriété grâce au travail qu'ils ont fait pour nous.
Et puis il y a d'autres cas, par exemple celui de Steve Stevens qui gagne de nouveaux fans bien qu'il ait été connu avant même de travailler avec Magna Carta.
C'est une question amusante car parfois je me la pose. Ce n'est pas toujours facile.
Parfois, comme je suis dans ce business depuis un bon moment, j'ai les "relations" qui me permettent de rentrer en relation.
Mais parfois, je dois trouver un moyen de rentrer en contact avec eux, de les appeler et de dire "Bonjour. Vous ne me connaissez pas mais..."
Oui, quand j'ai parcouru tous ces CDs pour trouver les morceaux pour cet album, j'hallucinais de voir tous les musiciens avec qui nous avons travaillé au cours des années et l'excellente musique que nous avons sortie.
J'ai pris les morceaux et je voulais m'assurer de choisir ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes et le maximum d'efforts pour nous.
J'ai aussi essayé de m'assurer que la sélection couvrait toute la période historique du label, je voulais également que les morceaux soient complémentaires les uns des autres.
Je devais aussi m'assurer que toute cette musique tienne sur un CD.
Et bien, si ce CD peut faire connaitre aux nouveaux auditeurs les autres titres de Magna Carta, ce serait super.
Les compilations sont durs à vendre. Personne n'est jamais sûr de ce qu'elles sont.
Mais je pense que celle-ci conviendra à tous les musiciens, fans de hard rock, de metal, de rock classique. Tous les types de fans de musique, vraiment.
On ne ferait certainement pas un bon job avec quelque chose si nous ne comprenions pas vraiment la musique.
Mais nous avons un label parallèle appelé "Magnatude" qui sort de la musique qui n'est pas aussi heavy que la plupart des albums de Magna Carta. Ce label est branché par des éléments plus roots et plus jazz.
Nous avons des artistes comme Alex Skolnick, Oz Noy et un groupe de rock sudiste Tishamingo.
Comme je le mentionnais auparavant, j'ai été impressionné par leur talent, par la force d'engagement d'Hugo dans sa musique et par l'organisation business du manager du groupe.
OK, je vais juste citer quelques trucs rapidement. Il y a un album solo de Jordan Rudess sur lequel il rendra hommage à beaucoup de musique progressive classique dans sa propre interprétation.
Il y aura également quelques invités sur cet album.
Steve Stevens, l'excellent guitariste, fera aussi un album pour nous. Ces 2 albums devraient être prêts pour Septembre 2007.
Nous avons un excellent groupe de métal progressif italien dénommé Derdian. Ils sortiront un album concept à la fin de l'été.
Sur notre label Magnatude, nous aurons un projet spécial avec de bons musiciens de jazz : T Lavitz, Dave Weckl, John Patitucci (pas Petrucci) et Frank Gambale.
Ce sera un truc de dingue. Et il y a aussi d'autres choses intéressantes telles que des compilations de bonne musique tirée de nos releases de Shadow Gallery et de James LaBrie.
Je suis incapable de te donner les nombres exactes de ventes sur cet album en particulier mais il fait partie de nos meilleurs ventes. Cet album particulier a une histoire incroyable qui va avec.
Mais une fois encore, restons simples, les fans avaient le pouvoir entre leurs mains et ils voulaient voir l'album dans les magasins. Et comme les fans l'ont voulu, ça a marché.
Je ne sais pas trop quoi dire sur l'"industrie musicale" car j'ai arrêté de jouer à ce jeu il y a bien longtemps. C'est la raison pour laquelle j'ai créé Magna Carta.
Aux Etats-Unis, MTV ne passe presque pas de musique, il n'y a donc pas grand chose à dire à ce propos.
Mais quand cette chaine est arrivée à la télé au début des années 80, je l'ai probablement regardé 4-5 ans sans interruption.
Ils ont aidé le métal de temps à autres grâce à leurs émissions spécialisées. Mais pour l'essentiel, cette époque est révolue.
Mmm, c'est une question intéressante. C'est dur de tirer des conclusions sur le marché européen en général car chaque pays a ses propres différences culturelles.
Une nouvelle fois, c'est dur de faire une conclusion générale mais il est vrai que le public dans les concerts aux Etats-Unis a un autre type de relation avec les artistes qu'en Europe.
C'est peut-être une différence culturelle ou linguistique mais aux Etats-Unis, il semble que le public considère les groupes comme de bons potes. En Europe, dans certains cas, j'ai l'impression que le public les idolâtre plus. Mais j'ai horreur de faire de telles généralités.
Le téléchargement en général a tué le business de la musique tel que nous le connaissons.
Il est complètement différent maintenant et personne n'est plus sûr de la manière dont le mener. Si vous avez les réponses, faites-moi signe.
C'est très difficile de faire des prévisions dans l'avenir comme nous avions l'habitude de le faire.
C'est également très dur de mettre de l'argent dans des albums car le retour sur investissement est minime.
Ca deviendra un problème de plus en plus gros pour tous les labels dans le futur.
Il semble bien que ce soit les webzines indépendants qui fassent avancer le business de nos jours.
J'avais l'habitude d'avoir des artistes qui se sentaient insultés si nos distributeurs leur arrangeaient une interview avec un webzine.
Aujourd'hui, 95% de toute la presse générée vient des webzines. Du moins, dans le monde de Magna Carta, c'est comme ça que ça marche.
Merci de m'avoir donné l'opportunité de t'avoir parlé ainsi qu'à tes lecteurs.
|